[ESSAI] Lemken Koralin 9 840 KUA « Un scalpeur précis et efficace dans certaines conditions »
Le cultivateur à disques et dents Koralin 9 de Lemken a été testé sur 36 hectares par Mathieu Ondet, céréalier à Manthelan en Indre-et-Loire. Détail de ses impressions, après avoir déchaumé et détruit des repousses dans différentes situations, impactées par un temps humide.
Le cultivateur à disques et dents Koralin 9 de Lemken a été testé sur 36 hectares par Mathieu Ondet, céréalier à Manthelan en Indre-et-Loire. Détail de ses impressions, après avoir déchaumé et détruit des repousses dans différentes situations, impactées par un temps humide.
Qualifié de déchaumeur scalpeur hybride par la firme allemande, le cultivateur Koralin 9 combine deux rangées de disques indépendants avec trois rangées de dents. Cette association est censée pallier la limite de capacité de pénétration des scalpeurs traditionnels, dont les dents à socs larges ont parfois du mal à rentrer en terre en conditions sèches ou avec des chaumes volumineux. Les disques préparent ainsi le travail des dents qui, avec leurs socs patte d’oie de 38 cm de large, scalpent toute la surface. La répartition des disques est conçue de manière à avoir un disque travaillant devant chaque pointe et deux disques positionnés devant les ailettes. Le travail préparatoire des disques limite aussi l’usure des dents. Afin de contrôler précisément la profondeur de travail de cet outil de 8,40 m de large qui déchaume superficiellement (5-6 cm durant l’essai), Lemken l’a doté de cinq roues de jauge, associées à l’essieu de transport qui agit également au travail. Le rouleau barre n’assure donc pas la fonction de terrage, il peut même être remplacé par une herse à quatre rangées de peignes pour remettre en surface les adventices. Le rouleau est aussi précédé d’une rangée de lames de nivellement et suivi d’une rangée de peignes.
Les conditions du test
Le scalpeur Koralin 9 a été utilisé par Mathieu Ondet durant une semaine, fin juillet 2021. Cet appareil de 8,40 m de large était attelé à un tracteur de 280 ch pesant 10,5 t. Il a évolué sur différentes parcelles, au déchaumage de blé, de colza et en deuxième déchaumage après un passage d’outil à disques indépendants. Le travail de ce déchaumeur a été impacté par les conditions humides de l’été dernier.
Les plus
+ Scalpage uniforme
+ Réglages intuitifs
+ Robustesse et finition soignée
Les moins
- Sensible au bourrage en conditions humides
- Report de charge sur le tracteur
- Roues étroites
Au travail « Il a sûrement plus de potentiel par temps sec »
Dans les chaumes de blé, que la paille soit broyée ou exportée, les conditions humides n’ont pas permis à l’outil de travailler efficacement, à cause de bourrages répétés. Avec la terre collante, la paille longue et humide se coince au niveau des lames de nivellement. Et lorsqu’on relève celles-ci, les bourrages apparaissent au niveau des dents. Le phénomène est accentué à l’arrière des roues de l’essieu central, par manque de dégagement. L’outil serait sûrement plus à l’aise dans des conditions plus sèches, car cette année, le travail n’est vraiment satisfaisant que derrière un premier passage de déchaumeur à disques. Sur les quelques portions où l’outil a pu travailler sans bourrage, le scalpage des chaumes est uniforme, avec un profil de sol bien plat. La vitesse de travail plafonne à 11-12 km/h et je pense qu’il ne faut pas être au-dessous pour bien valoriser l’association disques et dents. Le tracteur à pleine puissance consomme 10 à 12 l/ha.
Les résultats sont plus convaincants au déchaumage de colza. Le travail est même excellent dans les parcelles où il y avait de petits colzas, avec peu de résidus. En plus de déchaumer, l’outil scalpe la totalité des repousses et des mauvaises herbes qui sont laissées en surface. En revanche, dans les parcelles où les colzas sont plus gros et où les adventices sont plus développées, le phénomène de bourrage réapparaît au niveau de l’étançon des dents. Dans d’autres champs de colza déjà déchaumés, le Koralin est beaucoup plus à l’aise et démontre toute son efficacité pour détruire des repousses peu développées. En bout de champ, l’attelage du Koralin permet de tourner très court, même si sa largeur ne l’impose pas forcément. Je regrette que les vérins de la flèche agissent après ceux des roues, pour relever l’outil. À mon sens, il serait préférable que l’avant de l’outil sorte de terre avant l’arrière.
Pour les déplacements sur route, la longueur importante de l’outil (près de 10 m) ne le rend pas très maniable. Les roues de l’essieu de transport intégré dans l’outil sont étroites. Elles ne favorisent pas la stabilité en roulant, mais également lors des phases de repliage et dépliage de ce large déchaumeur. La forte pression de gonflage des pneus limite aussi leur débourrage en sortie de champ. Même s’il impose de disposer d’un tracteur équipé en conséquence, le freinage pneumatique est un avantage pour la sécurité.
