Positionnés en dessous des gros 6.4, les trois modèles 6120, 6130 et 6140 affichent un gabarit plus en phase avec les travaux d’élevage, tout en conservant une polyvalence appréciable pour les travaux au champ. Leur moteur 4 cylindres Deutz 3,6 l délivre une puissance nominale de 120 à 130 ch (126 à 143 maxi). Il est dépollué par une combinaison EGR + DOC + SCR complété par un FAP sur les deux plus gros modèles. Ces tracteurs se déclinent en version Powershift et TTV, la première accueillant une transmission semi-powershift 30/30 à trois rapports sous charge et la seconde une variation continue, toutes deux issues du groupe SDF. Le 6120 TTV essayé dispose ainsi de la variation continue à deux gammes, à passage électrohydraulique (0 à 23 et 0 à 50 km/h), offrant trois modes de conduite (Manuel, Auto et Prise de force). Il reçoit un circuit hydraulique load sensing 120 l/min et profite d’une capacité de relevage de 7 t.
En cabine, la version TTV se démarque par son joystick multifonction monté en bout d’accoudoir. L’affichage et le paramétrage des fonctions s’effectuent depuis le grand écran couleur du nouveau tableau de bord, identique à celui des séries supérieures, complété en option par le terminal tactile isobus iMonitor 8 pouces (absent sur le modèle essayé). Le tracteur dispose en revanche d’une suspension mécanique de cabine (pneumatique en option) et d’un pont avant suspendu. Il profite également de l’optionnel éclairage à led.
Les conditions du test
Durant l’essai réalisé début mai, le Deutz-Fahr a été mis à l’épreuve au travail du sol avec une herse rotative de 3 m et un rouleau Cultipacker de 6 m. À la fenaison, il a andainé 20 ha avec un andaineur double rotor de 6 m. Il a par ailleurs œuvré à la manutention de fumier au champ et au transport avec une remorque 12 m3 chargée d’environ 8 tonnes de fumier.
Les plus
Agrément de la transmission
Maniabilité
Stabilité
Accès en cabine
Les moins
Levier de chargeur
Accès boîte à outils
Consommation avec herse rotative
Au travail
« À l’aise dans tous les travaux »
Pour les travaux à la prise de force, la transmission à variation continue est vraiment appréciable. Il suffit de sélectionner le mode de conduite PTO. À régime moteur constant, on peut choisir sa vitesse d’avancement avec précision. J’ai simplement observé un raté de la régulation à l’entame d’une montée à 6 km/h avec l’andaineur. En termes de consommation, autant le moteur est économe avec le régime de prise de force 540 Eco à l’andainage, autant il m’est apparu un peu gourmand avec la 1000 tr/min à la herse rotative. J’atteignais les 20 l/h avec un régime moteur pourtant à 1 800 tr/min. Dans les demi-tours, j’apprécie sa maniabilité et surtout le système de braquage rapide qui réduit le nombre de tours de volant.
Le débit de chantier au tas de fumier est très proche de celui d’un télescopique. La transmission utilisée en mode prise de force permet de garder un peu de régime et de gérer l’avancement tout en souplesse, avec un inverseur réactif. Le chargeur lève haut et offre des mouvements rapides, grâce au bon débit hydraulique. À première vue, le chargeur Stoll paraît frêle, ce qui est d’ailleurs un avantage pour la visibilité. À l’usage, on est surpris au début par les mouvements latéraux des bras, qui s’expliquent par la construction en acier à haute limite élastique. En définitive, ce chargeur est sûrement très robuste et surtout bien fini. Son attelage est assez facile, mais le multicoupleur est très près du pot d’échappement.
Sur la route, le tracteur est stable et confortable. Il a suffisamment de poids sur l’arrière et un empattement pas trop court pour une conduite sécurisante avec la remorque. La gestion de la vitesse à la pédale demande un peu d’anticipation pour conserver un frein moteur efficace en descente. L’effet du frein moteur peut aussi être renforcé en appuyant sur un bouton du tableau de bord. La suspension du pont avant et celle de la cabine participent au confort, tout comme la bonne insonorisation, y compris dans les côtes où les montées en régime passent inaperçues.
L’attelage arrière est très bien conçu. Le relevage est puissant, ses bras assez longs descendent bas et dégagent un espace sécurisant pour atteler les outils. Attelé à la lourde herse rotative, le tracteur conserve un bon équilibre sans masse à l’avant, uniquement avec le chargeur.
