[ESSAI] - JCB Telescopic 532-70 AgriPro DualTech VT - L’habitabilité et la visibilité comme points forts
Thierry Chanu, agriculteur à Valdallière près de Vire dans le Calvados et utilisateur chevronné de chargeurs télescopiques, s’est révélé comme l’essayeur idéal pour évaluer le JCB 532-70 AgriPro.
Thierry Chanu, agriculteur à Valdallière près de Vire dans le Calvados et utilisateur chevronné de chargeurs télescopiques, s’est révélé comme l’essayeur idéal pour évaluer le JCB 532-70 AgriPro.
Lancée début 2019, la série III de chargeurs télescopiques agricoles JCB se compose aujourd’hui de sept appareils levant de 6 à 9,5 mètres et présentant une capacité maximale de charge de 3,2 à 6 tonnes. Ces engins profitent de la cabine Command Plus entièrement redessinée et d’un abonnement de cinq ans au système de télématique LiveLink. Ils logent, selon les modèles, les motorisations JCB EcoMax de 4,4 et 4,8 litres, délivrant 110, 125 et 145 chevaux. Quatre variantes de transmission sont disponibles selon la puissance et la finition : powershift à 4 vitesses, TorqueLock 4 et TorqueLock 6 (quatre et six vitesses powershift avec verrouillage du convertisseur de couple) et DualTech VT. Cette dernière version, équipant le Telescopic 532-70 AgriPro de 145 chevaux essayé, comprend une unité hydrostatique active de 0 à 19 km/h et un module à trois vitesses sous charge opérationnel entre 20 à 40 km/h. Elle propose le mode Flexi permettant de régler indépendamment l’allure d’avancement et le régime moteur. L’appareil dispose alors d’un accélérateur à main et d’un limiteur de vitesse. Le pont avant de ce chargeur télescopique se désactive automatiquement au-delà de 19 km/h, ou à l’aide d’une commande électrique. Il est équipé d’un différentiel à glissement limité.
Les conditions du test
L’essai du Telescopic JCB s’est déroulé sur deux semaines en mars. L’engin a réalisé différentes tâches dans les cours, telles que le remplissage de la remorque mélangeuse ou le curage de bâtiments. La météo clémente a aussi permis de le tester au champ au chargement d’épandeurs à fumier.
Les plus
+ Visibilité à droite
+ Habitabilité
+ Transmission Dualtech VT
Les moins
- Hauteur d’accès en cabine
- Proéminence du nez de flèche
- Position du rétroviseur gauche
Au travail « Des mouvements vifs et une transmission précise »
La visibilité est un des gros points forts du Telescopic JCB de la série III. Elle est même pour moi exemplaire du côté droit, grâce au capot bien dessiné et à l’ancrage bas du bras. Cela permet de manœuvrer sereinement dans les cours de l’exploitation et dans les silos couloirs. Comme le pare-brise panoramique dégage la vue sur l’outil durant toute la levée, c’est idéal pour empiler des balles. Le seul problème est le manque de vision sur la partie droite du godet multiservice, lorsqu’il se trouve entre 1,5 et 2 mètres du sol, à cause du nez de flèche trop imposant. Cela s’avère notamment gênant pour la reprise d’ensilage. La suspension de flèche apporte du confort et a le mérite de se désengager en dessous de 4 km/h pour manœuvrer le bras avec précision.
Les mouvements du bras sont très rapides, notamment la descente grâce au système de régénération hydraulique qui dispense d’accélérer. Il faut donc manier avec souplesse le joystick pour ne pas se faire surprendre, afin de ne pas laisser l’outil tomber brusquement au sol. Au fumier, la vivacité couplée au moteur de 145 chevaux, à mon avis trop puissant pour ce modèle de 3 200 kg de capacité, permet de prendre de sacrées fourchées, parfois même trop grosses. En effet, l’engin se trouve vite délesté de l’arrière, enclenchant régulièrement le blocage des mouvements aggravants. Heureusement, les boutons gérant cette sécurité sont facilement accessibles sur le montant avant droit de la cabine : deux impulsions sur une touche suffisent à réactiver les fonctions et à supprimer le bip sonore.
Sur la route, en solo, le JCB atteint rapidement 43 km/h au compteur. Avec la bétaillère chargée, il peine un peu en montant les côtes, mais cela reste acceptable. La transmission DualTech VT passe du module hydrostatique (0 à 19 km/h) à l’unité powershift (20 à 40 km/h) sans intervention du chauffeur et sans aucun à-coup. Cette solution hybride permet de manœuvrer à faible allure avec précision, grâce à l’hydrostatique, et de bénéficier à grande vitesse du meilleur rendement des rapports powershift.
Le verrouillage hydraulique de l’outil évite de descendre de la cabine, mais il demande de connaître la procédure, afin d’actionner les bons interrupteurs. Lors du changement d’outil multifonction, la décompression de la ligne auxiliaire s’effectue, soit depuis le poste de conduite, soit à l’aide d’un bouton placé devant la cabine. Dommage que les prises hydrauliques trop proches les unes des autres rendent difficile le raccordement des flexibles. Autre souci, l’architecture du tablier porte-outils fait qu’il s’est rempli de fumier et m’a obligé à décrocher le godet multifonction pour le laver.