À la loupe « Un outil complexe aux réglages simples »
La profondeur de travail des disques et des dents s’ajuste hydrauliquement de manière indépendante. La gestion des fonctions hydrauliques est particulièrement intuitive. Le bloc hydraulique, bien protégé à l’avant de l’outil, est alimenté par quatre distributeurs. Il pilote les nombreux vérins sans complexité pour l’utilisateur. Les vérins actionnant l’essieu central et les cinq roues de jauge sont reliés par un système maître-esclave assurant la planéité de l’outil. Les deux roues de jauge extérieures et l’essieu central se démarquent par leurs vérins à double fût, agissant à la fois sur le réglage de profondeur et le relevage de l’outil. Ce dernier repose ainsi sur quatre roues lors des demi-tours, un gage de stabilité.
Les socs patte d’oie de 38 cm de large sont montés directement sur des étançons rigides et protégés par une suspension à ressorts offrant un effort de 250 kg à la pointe et une hauteur de dégagement de 12 cm. Les socs travaillent bien à plat et le recroisement est suffisant pour scalper toute la surface.
Les deux rangées de disques de 510 mm de diamètre, montés sur lames-ressorts, sont bien connues chez Lemken, puisque ce sont celles du déchaumeur à disques indépendants Heliodor. Les disques sont surtout là pour préparer le travail des dents et ils ne doivent pas travailler trop profond. Comme ils disposent d’un réglage hydraulique indépendant, on peut vraiment affiner leur position depuis la cabine, après avoir ajusté la profondeur des dents. Et lorsque la première rangée est plus usée, il est possible de corriger leur position, grâce à un système de rattrapage d’usure, nécessitant de déplacer deux boulons sur les quatre biellettes reliant les trains de disques.
Le rouleau du Koralin n’ayant qu’une fonction d’émiettement, il n’impose pas de réglage précis. En revanche, la position des lames de nivellement est ajustable à l’aide de broches, tout comme la rangée de peignes. C’est aussi un avantage de pouvoir travailler sans rouleau, en le remplaçant par une herse à quatre rangées de peignes à réglage hydraulique, pour laisser au maximum les résidus et les adventices en surface. Cet équipement impose en revanche un cinquième distributeur.
Entretien « Quelques graisseurs et c’est tout ! »
Lemken a réduit au maximum les points d’entretien de son déchaumeur. On retrouve un point de graissage pour chacune des sept roues, à faire une fois par an. D’autres graisseurs se situent au niveau des articulations des vérins de repliage. Toutes les pièces travaillantes sont sans entretien et notamment les paliers de disques. Le démontage rapide des socs patte d’oie en retirant une seule clavette est vraiment appréciable.
Le regard de l’expert
( + ) Les repères gradués simplifient le réglage de la profondeur des dents et des disques de manière indépendante.
( + ) La conception du châssis et la finition, notamment l’intégration des composants hydrauliques, inspirent confiance. C’est conforme à la réputation du constructeur allemand.
( +/-) Le Koralin est un appareil entièrement traîné, posé sur sept roues qui suivent parfaitement le sol. Revers de la médaille, il n’y a aucun report de charge possible sur le tracteur.
(-) Les roues de terrage latérales assez étroites et de faible diamètre (le constructeur précise qu’une dimension 340/55-16 est disponible en option), mais aussi celles très gonflées de l’essieu central marquent le sol en conditions humides, notamment lorsqu’elles portent tout le poids de l’outil en fourrière.
La gamme - Deux modèles avec peu d’options
Le scalpeur Koralin 9 KUA se décline en deux largeurs de travail de 6,60 et 8,40 m. Mis à part le choix des socs patte d’oie DeltaCut disponibles, en option, en version renforcée par des plaquettes de carbure comme sur le modèle essayé, les possibilités de personnalisation se concentrent sur les équipements arrière. Trois rouleaux sont proposés : le FSW 400 à fers plats de 400 mm de diamètre, le FRW 540 de type flex ring de 540 mm et le double rouleau DRF 400/400 associant un modèle à tubes et un second à fers plats, montés sur articulation pendulaire pour un bon suivi du sol. Le rouleau peut être complété en option d’une rangée de peignes (dents de 12 mm de diamètre et 600 mm de long), comme sur le modèle essayé. Lorsque le Koralin travaille sans rouleau, ce dernier est remplacé par une herse à quatre rangées de peignes (13 mm de diamètre et 660 mm de long). Pour le semis de couverts, ce déchaumeur peut embarquer un semoir pneumatique de petites graines SeedHub avec des diffuseurs devant le rouleau.
Fiche technique
Lemken Koralin 9 840 KUA
Châssis : semi-porté repliable (3 parties)
Largeur de travail : 8,40 m
Nombre de disques : 55
Diamètre des disques : 510 mm
Espace entre disques : 15 cm
Espace entre rangées de disques : 90 cm
Nombre de dents : 28
Nombre de rangées de dents : 3
Espace entre dents : 30 cm
Largeur des socs : 38 cm
Dégagement sous bâti : 57 cm
Rouleau (type/diamètre) : barres 400 mm
Roues de transport : 385/65-22.5
Roues de jauge : 3 à l’avant 400/55-16 et 2 sur les côtés 10.0/75-15.3 (ou 400/55-16 en option)
Poids mesuré : 8 200 kg
Largeur/hauteur de transport : 3/4 m
Homologation routière : 25 km/h freinage pneumatique
Prix catalogue au 1er février 2022 du modèle essayé : 113 174 € HT (88 270 € HT en 6,60 m)