Les quatre modèles de la série G5 du tractoriste finlandais s’intercalent entre les séries A5 et N5. Ils ont remplacé au passage les trois plus petits modèles de l’ancienne série N4. Ces tracteurs de 105 à 135 ch sont motorisés par un quatre cylindres Agco Power 4,4 l répondant à la norme Stage V par une combinaison de post-traitement DOC, FAP et SCR implantée à droite au pied de la cabine. Tous les modèles profitent d’un boost de 5 ch, sauf le plus gros G135 qui gagne 10 ch. Le G125 essayé se démarque par son mode Eco, limitant le régime moteur pour atteindre le couple et la puissance maxi, de manière à favoriser les économies de carburant. Ces tracteurs assemblés en Finlande bénéficient d’une transmission semi-powershift à quatre gammes robotisées et six rapports sous charge, issue du groupe Agco.
Ils reprennent la structure de cabine de la série A5, caractérisée par son pare-brise arrondi et son large toit vitré. La série G5 profite en revanche d’une organisation spécifique des commandes, comprenant un accoudoir multifonction décliné en deux versions. Les deux premiers niveaux de finition HiTech et Active (celle du tracteur essayé) bénéficient d’un accoudoir simplifié, sans terminal, ni joystick multifonction. Pour disposer de ces derniers, il faut opter pour la finition Versu équipée de l’accoudoir SmartTouch. L’équipement hydraulique diffère également selon les finitions. En HiTech, le circuit à centre ouvert délivre 100 l/min, tandis que les Active et Versu profitent d’un circuit à centre fermé load sensing de 110 l/min. Les distributeurs arrière à commande électrique sont réservés au Versu.
Valtra propose également trois packs d’équipements. Le pack Confort intègre notamment le pont avant et la cabine suspendus, ainsi que les feux de travail à leds et, en option, la télémétrie. Le pack Technologie comprend en plus l’autoguidage et l’Isobus, auxquels s’ajoutent, avec le Pack Technologie Pro, la coupure de sections, la modulation, la gestion de tâche et un second écran tactile.
Les conditions du test
Réalisé à la mi-juin, l’essai du Valtra G125 a été perturbé par la météo. À la place des travaux de fenaison initialement prévus, le tracteur a broyé des pâtures avec un appareil à axe vertical et transporté du fumier avec une remorque de 16 t. Il a par ailleurs chargé des balles de foin au champ.
Les plus
+ Visibilité au chargeur
+ Accessibilité de la cabine
+ Simplicité des commandes
+ Stabilité
Les moins
- Commandes sur les ailes
- Insonorisation perfectible
- Visibilité du tableau de bord
- Détails de finition
Au travail « Un gabarit assez polyvalent »
Le tracteur offre le compromis idéal pour les travaux de manutention : une excellente visibilité sur toute la course du chargeur, un bon débit hydraulique, un inverseur progressif et une bonne stabilité, y compris sans masse sur le relevage arrière. Le bon angle de braquage des roues impose de nombreux tours de volant. La direction à démultiplication variable proposée en option serait appréciable. Pour les travaux nécessitant de la précision d’approche, il faut s’habituer à la course assez longue des pédales de frein et d’embrayage. Quant à la fonction d’arrêt à la pédale de frein, elle ne m’a pas convaincu pour les travaux de manutention. Elle est sûrement plus efficace au pressage, par exemple. Le chargeur frontal intégré d’usine offre de belles performances. Je regrette seulement que pour son attelage, la connexion électrique ne soit pas intégrée au multicoupleur hydraulique.
Avec le broyeur peu gourmand en puissance, j’ai utilisé la prise de force économique, ce qui permet de réduire le régime moteur et de limiter le niveau sonore en cabine, qui reste toutefois un peu élevé. Sur ce genre de travail, le mode Eco de la gestion du moteur se justifie pour réduire la consommation, que je n’ai pas mesurée avec précision pour en tirer des conclusions.
Au transport avec la benne chargée, le Valtra m’a paru très stable. Cela confirme le bon équilibre observé à la manutention. Ce tracteur doit certainement bien se défendre au travail du sol. Qu’il soit utilisé en mode Eco ou non, le moteur a de la ressource et tient bien la charge. La transmission est bien étagée avec ses six rapports powershift et peut se piloter en mode manuel ou automatique. En Auto 1, le passage des vitesses se fait en fonction de la charge. Ce mode m’a semblé plus efficace en charge qu’à vide, car il tarde parfois à passer le rapport supérieur. Pour mieux gérer le régime moteur de passage, il faut choisir le mode Auto 2, qui permet de sélectionner un régime mini et maxi. Le passage de deux gammes peut aussi être piloté par l’automatisme, mais j’ai préféré le conserver en manuel pour mieux anticiper la rupture de couple. Côté confort, la suspension du pont avant travaille efficacement, tandis que celle de la cabine manque un peu de souplesse à mon goût. Même si le régime moteur de 1 600 tr/min à 40 km/h aide à réduire le bruit dans l’habitacle, je confirme que cette cabine n’est pas la plus silencieuse de sa catégorie.
