Le virtuel facilite l’apprentissage de la taille de la vigne

Pour faire face à la difficulté croissante de trouver de la main-d’œuvre qualifiée à la taille, plusieurs solutions d’interfaces virtuelles d’apprentissage sont sur le point d’être lancées. Ces outils présentent l’avantage d’être opérationnels toute l’année, contrairement à la taille sur pied réel étalée sur quelques mois, et les erreurs de l’apprenant n’ont pas d’impact sur la santé de la vigne et sa production future. Ils s’adressent également aux tailleurs en vue d’améliorer leurs pratiques et de réduire les dépérissements de la vigne.

ReviVRe est un consortium mené par l’école d’ingénieurs de Purpan, WiDiD, une société toulousaine spécialisée dans la réalité virtuelle, Mimbus, spécialisée dans les outils de formation innovants, la Mêlée (association toulousaine autour du numérique), Felco et Avize Viti Campus. Bénéficiant de financements de l’État au travers des deux appels à projet Défi numérique et Compétences et métiers d’avenir, ce consortium a dévoilé au Sitevi une version bêta d’un simulateur de taille en réalité virtuelle.

Cet outil d’apprentissage se compose d’un casque de réalité virtuelle et de manettes, combinés à un ordinateur. L’utilisateur s’immerge et pratique virtuellement les gestes et techniques essentiels de la taille de la vigne. Une fois la taille du cep réalisée, il visualise en accéléré la progression de la croissance végétative, ainsi que celle de la grappe, afin de se rendre compte à l’échelle d’une saison de l’impact de la taille pratiquée. Un panneau indicateur résume également la pertinence du choix de taille : zones de coupe, choix d’entrenœuds, orientation de la lame, bourgeons préservés, etc. Grâce à ces indications, l’apprenant peut s’exercer sans l’accompagnement d’un enseignant. Le profil de la vigne change d’une fois sur l’autre, afin d’éviter que l’utilisateur ne s’accoutume qu’à quelques cas de figure.

Outre l’outil virtuel, le système d’apprentissage ReviVRe, qui sera opérationnel à la rentrée, se compose de plusieurs modules d’apprentissage en amont de la taille à proprement parler, comme l’identification des organes fructifères et végétatifs, la taille dans le respect les flux de sève, l’appropriation des différents modes de taille. Plusieurs types de taille sont déjà intégrés dans cet outil virtuel : cordon de Royat, gobelet, Chablis ou encore guyot.

Ciblant les écoles de viticulture, les centres de formation et/ou de réinsertion, cette solution comprend une partie matérielle, autour de 1 000 à 1 500 euros, et une partie logicielle (quelques milliers d’euros), dont le prix dépend du nombre de personnes formées. ReviVRe entend poursuivre le développement de l’outil, en intégrant d’autres conduites ou encore les travaux en vert. Une version arboriculture et une solution pour la maintenance des matériels agricoles sont également à l’étude.

Développé dans le cadre du programme Vinum (incluant le CEA, Studio Nyx, Hennessy), subventionné également via l’appel à projets Compétences et métiers d’avenir, Ampelos, récompensé d’or au Sitevi Innovation Awards, est une solution d’apprentissage en réalité virtuelle comprenant les mêmes types d’outils que ReviVRe. Elle s’en distingue par la présence d’une caméra 3D qui analyse la posture du tailleur : sur l’écran, l’opérateur se voit doté de surcouches qui indiquent par un code couleur (vert, orange, rouge) les zones du corps qui sont plus ou moins bien positionnées et pourraient, à long terme, engendrer des problèmes de TMS.

Dans cette solution, l’apprenant est épaulé par un enseignant. Il est également secondé par la technologie qui lui montre en surépaisseur les flux de sève en vue de le guider de ses choix de taille. Une visualisation en accéléré permet de découvrir les effets en termes de dessèchement au bout de quelques semaines. L’impact sur le rendement est encore en développement. Pour l’instant disponible en taille guyot, l’outil, qui sera en vente au printemps 2024, comprend également des vidéos informatives et tutorielles. Si aucun prix n’est annoncé avant sa commercialisation, il ne se veut « pas trop cher » en espérant s’adresser au plus grand nombre. D’autres évolutions comme l’épamprage et la gestion des maladies du bois sont à venir.