ESSAI : John Deere 6R 165 – « Un tracteur qui se bonifie avec le temps »
Wilfried Simonneau, salarié du Gaec de la Pradelle à Leignes-sur-Fontaine dans la Vienne, a découvert pendant une semaine le John Deere 6R 165 de 182 chevaux. Il nous détaille ses impressions.
Wilfried Simonneau, salarié du Gaec de la Pradelle à Leignes-sur-Fontaine dans la Vienne, a découvert pendant une semaine le John Deere 6R 165 de 182 chevaux. Il nous détaille ses impressions.
Reconnaissable à ses grands rétroviseurs peints en vert et à son design de capot inspiré des gammes supérieures, la dernière génération de tracteurs 6R commercialisée par John Deere l’an dernier privilégie le changement dans la continuité. Cette série compte désormais 14 modèles 4 et 6 cylindres couvrant une plage de puissances maxi de 121 à 275 ch, qui atteint de 135 à 301 ch avec le boost, désormais disponible pour les travaux sollicitant le circuit hydraulique, en plus de son activation au transport ou à la prise de force. Quatre modèles supplémentaires ont fait leur apparition : 6R 140 et 6R 150 à moteur 4 cylindres ; 6R 165 et 6R 185 à 6 cylindres.
Pas de changement côté transmissions : la variation continue AutoPowr du tracteur essayé est la seule à être disponible sur l’ensemble de la gamme. Elle est complétée selon les modèles par la semi-powershift AutoQuad Plus. Enfin, les 6 cylindres jusqu’au 6R 215 (sauf le 6R 185) peuvent recevoir la transmission à double embrayage DirectDrive.
En cabine, le tableau de bord disparaît, remplacé par un écran sur le montant droit. Sur l’accoudoir multifonction équipé du monolevier optionnel CommandPro, le joystick hydraulique multiplie les boutons personnalisables et intègre un système de déverrouillage détectant la présence de la main.
Les nouveaux 6R inaugurent aussi la fonctionnalité 1-Click-Go-AutoSetup, qui facilite la configuration du tracteur et des matériels attelés, depuis le PC en amont des chantiers.
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Les conditions du test
Le John Deere 6R 165 a préparé les semis de maïs en mai dernier avec deux déchaumeurs portés à dents vibrantes : un Köckerling Allrounder de 6 m et un Kongskilde Vibroflex de 5,50 m. Les trajets entre les parcelles permettant de juger son comportement routier.
Les plus
Simplicité des commandes
Capacité de traction
Espace en cabine
Ergonomie du monolevier
Les moins
Accès pour l’entretien
Décalage ligne de guidage
Volume réservoir GNR
Au travail « Une puissance qui passe bien au sol »
Avec le déchaumeur de 6 m intervenant à une profondeur de 10 cm sur une terre déjà travaillée, le tracteur avance à 9 km/h sans difficulté. Avec la masse de 1,15 t sur le relevage avant, il est très bien équilibré, le taux de patinage ne dépassant jamais les 5 %. Le moteur est pêchu et la gestion de la transmission est réactive : le régime moteur régule autour de 1 700 tr/min. En bout de champ, la direction à démultiplication variable est très réactive et comme les roues braquent bien, ça rend le tracteur vraiment maniable. Le système de guidage m’a paru simple d’utilisation et très précis avec la correction SF3. Et même avec la correction gratuite SF1, le niveau de précision est déjà remarquable. J’ai aussi apprécié le détourage des parcelles : on peut créer plusieurs bordures dans le même champ. En revanche, quand on décale la ligne de guidage, il ne faut pas oublier de réactiver le GPS, ce qui m’est arrivé. Dommage également que le guidage ne soit pas actif en marche arrière.
En reprise d’hiver sur des terres difficiles, le 6R est plus sollicité par le Vibroflex réglé à 10 cm de profondeur. J’ai volontairement limité le régime moteur à 1 800 tr/min pour préserver la consommation, mais aussi pour ne pas trop entendre le moteur. L’insonorisation de la cabine pourrait en effet être encore améliorée. Le moteur a de la ressource pour maintenir une vitesse de 10 km/h les trois quarts du temps. Avec cet outil, la consommation de GNR atteint 30 l/h. Au global, avec les deux outils, le tracteur a consommé 6,5 l/ha. Les 322 l du réservoir pourtant optionnel ne me paraissent pas suffisants pour de grosses journées de travail. En revanche, le petit réservoir d’AdBlue se vide très lentement, preuve d’une consommation très faible. Les séquences de bout de champ s’enregistrent sans difficulté depuis le terminal, mais uniquement à l’arrêt.
Sur la route, le travail des suspensions est remarquable. Le pont avant suspendu John Deere, qui ne date pas d’hier, n’a pas à rougir face aux conceptions plus récentes. À haute vitesse, la vigueur du moteur témoigne de la présence du boost. J’aurais bien aimé faire du transport avec de la charge pour confirmer ce ressenti de réserve de puissance, dont dispose ce tracteur au gabarit idéal pour ce type de tâche. Le pilotage de la transmission avec le levier CommandPro est un régal. On retrouve la logique de nos Fendt avec des détails en plus, comme le cran vers l’avant pour atteindre la vitesse maxi et vers l’arrière pour s’arrêter. En le basculant sur la gauche, la vitesse d’approche en marche avant et arrière est très précise et sécurisante pour atteler les outils.
L’attelage arrière est bien pensé. Je trouve que les distributeurs sont idéalement placés : on les branche facilement, grâce aux manettes de décompression. Les commandes sur les ailes sont très accessibles, mais il est étonnant que le pilotage d’un distributeur soit en option. Le tracteur est équipé de prises Isobus à l’arrière, mais aussi au niveau du relevage avant. Rien à redire sur le système d’éclairage full led, qui offre une visibilité impressionnante de nuit.
