ESSAI : JCB Fastrac 4220 iCON – « Un tracteur qui mise beaucoup sur le confort »
Arnaud Lamiral, agriculteur à Minot en Côte-d’Or, a goûté à la conduite du tracteur Fastrac 4220 iCON durant une dizaine de jours. Bilan de ses impressions.
Arnaud Lamiral, agriculteur à Minot en Côte-d’Or, a goûté à la conduite du tracteur Fastrac 4220 iCON durant une dizaine de jours. Bilan de ses impressions.
En prenant l’appellation iCON, la dernière génération de tracteurs JCB Fastrac 4000 a bénéficié d’une refonte complète de l’aménagement intérieur de sa cabine. Fidèles à leur châssis à suspension intégrale, les trois modèles (178 à 235 ch maxi) conservent leurs six cylindres 6,6 l et leur transmission à variation continue fournis par Agco. Ils reçoivent un nouvel ordinateur de bord de 7 pouces solidaire de la colonne de direction, ainsi qu’un accoudoir multifonction modernisé, accueillant à son extrémité un écran tactile de 12 pouces. Deux joysticks trônent sur l’accoudoir, dont le principal dédié à la transmission et l’autre aux distributeurs hydrauliques, en complément des quatre interrupteurs fingertips. Ces deux monoleviers intègrent plusieurs boutons configurables depuis le terminal. Les Fastrac iCON bénéficient d’un pilotage simplifié de la transmission. Les modes de conduite au joystick et à la pédale d’accélérateur restent activés en permanence et le chauffeur passe de l’un à l’autre en toute transparence.
Un terminal plus moderne
Le terminal iCON propose un nouvel environnement et accède à la technologie Isobus pour le pilotage des outils (commandes configurables sur les joysticks). Personnalisable, il offre la possibilité de mémoriser jusqu’à 50 profils différents, selon le chauffeur ou la machine utilisée. Il intègre aussi les solutions de guidage développées par JCB, ainsi que la coupure de sections et la modulation de dose. La nouvelle gestion des automatismes de bout de champ répertorie jusqu’à 50 séquences comportant chacune jusqu’à 50 étapes.
Les conditions du test
Essayé à la mi-août, le Fastrac a fait ses preuves à la traction avec une charrue 5 corps en 14 pouces et un déchaumeur à dents vibrantes de 5,60 m. Il a également passé une herse à paille à vive allure et épandu du fumier composté avec un appareil à caisse étroite chargé à 15 tonnes.
Les plus
Les moins
Au travail « Il fait la différence quand le rythme s’accélère »
Au labour avec la charrue plantée à 15-20 cm, le Fastrac s’en sort plutôt bien, alors que ce genre de tâche n’est pas censé être son terrain de prédilection. Avec la masse de 1 200 kg sur le relevage avant et celle de 900 kg posée sur la sellette, l’équilibre est bon. La gestion moteur/transmission est réussie, le régime moteur se stabilise rapidement à 1 800 tr/min pour une vitesse de 11-12 km/h. Je trouve que ça manque juste un peu de réactivité, quand on se relance à basse vitesse. En bout de champ, les quatre roues directrices rendent le tracteur très maniable. L’automatisme de bout de champ est facile à mettre en œuvre, tout en offrant un paramétrage très complet. Il est par exemple possible de choisir quatre modes différents de déclenchement des étapes (manuel, instantané, temps ou distance). On peut aussi définir une hauteur de relevage pour déclencher la fonction suivante.
Pour les travaux plus rapides, à 15 km/h avec le déchaumeur à dents ou à 20 km/h avec la herse à paille, le JCB offre un confort de conduite exceptionnel. La suspension intégrale gomme toutes les dénivellations du terrain et corrige les effets de tangage et de roulis. À ces vitesses, la correction GPS Egnos manque de précision. Dans le pilotage de la transmission, on peut choisir entre deux modes de fonctionnement, mais je préfère celui où j’actionne l’inverseur en basculant le levier à gauche et le régulateur de vitesse à droite. J’ai peu utilisé le levier d’inverseur au volant, car il ne dispose pas de position parking.
Lors des trajets routiers avec l’épandeur, je me sens en sécurité. Le Fastrac mérite vraiment sa réputation. On ne sent pas la vitesse, on se croirait dans un camion. Le système de freinage est particulièrement efficace, mais je l’ai trouvé parfois bruyant. Au moment de reprendre la route, il faut penser au changement de gamme, qui impose d’être à l’arrêt. Ne pas oublier non plus de repasser en deux roues directrices, car la désactivation automatique des quatre roues directrices à 25 km/h peut surprendre, si l’on se trouve dans une courbe. On peut aussi abaisser cette vitesse seuil dans les réglages personnalisés. Dans les champs avec l’épandeur chargé, les 240 chevaux du moteur ne sont pas de trop pour avancer à 10-11 km/h dans une parcelle vallonnée.
L’attelage arrière est accessible pour accrocher un outil. Sa position très éloignée de la cabine oblige JCB à installer une caméra sur un mat pivotant : en position basse pour la vue sur le piton et en position haute pour la vue sur l’outil. En raison des roues arrière directrices, les bras de relevage sont coudés et positionnés en biais. Le piton d’attelage monté sur échelle n’est pas facile à ajuster en hauteur, car il nécessite de retirer de nombreuses goupilles. Les connexions du freinage pneumatique sont super accessibles, mais je trouve qu’elles dépassent un peu trop.
