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Jusqu’à 6 hectares par heure avec la faucheuse traînée

Sébastien Selin, éleveur bio en Charente, a opté pour une faucheuse traînée de 5,20 mètres sans conditionneur, conciliant grand débit de chantier et investissement limité.

Sébastien Selin apprécie la faucheuse traînée Kuhn pour ses performances et la possibilité de l’atteler à n’importe quel tracteur de plus de 120 chevaux. © D. Laisney
Sébastien Selin apprécie la faucheuse traînée Kuhn pour ses performances et la possibilité de l’atteler à n’importe quel tracteur de plus de 120 chevaux.
© D. Laisney

« Pour le prix d’une faucheuse conditionneuse traînée de 3 mètres, j’ai opté pour un modèle traîné de 5,20 mètres sans conditionneur, procurant un débit de chantier bien supérieur », indique Sébastien Selin, associé du Gaec de la Grande Dennerie, à Blanzaguet-Saint-Cybard en Charente. L’éleveur laitier ne considère pas le conditionnement indispensable en raison du volume limité de fourrage. En général, pour l’ensilage, il laisse l’herbe fauchée au sol et l’andaine le jour de la récolte avec son andaineur à tapis de 9,5 m de large. Il lui arrive cependant de la faner, si la densité le nécessite. La faucheuse traînée Kuhn GMD 5251 TC, mise en route ce printemps, a été achetée en individuel, alors que, jusque-là, l’agriculteur travaillait avec les conditionneuses de la Cuma : un modèle de 3 m traîné et un ensemble avant et arrière de 6 m. « Récemment convertis au bio, nous avons revu l’assolement et l’herbe occupe désormais une place prépondérante : 200 hectares sur les 250 de l’exploitation. Avec une surface multipliée par quatre et une moyenne de trois coupes annuelles, soit au total 600 hectares fauchés, l’investissement se justifie économiquement », précise l’éleveur laitier.

Beaucoup moins cher qu’un groupe de fauche

Dans sa réflexion d’achat, le Gaec cherchait une solution à haut débit et économique. Il avait notamment reçu une proposition pour un groupe de fauche sans conditionneur de 8,30 m d’envergure, qui s’élevait à 41 000 euros. « À ce montant, il fallait ajouter 4 500 euros pour le montage d’une prise de force frontale et environ 2 500 euros pour le système d’inversion des pales du ventilateur moteur, afin d’éviter la surchauffe. Au final, l’investissement s’élevait quasi au double de celui pour la machine Kuhn (25 000 euros), mais pas le débit de chantier. »

Sébastien Selin apprécie la faucheuse traînée pour sa facilité de mise en œuvre. « L’avantage de ce type d’outil est qu’il s’attelle et se décroche rapidement. Ces opérations sont plus compliquées avec un ensemble avant et arrière qui, de plus, reste dépendant du tracteur équipé de la prise de force frontale », souligne-t-il. Ainsi, sur l’exploitation, la machine Kuhn passe rapidement du tracteur de 220 ch à celui de 140 ch, en fonction de la disponibilité. Le moins puissant assure les chantiers avec un rendement légèrement supérieur à 5 ha/h, en roulant entre 11 et 15 km/h. « Le 140 chevaux n’est pas mis à défaut sur le plan de la stabilité en terrain vallonné. En revanche, il perd de la vitesse en montée. Sur un chantier de 26 hectares en quatre parcelles, réalisé en cinq heures, il a consommé 90 litres de GNR, soit en moyenne 3,5 l/ha », indique l’agriculteur. Le tracteur de 220 ch, surdimensionné, s’affranchit du relief et emmène aisément la faucheuse entre 13 et 16 km/h, procurant un débit de 6 ha/h.

