« J’ai réduit mon coût alimentaire à 68 euros les 1000 litres de lait avec l’affouragement en vert »
Gaëtan Le Meur, éleveur de montbéliardes à Plussulien, dans les Côtes-d’Armor, a remplacé sa remorque faucheuse autochargeuse par une combinaison faucheuse frontale et autochargeuse.
Gaëtan Le Meur, éleveur de montbéliardes à Plussulien, dans les Côtes-d’Armor, a remplacé sa remorque faucheuse autochargeuse par une combinaison faucheuse frontale et autochargeuse.
« L’importance que j’accorde à valoriser l’herbe me permet d’abaisser le coût alimentaire à 68 euros pour 1 000 litres de lait et à ne complémenter la ration de mes 110 Montbéliardes qu’avec, en moyenne, 76 g de concentré par litre de lait. Cette performance se ressent sur ma marge brute lait, qui s’élève à 345 euros les 1 000 litres, ventes des vaches de réforme incluses », souligne Gaëtan Le Meur, éleveur de Montbéliardes à Plussulien (Côtes-d’Armor). Pratiquant l’affouragement en vert depuis son installation en 2011, l’agriculteur affecte aujourd’hui à cette technique 25 hectares de prairies implantées avec un mélange de ray-grass anglais, ray-grass hybride, trèfle violet et trèfle blanc géant, garantissant un maintien de la production d’herbe indépendamment des conditions météos. « Le trèfle blanc géant se révèle d’ailleurs très intéressant, grâce à ses bons résultats en période séchante. » L’affouragement en vert est réalisé 250 jours par an. Gaëtan Le Meur effectue 7 à 9 coupes espacées de trois à cinq semaines, selon la saison, et récolte, dans ces prairies dédiées, de 9 à 11 tonnes de matière sèche par hectare en fonction des années. En complément, il sème, après le blé, 25 hectares de cultures dérobées (ray-grass italien + colza fourrager), qu’il fauche une à deux fois à l’automne. Cette surface est ensuite ensilée au printemps avant de semer le maïs, avec l’objectif de 5 tonnes de matière sèche avec les trois récoltes. Pour garantir un bon débit de chantier, l’éleveur laitier retient des parcelles aux formes avantageuses et d’une surface allant de 4 à 7 hectares. Il a débuté avec une remorque faucheuse autochargeuse achetée d’occasion 11 000 euros, qu’il a revendue bien fatiguée 2 500 euros en 2017, après sept campagnes. Comme il prenait soin de cette machine sur le plan de l’entretien et la logeait toujours à l’abri, elle ne lui a pas coûté cher.
45 minutes pour faucher et distribuer un hectare d’herbe
« Mon troupeau passant de 50 à 110 vaches laitières, j’ai investi en 2018 dans une faucheuse frontale Kuhn de 3,10 m de coupe payée 12 000 euros et dans une remorque autochargeuse Strautmann de 29 m3 DIN d’une valeur de 62 000 euros. » Pour animer cette combinaison, l’agriculteur a acheté un tracteur New Holland TM 140 d’occasion (4 600 heures) pour un montant de 31 000 euros, prise de force avant comprise. Ce modèle est, selon lui, idéal avec son relevage frontal fixé sur le pont avant Supersteer à grand angle de braquage. Ainsi, le mouvement de la faucheuse frontale est directionnel dans les virages et la qualité du ramassage s’en trouve améliorée. « L’ensemble me permet, au printemps, de boucler, en 45 minutes, la fauche d’un hectare, situé en moyenne à 1,5 km de la ferme, et la distribution à l’auge de l’herbe fraîche. L’été, cette opération demande 55 à 60 minutes, étant donné que les conditions moins poussantes m’imposent de couper 1,5 hectare pour remplir la caisse. » Ces matériels sont par ailleurs valorisés pour l’ensilage d’herbe. Gaëtan Le Meur combine la faucheuse frontale avec une portée arrière pour travailler sur 5,5 mètres de large. L’autochargeuse intègre un système de coupe à 32 couteaux créant des brins d’une longueur théorique de 4,4 cm. Elle nécessite au moins un tracteur de 150 chevaux et heureusement le TM140 est survitaminé (195 chevaux au banc d’essai moteur). « La demande de puissance est en revanche inférieure à l’affouragement, car la densité du fourrage est plus faible et je n’active qu’un couteau tous les 20 centimètres, afin de faciliter le démêlage et la distribution en présence de brins longs. » L’utilisation de l’autochargeuse à l’ensilage d’herbe permet de mieux la rentabiliser, mais cette opération est gourmande en temps. « À raison de deux voyages par heure, j’ai mis plus de douze heures à ramasser 20 hectares. La consommation s’élève à 11,5 litres de GNR par hectare, mais, pour une telle surface, je m’évite une facture d’ETA de 3 000 euros. Ce montant économisé est à multiplier par deux, car j’ensile 40 hectares d’herbe par an. »
L’exploitation de Gaëtan Le Meur en chiffres
2 UTH (dont un salarié à temps plein)
110 vaches laitières Montbéliarde à 6 800 l
250 bovins
90 ha de cultures de vente (blé, colza, triticale et légumes industriels)
28 ha de maïs fourrage
3,5 ha de betteraves fourragères
25 ha de prairies pour l’affouragement en vert
10 ha de paddocks pour le pâturage tournant des VL
33 ha de pâtures et prairies naturelles pour les génisses et les bœufs