Pourquoi le pilotage TIM du tracteur par l’outil peine-t-il à se diffuser ?
La compatibilité TIM (Tractor Implement Management) des machines Isobus, reste conditionnée par l’ouverture des fonctions pilotables sur le tracteur. Seulement sept constructeurs ont pour l’instant obtenu la certification de l’AEF.
La compatibilité TIM (Tractor Implement Management) des machines Isobus, reste conditionnée par l’ouverture des fonctions pilotables sur le tracteur. Seulement sept constructeurs ont pour l’instant obtenu la certification de l’AEF.
En 2020, Krone était le premier constructeur à recevoir la certification TIM (Tractor Implement Management) par l’AEF (Agricultural Industry Electronics Foundation), organisation garante du développement de la norme Isobus, pour le pilotage de ses presses à balles rondes. D’autres marques ont depuis obtenu le précieux sésame sur des tracteurs et différents outils, mais l’offre reste pour l’instant relativement limitée. Concrètement, le TIM permet à l’outil de piloter certaines fonctions du tracteur de manière à optimiser son propre fonctionnement. En découle une automatisation très aboutie de l’ensemble tracteur-outil au profit du confort d’utilisation, de la régularité du travail et du maintien des performances, indépendamment de l’expérience ou de la fatigue du chauffeur.
Avant l’arrivée du TIM, des tractoristes comme John Deere ou New Holland proposaient déjà cette possibilité de communication bidirectionnelle entre le tracteur et l’outil, en utilisant notamment l’Isobus classe 3, mais en se limitant à des machines de leur propre marque. Les exemples les plus connus sont le Baler Automation des presses à balles rondes John Deere et l’intelliCruise des presses à balles rondes et carrées New Holland. Ces deux constructeurs ont aussi validé le fonctionnement de leurs automatismes, sans attendre le TIM, avec des outils de différentes marques, comme Grimme pour le guidage d’arracheuse ou encore Fliegl, Samson et Joskin pour le pilotage de la vitesse à l’épandage de lisier.
Une compatibilité à l’épreuve du terrain
Plusieurs raisons expliquent l’avancée timide de la compatibilité TIM des matériels Isobus. Les tractoristes s’y sont mis timidement au début et déclinent la compatibilité TIM au fil du renouvellement de leurs gammes de tracteurs. Cette fonctionnalité Isobus est généralement réservée aux finitions haut de gamme, et surtout, uniquement aux tracteurs équipés d’une transmission à variation continue. Enfin, d’après les rares constructeurs proposant des outils TIM, selon les marques de tracteurs, les fonctions théoriquement pilotables par l’outil (vitesse d’avancement, distributeurs hydrauliques, prise de force, relevages) ne sont pas toujours toutes disponibles ou sont parfois perturbées par des bugs. À l’image du long développement de l’Isobus, la compatibilité TIM va se faire de manière progressive, au gré des tests entre marques et des mises à jour.
Une solution adaptable pour le travail du sol
Seul constructeur d’outils de travail du sol à proposer des appareils compatibles TIM, Lemken se démarque par sa solution iQblue Connect, sorte de kit électronique permettant de greffer le pilotage TIM à un appareil non Isobus. L’allemand le décline pour l’instant sur des charrues et sur un cultivateur semi-porté. Dans le premier cas, l’outil pilote l’hydraulique du tracteur pour agir sur la largeur de raie, afin de rendre le labour rectiligne. Dans le second cas, le cultivateur agit aussi sur l’hydraulique pour ajuster la profondeur de travail en fonction d’une cartographie (profondeur en fonction de l’hétérogénéité du sol), mais également sur le relevage du tracteur en bout de champ. Ce kit constitué d’un boîtier électronique avec antenne GPS, d’un faisceau et d’un capteur de position de vérin, s’affiche aux environs de 3 500 euros. En exploitant directement l’hydraulique du tracteur, il évite le recours à des blocs électrohydrauliques pour le pilotage de l’outil et s’avère par exemple, dans le cas d’une charrue, moins onéreux que d’opter pour la version Isobus de l’outil. Il a aussi l’avantage de pouvoir être installé a posteriori.
Du confort et de la régularité au pressage
Les presses à balles rondes sont les machines les plus mises en avant, afin d’illustrer l’intérêt du pilotage TIM. Au travers d’essais de machines Krone et Kubota, nous avons pu observer un réel gain de confort de travail pour le chauffeur qui n’a plus qu’à valider le redémarrage du tracteur après l’éjection de la balle et à suivre les andains. Le gain de productivité n’est pas flagrant en comparaison à une conduite « manuelle » d’un chauffeur aguerri. En revanche, en faisant appel au TIM, ce dernier sera moins fatigué et le débit de chantier sera constant tout au long de la journée.
Si le TIM a également fait son apparition sur des remorques autochargeuses, afin d’optimiser leur chargement en faisant varier la vitesse d’avancement du tracteur, il est encore absent du marché des presses à balles cubiques. Il aurait pourtant toute sa place pour optimiser les chantiers de pressage comme en témoigne le récent développement de New Holland, primé au palmarès d’Agritechnica. L’automatisme agit sur la vitesse et la direction du tracteur en utilisant des capteurs sur la presse, mais aussi un lidar évaluant le volume de l’andain de paille, de façon à confectionner des balles toujours au même poids.