Essai Deutz-Fahr 6180 TTV – « Un tracteur de 180 chevaux compact, mais lourd »

Au travail – « Ce tracteur a la niaque »

J’ai réglé ma charrue 5 corps à une profondeur de 22 cm. Dans une parcelle de terre limono-argileuse encore bien humide, le tracteur évolue au régime moteur de 1 100 tr/min à 4,8 km/h, et jusqu’à 9,5 km/h à 1 700 tr/min. Il ne montre pas de signe de faiblesse : au contraire, il a plutôt la niaque. Il se révèle plutôt silencieux, grâce certainement à l’espace séparant le moteur de la cabine. J’entends principalement le bruit de fonctionnement de la transmission. En bout de champ, la fonctionnalité EasySteer réduisant le nombre de tours de volant facilite clairement les manœuvres. La gestion automatique du blocage du différentiel des ponts avant et arrière se révèle efficace et reposante, au vu des conditions difficiles de cet essai. Ce tracteur d’un gabarit plutôt petit affiche un poids à vide mesuré de 8,4 t, soit le même que celui de mes tracteurs développant 230 ch. Il a suffi d’une masse avant de 1,2 t pour emporter sans difficulté la charrue Grégoire Besson assez lourde à double roue de jauge.

J’ai utilisé le Deutz-Fahr 6180 TTV avec le Pöttinger Synkro 3500 pour réaliser le déchaumage de la dernière chance, afin de pouvoir semer du blé. Malgré les conditions extrêmes, il s’en est aussi bien sorti que mon tracteur de 230 chevaux équipé de pneumatiques larges et en travaillant entre 15 et 18 cm. Le confort en cabine est bon, grâce au pont avant suspendu par deux vérins à la sensibilité et à la souplesse réglables depuis le tableau de bord. Il est aussi assuré par la suspension pneumatique en deux points de la cabine. Les séquences de bout de champ sont faciles à programmer, mais l’accès à leur menu dans le terminal pourrait être plus intuitif. Le paramétrage du guidage par GPS manque également de facilité. La configuration des lignes et des corrections de guidage s’effectue par des boutons tactiles sérigraphiés d’un symbole peu explicite. Il serait judicieux d’ajouter un mot-clé sous ceux-ci, afin de mieux les identifier.

Sur la route, avec la benne de 16 tonnes, le tracteur semble légèrement plus mou à haute vitesse qu’au champ. Toutefois, il propose une fonction permettant de bénéficier de toute la puissance du moteur et la nervosité de la transmission lors des départs arrêtés et ce jusqu’à 15 km/h. Cette fonctionnalité se révèle très intéressante dans mon cas, comme mon exploitation se situe en zone périurbaine avec des intersections fortement dangereuses par manque de visibilité. Elle permet ainsi de s’engager rapidement sur la route, limitant les risques d’accident. Une fois lancé, le Deutz-Fahr 6180 TTV tient aisément les 40 km/h à un régime moteur de 1 300 tr/min. Il bénéficie d’un frein moteur plutôt efficace. Sur le plan de la visibilité, je regrette que la combinaison de l’échappement, du montant de droite et des rétroviseurs latéraux, engendre un angle mort sur la route de presque 1 m de large.

Positionnés assez haut, les distributeurs hydrauliques sont différenciés par un code couleur au niveau de l’attelage arrière, alors qu’ils sont identifiés en cabine par des numéros. L’utilisateur affecte à sa guise, depuis le terminal, chaque distributeur à la commande de son choix. C’est dommage que le tracteur ne soit pas équipé de leviers de décompression. La prise électrique 7 plots étant placée au-dessus des distributeurs, j’ai dû rallonger le fil de la remorque. J’ai fortement apprécié les leds dans les ailes éclairant les commandes des distributeurs, de la prise de force et des bras de relevage.

En cabine - Un habitacle étroit

Deutz-Fahr conserve pour l’ensemble de ses tracteurs une cabine à six montants aux grandes surfaces vitrées et bien insonorisée. C’est regrettable qu’elle soit si étroite. Je suis à la limite de toucher le plafond lorsque je m’installe à bord. Avec le siège reculé à fond, mon genou droit reste plié en angle droit, une position peu confortable. Le volant, quant à lui solidaire du tableau de bord, ne remonte pas suffisamment lorsque je quitte la cabine, au risque de me cogner dessus. Le coupe-batterie placé à gauche sur la colonne de direction est à mon sens mal positionné. Le passager pourrait risquer de l’activer par mégarde avec ses genoux. Par conséquent, cette cabine étroite laisse place à une glacière et deux boîtes à gants d’une capacité très limitée.

L’accoudoir principal ne dispose pas d’emplacement pour poser le téléphone. Ce dernier peut toutefois se fixer sur le support placé sur le montant avant droit de la cabine. Il existe également un second support acceptant une tablette numérique tactile. Cette dernière, par connexion Wi-Fi avec le terminal du tracteur, peut dupliquer l’affichage simple de l’écran du GPS, ainsi que celui des fonctions Isobus de l’outil. En ce qui concerne l’environnement de conduite, le constructeur a bien pensé le code couleur des boutons. Tout ce qui est vert correspond aux commandes de relevage, orange pour la transmission et le moteur, et bleu pour l’hydraulique. Sur le joystick principal, les boutons pour contrôler le relevage avant son placés assez haut, nécessitant de déplacer son poignet.

Le tableau de bord du tracteur est bien pensé et bien lisible. Il affiche de nombreuses informations, telles que l’affectation des distributeurs hydrauliques, les paramètres du moteur et les séquences de bout de champ. Je regrette la nécessité de devoir couper la radio, afin d’enlever sur l’écran central l’affichage de la station, pour visualiser le compteur des heures moteur. L’emplacement des boutons pour l’utilisation du tracteur devrait être un peu plus regroupé. Par exemple, les rétroviseurs droits se règlent depuis le bouton placé sur le toit du même côté. Pour les rétroviseurs gauches, la commande se situe de l’autre côté. La poignée pour ouvrir le hayon arrière manque, elle, de praticité.

Entretien - Une cinématique bien pensée pour les contrôles journaliers

Le tracteur est plutôt bien conçu en termes d’accessibilité pour l’entretien périodique et les contrôles journaliers. La jauge à huile moteur est située à gauche à hauteur d’homme. Les autres niveaux d’huile (ponts, transmission, hydraulique) sont facilement visibles en un clin d’œil. Je regrette que l’ouverture du capot moteur ne puisse pas se faire à l’aide de la clé de contact du tracteur. Le filtre à air se place tout à l’avant, devant les radiateurs montés en accordéon. Ce tracteur est complet en termes de points de graissage, comme au niveau des ponts et des bras de relevage avant et arrière. Le pont arrière semble chargé par la présence de durites hydrauliques et pneumatiques. Bien qu’il existe des bavettes de protection, de la terre pourrait s’accumuler, ou alors un silex, remonté par les roues, risquerait de sectionner les différentes durites.