Une largeur de travail bien valorisée

La largeur effective de travail est un autre atout soulevé par Sébastien Selin en faveur de la machine traînée. « La combinaison portée avant et arrière de la Cuma, composée de deux portées de 3 mètres, coupe réellement sur 5,50 mètres. L’exploitation de toute sa largeur est assez difficile lors du fauchage en aller et retour, car dans un sens la frontale est au milieu de la végétation et il n’est pas évident de bien voir où passe l’extrémité de l’unité arrière. Avec la machine traînée, il est facile de prendre un repère, afin de bien faucher sur 5,20 mètres. » La Kuhn pourvue d’un timon central autorise le travail en aller et retour. Sa largeur conciliée au bon rayon de braquage du tracteur garantit des manœuvres rapides en bout de champ, mais demande un grand dégagement pour le demi-tour. « Il faut faire au moins cinq tours avant de faucher en bande, précise Sébastien Selin. Pour le détourage, je place la machine derrière le tracteur. La roue avant du tracteur évoluant au pied du talus sert alors à détecter d’éventuels obstacles. »

Pour le transport, la GMD 5251 TC intègre un chariot et circule en long avec l’essieu au centre. Elle impressionne par sa longueur de 9,30 m et son porte-à-faux arrière, mais ne mesure que 2,80 m de large. L’éleveur, disposant de parcelles desservies par des chemins étroits, a conservé ses parts sur les faucheuses de la Cuma, au cas où sa machine rencontrerait des difficultés à accéder.

Chiffres clés

200 ha de surface de fauche
3 coupes
5,20 m de largeur de travail
13 à 15 km/h de vitesse de fauche
5 à 6 ha/h de débit de chantier
140 et 220 ch de puissance des tracteurs utilisés

Faucher large et vite

Couper l’herbe avec de larges faucheuses sans conditionneur permet d’allier grand débit de chantier et faible puissance absorbée.

Les faucheuses sans conditionneur séduisent les exploitations individuelles en alliant haut débit de chantier, faible demande de puissance et investissement limité. Avec ces machines, il est en revanche recommandé de faner le fourrage assez rapidement pour en accélérer le séchage. Un modèle porté arrière de 4,40 m de large se contente, sur le papier, d’un tracteur de 110-120 ch, selon la quantité d’herbe et le relief. Son débit de chantier réel s’élève à 3-4 ha/h à une allure de 14-15 km/h. La principale limite des plus grandes de ces machines est la contrainte exercée latéralement par le lamier. Ce dernier, en position relevée, déplace le centre de gravité du tracteur et le déstabilise lors des manœuvres. Une des solutions à ce problème est d’opter pour un tracteur plus lourd, donc trop puissant : dans ce cas, l’intérêt économique est pénalisé. Par ailleurs, certaines de ces grandes faucheuses se transportent en long, ce qui ne facilite pas toujours l’entrée dans les champs et impose de la vigilance sur la route.

160 chevaux suffisent pour les combinaisons triples

Pour davantage de performances, les agriculteurs complètent la faucheuse arrière avec une unité frontale mesurant de 3 à 3,5 m. Cette solution oblige à disposer d’un relevage avant et surtout d’une prise de force, un accessoire assez coûteux (3 000 à 5 000 euros). Les faucheuses arrière doubles, associées à un groupe frontal, permettent d’atteindre des largeurs de 8 à 11 m, selon les marques. Ces combinaisons triples sans conditionneur sont assez accessibles économiquement. Par exemple, un modèle travaillant sur 9,1 à 9,5 m est facturé aux alentours de 30 000 euros (prix de la faucheuse frontale en sus). Les groupes présentent également l’intérêt d’absorber peu de puissance : 130 à 160 ch. Leur grande envergure demande davantage d’attention au chauffeur, car le tracteur roule au centre de la bande à faucher. L’utilisation d’un autoguidage est dans ce cas fortement conseillée pour le confort de conduite, mais aussi pour valoriser pleinement la largeur de coupe.

Moins répandues, les faucheuses traînées ne demandent pas de tracteurs particulièrement lourds et s’attellent facilement. Elles sont appréciées pour leur système de suspension généralement plus évolué que celui des machines portées, garantissant un bon suivi du sol, notamment pour les lamiers de grande largeur. Les faucheuses traînées apportent par ailleurs une réponse à la très grande largeur : Kongskilde propose un modèle sans conditionneur de 12,30 m d’envergure, composé de deux éléments sur chariot et associé à une unité frontale.

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