La cuve frontale, une solution à des multiples usages
Capable de remplacer un petit automoteur, l’association d’un pulvérisateur porté avec une cuve frontale offre d’autres atouts. La diversité des approches, selon les constructeurs, permet à l’utilisateur de trouver la solution qui convient le mieux à ses besoins.
Capable de remplacer un petit automoteur, l’association d’un pulvérisateur porté avec une cuve frontale offre d’autres atouts. La diversité des approches, selon les constructeurs, permet à l’utilisateur de trouver la solution qui convient le mieux à ses besoins.
Plutôt que d’équilibrer son tracteur avec des masses à l’avant, pourquoi ne pas porter du liquide et gagner en autonomie ? Si le passage au modèle traîné fait craindre des complications pour naviguer dans les champs, la compacité et l’agilité d’une combinaison portée ne sont-elles pas de bons arguments ? Voilà des questionnements qui poussent à envisager l’ajout d’une cuve frontale, notamment dans les régions où le parcellaire complique les manœuvres. Pour la plupart des constructeurs, coupler une cuve frontale à un pulvérisateur d’une autre marque n’offre qu’un fonctionnement en mode transport d’eau claire. « Dans tous les cas, la cuve frontale permet de gagner en autonomie et de réduire le nombre d’aller-retours entre la ferme et les champs », souligne Landry Jaglin, directeur de la société Arland. Cet avantage est notamment connu des agriculteurs équipés de cuves frontales pour l’apport d’engrais au semis ou le désherbage localisé.
Un constat partagé par Patrice Cordonnier, directeur de Pulvéjuste, dont 95 % des clients s’équipent de cuves destinées au mode bouillie quand elles sont utilisées lors de la pulvérisation. L’entreprise propose une pompe centrifuge de 300 l/min sur ses modèles de 750 à plus de 2 000 litres assemblés à Cognac. « Nous avons des demandes pour compléter des modèles portés et en général nous arrivons toujours à faire les couplages. Nous savons où placer judicieusement les vannes selon les marques et nous pouvons même fournir les indications au client qui souhaite monter le système. La cuve peut être livrée aux couleurs souhaitées. Le plus important reste la gestion électronique pour laquelle nous avons un vrai savoir-faire. » Pour plus de sécurité lors des déplacements routiers, Patrice Cordonnier conseille d’équiper la cuve frontale de deux caméras en option.
Des offres plus ou moins étoffées
Un équipement également conseillé chez Arland, dont le modèles (600 à 1 500 litres) s’accompagnent d’un terminal des pouvant recevoir le signal de deux caméras si le client souhaite en installer. « Nous proposons quatre configurations de cuve frontale, indique Landry Jaglin. La plus simple sert au transport d’eau claire pour un mélange au champ. Ensuite, on ajoute une pompe centrifuge de 500 l/min avec un rince-bidon dans le trou d’homme et des gyrolaveurs manuels. » Les modèles plus évolués sont dotés du transfert à double sens et d’un boîtier de gestion électronique. « Avec notre pulvérisateur Hélium, l’utilisateur bénéficie du double affichage des niveaux en cabine. En plus de la double jauge électronique, la cuve avant est équipée d’une pompe de 70 l/min ou d’une pompe électrique de 32 l/min. Les gyrolaveurs sont à commande électrique et l’incorporation se fait grâce à l’appareil porté. Nous avons la particularité de n’utiliser qu’un seul tuyau, alors que d’autres constructeurs en mettent deux. Il y a tout de même 8 mètres à rincer au lieu de 16 environ. Avec nos modèles à pompe électrique ou pistons-membranes, l’utilisateur peut déclencher le rinçage depuis le terminal sans descendre du tracteur, précise Landry Jaglin. Une cuve de rinçage et un lave-main sont installés en standard sur tous les modèles. »
Plus de volume sans complexité
En plus de la cuve à eau claire, Amazone propose l’UF-Twin. Cette solution associe un pulvérisateur UF à la cuve frontale FT en 1 000 ou 1 500 litres. « La philosophie de l’UF-Twin c’est de faire simple, souligne Emmanuel Lévêque, chef produit pulvérisateurs. Il n’y a pas de dispositif de rinçage, pas de prise de force, pas de prise hydraulique nécessaire. Il y a juste une liaison électronique qui renseigne le pulvérisateur sur le niveau de remplissage de la cuve frontale. L’appareil arrière pilote tout. L’agriculteur ne se préoccupe pas de la cuve frontale quand il travaille. » En revanche, l’intégration de la cuve additionnelle dans le circuit ne permet pas de travailler avec deux bouillies différentes.
Mais avec l’option FlowControl, Amazone a prévu de nombreux automatismes pour faciliter les phases de remplissage, brassage, pulvérisation et rinçage. L’UF-Twin est toujours vendue avec un pulvérisateur neuf. Le constructeur invite à effectuer une préparation aboutie sur le tracteur en concession pour placer les supports de tuyaux et les retailler si nécessaire. Le dételage rapide est ainsi nettement amélioré.