En cabine « De grandes surfaces vitrées et des commandes ergonomiques »
La cabine Command Plus se caractérise par son habitabilité. Elle est d’ailleurs 19 cm plus longue et 5 cm plus large que celle des télescopiques JCB de précédente génération. En plus du pare-brise panoramique, la planche de bord épurée au dessin plongeant et l’implantation à sa droite du terminal de contrôle dégagent bien la vue sur le pont avant et l’outil posé au sol. La vitre arrière gauche agrandie procure une parfaite visibilité sur le côté. Celle de droite, également plus grande, ne dispose toujours pas d’essuie-glace. Si les rétroviseurs de droite sont efficaces, celui de gauche est particulièrement mal placé, car il est dans l’axe de l’essuie-glace au repos. Les phares supérieurs de la cabine reflètent en plus dedans. Ces feux de travail (onze à leds sur le modèle essayé) font preuve d’une efficacité redoutable.
Certes, la cabine procure une excellente visibilité, mais elle me semble assez haute perchée avec deux marches pour accéder à bord. La poignée articulée sur le montant droit est astucieuse, car elle s’escamote pour ne pas entraver le passage. La colonne de direction à mémoire est appréciable et se contrôle avec deux leviers. Le premier ajuste le volant en hauteur et en inclinaison. Le second dégage la colonne pour sortir et la remet sur sa position réglée lors du retour aux commandes. Le coffre situé juste devant la cabine sur les anciens Telescopic a disparu au profit d’un espace sous l’assise, où se cache désormais la clé pour resserrer les roues. D’autres rangements sont disponibles, tels qu’une tablette à droite derrière l’accoudoir, un bac amovible et un porte-bouteilles derrière le siège. Le porte-gobelet situé à gauche du tableau de bord est muni d’un drain pour évacuer le liquide à l’extérieur. Pour maintenir le sol propre, le tapis dispose de rebords assez hauts et se retire facilement pour le nettoyage.
Le joystick proportionnel prend place en bout de l’accoudoir solidaire du siège à suspension pneumatique. Il intègre à l’arrière de son pommeau le bouton d’inverseur, évitant ainsi de lâcher le volant pour agir sur le levier situé à gauche. Il loge également les commandes de la suspension de flèche et de secouage de l’outil, pour décoller la matière du godet, par exemple. Pour suivre les paramètres de l’engin, tout est indiqué sur l’écran de 7 pouces, dont la navigation s’effectue à l’aide d’un clavier et d’un sélecteur rotatif placés en bout d’accoudoir. Ce terminal s’utilise pour régler les débits hydrauliques et indique en permanence les informations relatives à la transmission, les niveaux de GNR et d’AdBlue, l’allure, la température et le régime moteur. Il affiche également les données du système de chauffage et de climatisation automatique. Ce dernier compte 12 bouches d’aération bien réparties.
Entretien - Un compartiment moteur assez dense
Protégé par un capot verrouillé à clé, le moteur en position transversale est enfermé dans un caisson en acier. Ce compartiment, à l’agencement assez dense, renferme notamment le catalyseur SCR (AdBlue) et le silencieux d’échappement. Le filtre à air, situé en partie supérieure, est assez facile d’accès, comme la jauge à huile moteur, les filtres à huile et à carburant. Les refroidisseurs du moteur et de la transmission s’entrebâillent, sans outil, pour faciliter leur nettoyage. Une grande trappe boulonnée sous le châssis donne accès au démarreur, par exemple. À l’arrière de l’engin, une trappe s’ouvrant avec une clé carrée dégage une banque de graisseurs lubrifiant les vérins de levage et de compensation, ainsi que l’oscillation du pont arrière. Pour maintenir propres les grilles d’admission d’air, le ventilateur de refroidissement à vitesse variable voit son sens de rotation inversé automatiquement toutes les 15 minutes.
Fiche technique Telescopic JCB 532-70 AgriPro DualTech VT
HOMOLOGATION
Catégorie : tracteur agricole T1A
Vitesse maxi : 40 km/h
PTRA : jusqu’à 40 t
MOTEUR
Puissance nominale : 145 ch à 1 800 tr/min
Couple maxi : 560 N. m à 1 500 tr/min
Norme et système antipollution : stage IV (Tier 4F) avec EGR et SCR
TRANSMISSION
Type : hybride/module hydrostatique et module powershift
Nombre de vitesses : 4 av./4 ar.
CIRCUIT HYDRAULIQUE
Type, débit et pression : pompe à cylindrée variable LS, 140 l/min, 241 bars
CAPACITÉS DE FLÈCHE
Hauteur de levage (point de pivot) : 7 m
Capacité maxi : 3 200 kg
Portée avant maxi : 3,7 m
Charge à la portée maxi : 1 400 kg
DIMENSIONS
Capacité du réservoir à carburant/AdBlue : 169/21 l
Hauteur hors tout : 2,49 m
Garde au sol : 44 cm
Empattement : 2,75 m
Poids à vide : 8 370 kg
Rayon de braquage extérieur aux roues : 3,7 m
Monte pneumatique du modèle essayé : Michelin 460/70 R24 XMCL
BUDGET
Prix catalogue au 1er juin 2020 sans/avec options (en € HT) : 119 565/120 307 €