En cabine « De l’espace et une ergonomie sans faille »
La cabine à quatre montants est très spacieuse, notamment en largeur. Les grandes surfaces vitrées sont propices à la visibilité. Sur l’avant, malgré le capot un peu long qui n’est pas plongeant, la vue reste bien dégagée, grâce à la largeur du pare-brise et à un système de dépollution peu encombrant au coin de la cabine. À l’arrière, la visibilité est meilleure sur l’outil que sur le piton. On dispose d’une porte à droite qui me paraît superflue, surtout si l’on souhaite installer des boîtiers, qui vont la condamner. L’habitacle est bien fini et dispose de nombreux rangements, mais aussi de prises à profusion, notamment des USB. Les trois porte-gobelets font regretter le compartiment réfrigéré optionnel ! La climatisation pilotée depuis l’accoudoir et le terminal est réglable à souhait.
Les commandes sont toutes rassemblées sur l’accoudoir multifonction à l’ergonomie sans faille. Il ne reste que les réglages des rétroviseurs et l’autoradio au niveau du pavillon, mais on ne touche pas à ce dernier car il se contrôle aussi depuis l’accoudoir. L’identification des fonctions est efficace. J’ai bien aimé la commande fingertip proportionnelle pour le relevage, qui permet d’être très précis lorsqu’on attelle un outil. On dispose de quatre boutons personnalisables, utiles notamment pour les séquences de bout de champ. Mais le top de la personnalisation se retrouve au niveau du joystick CommandPro qui dispose de 11 boutons configurables pilotés du pouce et de l’index. Ça peut faire peur au début, mais on s’y habitue très rapidement avec l’interface très intuitive qui s’affiche sur le terminal. Ce levier ne dispose que de trois commandes non modifiables dédiées à la transmission : les deux vitesses cibles, la molette de réglage de la vitesse et la réactivité de la transmission. Cela permet à un conducteur novice de maîtriser rapidement l’avancement du tracteur. J’ai très peu utilisé le joystick hydraulique, mais son ergonomie et ses boutons personnalisables sont sûrement appréciables avec un chargeur ou un outil riche en fonctions hydrauliques.
Le terminal regroupe tous les réglages du tracteur. Son grand écran et sa qualité d’affichage le rendent agréable à utiliser. J’ai tout de suite adopté les deux rangées de boutons implantés en dessous, qui permettent un accès rapide à certaines fonctions. L’affichage avec différentes pages est simple à configurer. On passe aisément de la page principale à celle de guidage, même si ça manque parfois d’un peu de réactivité. Il faudra attendre le nouveau terminal G5 plus grand et plus rapide, qui équipera les 6R en 2024 pour avoir une solution encore plus aboutie.
L’écran latéral qui fait office de tableau de bord est bien lisible, mais il n’est malheureusement pas configurable. Il manque selon moi d’intérêt. Je l’ai d’ailleurs rarement consulté, préférant me référer au terminal de l’accoudoir.
Entretien « Trop de capots boulonnés »
Il ne suffit pas de soulever le capot pour accéder à tout le compartiment moteur. On atteint uniquement les radiateurs, le préfiltre à gazole positionné devant et le filtre à air perché au-dessus. L’accès à ce dernier n’est pas évident. Un seul des radiateurs coulisse pour faciliter le nettoyage, sinon il faut se contenter de deux tamis. L’intercooler dispose de son propre ventilateur dont le sens de rotation est inversé régulièrement pour le dépoussiérer. Dommage qu’il faille démonter les panneaux latéraux boulonnés pour atteindre les filtres à huile et gazole. Heureusement que l’on dispose d’une petite trappe dans le capot pour vérifier la jauge à huile moteur. Au niveau du marchepied de droite, on dispose d’un accès à la borne de la batterie. Une trappe permet aussi de se brancher sur la batterie. Mais s’il faut la changer, c’est tout le marchepied qu’il faut démonter. Le filtre d’habitacle est facilement accessible au niveau de l’attelage arrière, mais il me paraît exposé à la poussière générée par l’outil.
Fiche technique
John Deere 6R 165
Moteur
Puissance au régime nominal (ECE-R120) : 165 ch à 2 100 tr/min
Puissance maxi sans/avec boost (ECE-R120) : 182/213 ch à 1 900 tr/min
Couple maxi sans/avec boost : 773/842 Nm à 1 600 tr/min
Cylindrée : 6 788 cm3
Norme et système de dépollution : stage V avec EGR, DOC, FAP et SCR
Capacité d’huile du moteur : 24 l
Intervalle d’entretien : 750 h
Transmission
Type : variation continue
Régime moteur à 50 km/h : 1 672 tr/min
Régimes de prise de force et régimes moteur correspondant : 540E, 1000 et 1000E à 1 567, 1 970 et 1 657 tr/min
Circuit hydraulique
Type : centre fermé load sensing, avec pompe à débit variable
Débit : 155 l/min
Volume d’huile hydraulique exportable : 45 l
Nombre de distributeurs de série : 3 électriques
Relevage
Capacité maxi aux rotules (arrière/avant) : 8 100/4 000 kg
Dimensions
Capacité du réservoir de GNR/AdBlue : 322/16l
Hauteur hors tout : 3,08 m
Empattement : 2,76 m
Poids à vide : 8 120 kg
PTAC : 11 750 kg
Monte pneumatique du modèle essayé : 650/65 R42 et 600/65 R28
Budget
Prix catalogue du modèle essayé au 1er juillet 2023 : 207 537 euros HT