A l'automne dernier, Amazone a complété son offre d'une cuve frontale, FT-P 1502, assurant toutes les fonctions d'un pulvé, à l'exception de la rampe d'épandage. Elle se combine à toute sorte d'outil arrière.
Travailler avec deux bouillies
Kverneland propose un modèle de 1 100 litres qui se décline en trois versions. L’iXtra Basic peut fonctionner avec d’autres pulvérisateurs et sert à « augmenter son autonomie, soit en réincorporant des produits lors du transfert vers la cuve arrière, soit en réserve d’eau claire pour les rinçages », explique Nicolas Huguet, chef de produit Crop Care. Les transferts depuis le poste de mise en œuvre du pulvérisateur sont manuels, comme la commande des vannes pour le rinçage. « En version Confort, une prédisposition est ajoutée sur le pulvérisateur arrière, afin de choisir depuis la cabine entre la cuve avant ou la cuve arrière. » La bouillie peut ainsi partir directement de la cuve avant vers la rampe pour pulvériser. L’incorporation peut aussi être choisie à l’avant ou à l’arrière.
« La version iXtra Pro est entièrement automatisée et pilotée par Isobus en cabine, précise Nicolas Huguet. Les vannes sont électriques et il faut le iXclean Pro (mise en œuvre motorisée) sur le pulvérisateur arrière. » Les opérations se font en cabine ou au poste de mise en œuvre. Avec une bouillie, un automatisme optimise le report de charge, grâce à une séquence déterminée. Le travail avec deux bouillies différentes est possible. Ainsi, la bouillie de la cuve frontale peut être pulvérisée sans passer par la cuve arrière. L’utilisateur peut demander une à quatre caméras sans écran supplémentaire, grâce au boîtier Isobus (IsoMatch Tellus GO+ ou Tellus Pro). Sur les tracteurs prééquipés Isobus, le branchement se fait directement, sinon Kverneland fournit un faisceau complet. Les commandes sont complétées par la poignée multifonction IsoMatch Grip.
Une cuve frontale autonome
Sur ses cuves PF de 1 000 et 1 500 litres, Kuhn offre plusieurs stratégies à l’agriculteur. Il peut transporter de l’eau claire et embarquer 350 litres en plus (PF Select) ou bien gérer une ou deux bouillies. De série, cette cuve reçoit une pompe électrique de 22 l/min. Conçu comme un pulvérisateur frontal, le PF peut fonctionner en option de façon indépendante avec un kit de pulvérisation ou de fertilisation pour une application localisée reliée à un outil arrière. Pour cela, il s’accompagne d’une pompe hydraulique de 75 ou 125 l/min avec une régulation DPAE. Sa conception comprend trois cuves (principale, rinçage, lave-mains) et s’appuie sur un seul tuyau pour se connecter au pulvérisateur porté arrière Deltis 2 ou Altis 2. Le poste de mise en œuvre est disponible en version manuelle (Manuset) ou motorisée (Diluset), permettant le pilotage de l’agitation et du rinçage depuis la cabine. La gestion des cuves au travail se fait sans boîtier additionnel une fois couplé au pulvérisateur porté.
Un nouveauté à venir chez Berthoud
Chez Berthoud, il est possible d’ajouter la cuve Tandem 1 000 litres après l’achat d’un appareil porté. « Nous avons au catalogue l’accessoire pour ajouter le branchement à l’appareil arrière chez un concessionnaire. La cuve Tandem peut se brancher sur nos modèles Elyte ou éventuellement d’autres marques, explique Jocelyn Marenchino, chef de marché grandes cultures France Pulvé. En version bouillie, la cuve intègre un système d’agitation et de transfert comprenant une pompe centrifuge électrique de 70 l/min ». Une jauge visuelle extérieure sur la cuve renseigne l’utilisateur et une commande électrique en cabine pilote le volume à transférer vers la cuve arrière. Le rinçage de la cuve en fin de traitement peut être opéré depuis un boîtier de commandes en option.
« La cuve frontale actuelle Berthoud sait pousser un volume manuellement vers la cuve arrière, mais on ne gère pas la pulvérisation, précise Jocelyn Marencino. D’ici quelques mois, nous allons apporter des nouveautés qui changeront radicalement la façon de gérer le couple pulvérisateur-cuve frontale. Cette grande évolution présentera des atouts à la ferme, lors des déplacements routiers et au champ. »
Quel gabarit de tracteur retenir ?
Les associations cuve frontale - pulvérisateur porté de contenance totale moyenne (2 000 à 2 600 litres) nécessitent un tracteur de 120 à 160 chevaux en fonction du relief. Chez Kuhn, Amazone et Arland, la plus grosse combinaison monte à 3 500 litres. Kverneland propose jusqu’à 2 900 litres. Ces ensembles plus conséquents dépassent les 5 tonnes à relever et à porter. Il faut donc aller au-delà de 160 chevaux en termes de puissance pour traiter à des vitesses d’avancement suffisantes. Attention également au respect du PTAC du tracteur.