En cabine « Un habitacle spacieux et une ergonomie soignée »
La cabine du Fastrac fait la différence par sa largeur. On a vraiment un sentiment d’espace, le passager dispose d’un grand siège et celui du chauffeur peut beaucoup pivoter. Le large pare-brise profite à la visibilité sur l’avant, malgré un capot moteur pas très fin. La position centrale de la cabine et la présence d’une sellette compliquent en revanche la visibilité sur l’arrière. Il faut composer avec les images affichées sur le terminal issues de la caméra de l’attelage. La finition est soignée, tout comme l’insonorisation. La clim fonctionne parfaitement et l’on dispose d’un gros bac réfrigéré sous le siège passager. Je reste en revanche sur ma faim pour les autres espaces de rangement, compte tenu de la taille de la cabine.
Les commandes sont principalement regroupées sur l’accoudoir multifonction et le montant droit, avec une identification claire. Les deux joysticks de l’accoudoir sont agréables à manipuler. Celui dédié à la transmission offre un pilotage intuitif. Un bouton permet de définir une vitesse cible et deux autres de rappeler deux vitesses mémorisées. La commande de frein à main se situe à la base du montant droit : je regrette l’absence d’un enclenchement automatique. Le levier principal dispose aussi de cinq boutons configurables, tout comme le joystick hydraulique qui en propose quatre. Les quatre leviers fingertips changent de couleur en fonction de l’affectation des distributeurs pour s’y retrouver très facilement. Les commandes des deux relevages sont bien pensées, il ne manque que des boutons d’approche pour celui de l’avant. Si les deux rangées de boutons dédiées à la clim et à l’autoradio sont pratiques, ceux activant les régimes moteur mémorisés sont en revanche un peu mal placés sur le côté de l’accoudoir : on peut les toucher avec la cuisse.
Les nombreuses commandes alignées sur le montant offrent un accès direct aux réglages de la suspension, de la direction, de deux sélections de phares mémorisées et des trois modes de direction.
Le terminal iCON est lisible et simple à appréhender avec cinq pages que l’on fait défiler. Dommage de ne pas pouvoir configurer l’affichage pour moduler la surface dédiée à certaines fonctions. Je trouve par exemple que la vue de l’outil Isobus n’est pas assez grande. On dispose aussi de quatre touches de raccourci pour la configuration des commandes, la radio, le téléphone et la clim. La personnalisation des paramètres est vraiment un atout de ce terminal : c’est hypercomplet pour les fonctions hydrauliques, un peu moins pour l’autoguidage GPS. Il est possible de verrouiller certains paramètres pour un conducteur novice.
L’écran du tableau de bord donne un accès direct aux paramètres de base pour la conduite du tracteur, mais selon la position du volant, il n’est pas toujours très visible. Je l’aurais préféré sur le montant.
Entretien « La gauche du moteur bien fournie »
Le capot ne dégage qu’une partie du compartiment moteur. À l’avant, les radiateurs se déploient suffisamment pour bien les nettoyer. Positionné à gauche au-dessus du moteur, près de la cabine, le filtre à air n’est pas du tout évident à atteindre. Du même côté, après avoir retiré un panneau latéral, on accède plus facilement aux filtres à huile et gazole, qui sont bien regroupés. Pas de souci non plus pour la jauge à huile, qui se vérifie sans bouger de capot. Toujours à gauche, le filtre d’habitacle se situe juste au-dessus de la troisième marche du large marchepied. De part et d’autre de ce dernier, le remplissage d’huile hydraulique et d’AdBlue s’effectue à hauteur d’homme. Les orifices de remplissage de GNR et d’huile de transmission sont en revanche plus haut perchés. En faisant le tour du tracteur, une trappe s’escamote à côté du marchepied pour atteindre un compartiment où se trouvent un embout de prise de force, le réservoir de liquide lave-glace et le coupe-batterie. Au-dessus, la boîte à outils est fixée sur une plaque, qui se dévisse pour atteindre la batterie.
Fiche Technique
JCB Fastrac 4220 iCON
Moteur
Puissance maxi (97/68 CE) : 240 ch à 1 900 tr/min
Couple maxi : 950 Nm à 1 450 tr/min
Cylindrée : 6 596 cm3
Norme et système de dépollution : Stage V avec DOC + FAP + SCR
Capacité d’huile du moteur : 21 l
Espace entre chaque vidange : 600 h
Transmission
Type : variation continue
Régime moteur à 50 km/h : 1 560 tr/min
Régimes de prise de force et régime moteur correspondant :
540/540E/1000/1000E à 1 850/1 500/1 850/1 500tr/min
Circuit hydraulique
Type : load sensing
Débit : 195 l/min
Volume d’huile hydraulique exportable : 60 l
Nbre de distributeurs de série : 6
Relevage
Capacité maxi aux rotules (ar/av) : 8 000/3 500 kg
Dimensions
Capacité du réservoir (GNR/AdBlue) : 390/45 l
Hauteur hors tout : 3 m
Empattement : 2,98 m
Rayon de braquage mini : 6 m
Poids à vide (avec masse de 900 kg sur la sellette) : 10 100 kg
PTAC : 14 000 kg
Monte pneumatique : 600/70 R30
Budget
Prix catalogue du modèle essayé au 01/04/24 : 278 553 euros HT