La minipelle, un vrai couteau suisse pour la viticulture
De plus en plus de viticulteurs s’équipent en propre ou à plusieurs de minipelles pour réaliser de multiples travaux sur leur exploitation. Voici comment bien faire son choix.
Avec l’augmentation des tailles d’exploitation et l’essor des maladies de bois, de plus en plus de viticulteurs, en solo ou en Cuma, et entrepreneurs de travaux viticoles s’équipent de minipelles. « Quand on y goutte, on revient rarement en arrière », confie Nicolas Rogier, dirigeant de NR Inov’Concept, fabricant d’accessoires pour l’arrachage des vignes et la complantation, dont bon nombre sont montés sur les minipelles. L’une de premières utilisations de ces machines est l’arrachage des ceps morts ou atteints par les maladies du bois. « On met souvent cette machine en concurrence avec le tracteur et la tarière, poursuit Nicolas Rogier. Le tracteur se déplace beaucoup plus vite dans les vignes et la tarière enlève jusqu’à 800 trous dans une grosse journée, mais cela laisse des morceaux de racines qui peuvent contaminer les complants. La minipelle ne fera que 300 trous par jour, mais nettoiera correctement la zone atteinte, éliminera les racines des pieds voisins qui pourraient concurrencer le complant et préparera beaucoup mieux le sol de la future complantation. »
Outre l’élimination des ceps morts, la minipelle trouve très vite de multiples applications sur les exploitations : complantation, arrachage et plantation de piquets ou d’amarres, enterrage de réseaux d’irrigation goutte-à-goutte, débroussaillage des fossés et talus autour des parcelles, mais aussi entretien des fossés et des talus.
Quel modèle choisir ?
Plusieurs critères sont à prendre en compte pour bien choisir sa minipelle. Tout d'abord, il convient d’avoir une machine suffisamment puissante. La force de creusage étant sensiblement proche du poids de la machine, une minipelle de 1,8 à 2 tonnes est un minimum. En dessous de 2 tonnes, ces machines affichent un gabarit inférieur à 1 m de large, qui leur permet de travailler dans les vignes de 1,30 m d’interrang. Elles présentent bien souvent une voie variable, qui leur confère une meilleure stabilité lorsque les conditions le permettent. Il est possible de s’équiper de modèles plus puissants, donc plus lourds. Il faut cependant prendre en compte le mode de déplacement de votre minipelle. Si vous souhaitez la déplacer derrière une voiture ou un fourgon avec un permis B, la remorque porte-engins doit avoir un PTAC maximal de 3,5 tonnes et donc une charge utile entre 2,5 et 2,8 tonnes. L’alternative la plus fréquente en exploitation viticole consiste à la transporter derrière un porte-engins de plus de 3,5 tonnes de PTAC, attelé au tracteur.
Achat ou location
Côté tarif, compter entre 25 000 et 35 000 euros HT pour une minipelle de 2 tonnes neuve, un investissement qui peut se raisonner à plusieurs. Parmi les critères d’achat, il faut considérer la vitesse de déplacement. Les minipelles de ce gabarit disposent généralement de deux plages de vitesses hydrostatiques. Lente, la première sert à pousser avec la lame niveleuse. La seconde est utilisée pour se déplacer. Plus la vitesse maximale est élevée, moins la machine passe de temps en transit entre deux points de la parcelle : les modèles les plus rapides affichent une vitesse maximale de 4,5 à 5 km/h.
Investir dans une machine d’occasion est un moyen de s’équiper à moindre coût. Une machine affichant 3 000 heures au compteur peut encore être très fraîche et donc une occasion intéressante. Il convient de questionner le vendeur sur les utilisations passées de la minipelle : un emploi dans une entreprise de location ou à faire du BRH (brise-roche hydraulique) est plutôt à éviter. Dans tous les cas, regardez de près les jeux dans les bras, l’usure des chenilles ou encore les possibles fuites.
Plutôt que d’investir, certains viticulteurs font le choix de la location, dont les tarifs varient entre moins de 100 euros et 200 euros la journée, selon la durée de location. Attention cependant, dans ce cas de figure, le loueur exigera probablement que vous soyez titulaire du Caces R482 de type A (autour de 1 000 euros pour une formation de un à cinq jours), une certification qui n’est pas obligatoire, mais un prérequis, si c’est un salarié qui pilote l’engin.