L’attelage arrière est doté de bras de relevage assez longs, facilitant l’accrochage des outils compacts. Dommage en revanche que les commandes sur les ailes soient mal placées, sur le côté et trop en hauteur. Je m’étonne aussi qu’elles n’intègrent pas de série la prise de force. On dispose de trois distributeurs, ce qui me paraît suffisant. Le piton d’attelage est implanté assez haut : c’est un avantage pour la garde au sol, mais pour certaines géométries de flèche d’outils tractés, il faudra opter pour une version plus basse. Concernant le relevage frontal, son intégration est réussie. Il dispose de commandes extérieures pour ajuster sa position et piloter le distributeur hydraulique qui lui est associé.
En cabine « Au top pour la visibilité, en retrait pour l’insonorisation »
L’accès à la cabine s’effectue par un large marchepied très bien conçu. Le fait d’opter pour la cabine d’un tracteur de catégorie inférieure impose quelques compromis. L’espace est suffisant et bien agencé, mais davantage de largeur permettrait d’être plus à l’aise avec un passager. La qualité de finition pèche un peu par endroits, sans que cela soit rédhibitoire. L’insonorisation me paraît également perfectible. En revanche, la visibilité est au top avec un capot très plongeant et un pare-brise arrondi séparé du grand toit vitré par une fine barre transversale. Les rétroviseurs grand-angle en une seule partie sont efficaces sans être trop imposants. À l’arrière, la vue sur le piton est améliorée par un petit rétroviseur sur le hayon. La climatisation manuelle est efficace avec plusieurs bouches d’aération dans le pavillon. On apprécie les nombreuses zones de rangement de différentes tailles, mais il en manque une fermée et ventilée.
Les commandes sont très simples à prendre en main, grâce à une bonne identification. Elles sont réparties entre l’accoudoir multifonction, la console et le montant à droite. Seuls les trois distributeurs arrière sont à commande mécanique, leurs leviers étant agréables à manipuler. L’ergonomie de l’accoudoir est plutôt réussie. Le joystick hydraulique permet de piloter le chargeur ou le relevage avant. Au sommet, il dispose d’une petite gâchette permettant une gestion indépendante de la troisième fonction. Il n’intègre pas, en revanche, de boutons pour l’inverseur ou les rapports powershift. Pour ces derniers, il faut décaler sa main et manipuler le petit levier au fonctionnement très intuitif. En le basculant sur la droite, on passe en mode automatique. La sélection des feux de travail avec les boutons sur le montant droit est assez sommaire. En revanche, les projecteurs sont nombreux et bien répartis. Dommage que les versions à leds soient optionnels.
Le tableau de bord fixe nous contraint dans l’ajustement de la position du petit volant, si l’on souhaite accéder à un maximum d’informations en vision directe. Les deux petits écrans offrent une bonne qualité d’affichage. Celui de droite renseigne sur le rapport engagé, la vitesse et le régime moteur, tandis que celui de gauche fait office d’ordinateur de bord. On navigue facilement dans les différents menus à l’aide d’une commande en croix située sous le volant. On peut y ajuster les nombreux réglages de la transmission (automatismes, souplesse des rapports et de l’inverseur…), mais aussi les débits hydrauliques du chargeur.
Entretien « Des accès préservés malgré le petit capot »
L’ouverture du petit capot plongeant dégage bien l’accès au compartiment moteur. À l’avant, les radiateurs sont fixes mais assez espacés. Il faut retirer des petites trappes latérales pour pouvoir les nettoyer avec une soufflette équipée d’une rallonge. Le filtre à air positionné au-dessus du moteur se démonte facilement. Du même côté gauche, les filtres à gazole sont accessibles sans soulever le capot, ni démonter le panneau latéral. Idem du côté droit pour le filtre et la jauge à huile moteur. Cependant, pour atteindre ces deux derniers éléments, le bâti du chargeur et des tuyaux encombrent un peu le passage des mains. Le marchepied droit abrite une petite caisse à outils. Il dispose d’une première marche pivotante, qui permet de limiter le gabarit en largeur, lorsqu’il n’est pas utilisé. On pivote l’ensemble du marchepied pour accéder à la batterie, sachant que des bornes de démarrage sont présentes à droite du moteur. Le filtre d’habitacle se retire facilement à l’arrière du toit de la cabine, mais il faut monter sur le relevage.