En cabine
« Une prise en main rapide »
L’accès à la cabine est bien pensé avec un large marchepied. L’habitacle n’est pas des plus spacieux, mais on ne se sent pas à l’étroit, y compris avec un passager. La visibilité est bonne dans l’ensemble, notamment en hauteur avec le grand toit vitré et à l’arrière sur le piton. Sur l’avant, le capot pourrait être un peu plus plongeant et la vue sur la roue droite est encombrée par la sortie de l’échappement et le multicoupleur du chargeur. Les espaces de rangement sont nombreux, dont une boîte réfrigérée pouvant contenir une grande bouteille. L’insonorisation étant très bonne, on entend un peu trop le bruit de ventilation de la clim', qui refroidit efficacement l’habitacle. Autre bruit parasite, celui du moteur d’essuie-glace. En revanche, aucun reproche sur l’assemblage des plastiques.
Les commandes sont intelligemment regroupées et bien identifiées par un code couleur. Le joystick multifonction est très ergonomique. Outre le réglage de la vitesse cible en actionnant le levier, il intègre les commandes de relevage, d’inverseur et de séquence de bout de champ, mais aussi quatre boutons personnalisables. À la base de l’accoudoir, on dispose de l’interrupteur pour la prise de force et de quatre boutons pour mémoriser deux régimes moteur et deux vitesses d’avancement. Sur la console de droite, une molette permet le réglage de la chute de régime moteur pour une régulation plus ou moins réactive. Les deux commandes de distributeurs et celles du relevage sont pratiques. Le petit joystick hydraulique est adapté pour commander des distributeurs, mais il m’a moins convaincu pour piloter le chargeur, car il est trop décalé à droite par rapport à l’accoudoir. Autre reproche, le déverrouillage des fonctions hydrauliques, puis du joystick, est fastidieux pour l’utilisation du chargeur. Enfin, la sélection des régimes de prise de force se fait par un levier bizarrement placé à gauche du siège, à côté du petit levier de frein à main, qui lui est très pratique à manipuler.
Le tableau de bord offre un affichage clair et complet. Son grand écran couleur est bien structuré pour accéder rapidement à de nombreuses informations. J’apprécie de pouvoir visualiser en direct les fonctions affectées aux quatre boutons du joystick. La navigation et les réglages sont assez simples, grâce à une molette et un bouton sur la console de droite. Autre satisfaction, la commande d’inverseur au volant dispose d’une molette pour un réglage rapide de l’agressivité.
Entretien
« Un bâti de chargeur étroit »
L’ouverture du capot ne permet pas l’accès à tous les points d’entretien. À droite du moteur, il faut démonter sans outil le panneau latéral pour atteindre les filtres. Du fait de la présence du bâti de chargeur étroit très proche du moteur, il faudra s’armer de patience pour retirer le filtre à carburant. Du même côté, le filtre à huile positionné plus en avant, est davantage accessible. En dessous, la vérification de la jauge et le remplissage d’huile s’effectuent sans retirer le panneau latéral, facilités par une découpe dans le bâti du chargeur. Toujours du côté droit, sous le marchepied beaucoup plus étroit qu’à gauche, la boîte à outils est très peu accessible du fait de la présence de flexibles hydrauliques gênant son ouverture. En dessous, la batterie est protégée par un capot démontable avec trois vis, une petite trappe permettant déjà un accès rapide. À l’avant du moteur, le filtre à air est à portée de main devant les radiateurs. Seul le radiateur de clim coulisse. Les autres étant fixes, une grille amovible simplifie l’entretien, mais un nettoyage complet n’est pas évident, vu le faible espace entre le radiateur moteur et l’intercooler.
Fiche technique
Deutz-Fahr 6120 TTV
Moteur
• Puissance nominale (ECE R120) : 120 ch à 2 200 tr/min
• Puissance maxi (ECE R120) : 126 ch à 2 000 tr/min
• Couple maxi : 500 Nm à 1 600 tr/min
• Cylindrée : 3 620 cm3
• Norme et système de dépollution : Stage IV (Tier 4f) avec EGR, DOC et SCR
• Capacité d’huile du moteur : 8,5 l
• Intervalle de vidange : 500 h
Transmission
• Type : variation continue
• Régime moteur à 40 km/h : 1 700 tr/min
• Régimes de prise de force et régimes moteur correspondants : 540/540E/1000 à 1 973/1 654/1 960 tr/min
Circuit hydraulique
• Type, débit : load sensing, pompe à cylindrée variable
120 l/min
• Volume d’huile hydraulique exportable : 26 l
• Nombre de distributeurs de série : 4
Relevage
• Capacité aux rotules sur toute la course : 7 000 kg
Dimensions
• Capacité du réservoir (GNR/AdBlue) : 185/12 l
• Hauteur hors tout : 2,69 à 2,83 m (selon monte de pneus)
• Empattement : 2,54 cm
• Poids à vide : 5 800 kg
• PTAC : 8 000 kg
• Monte pneumatique du modèle essayé : 480/70 R38 et 380/70 R28
Budget (au 01/10/19)
Prix catalogue (sans le chargeur) : 117 460 euros HT