[ESSAI] Chargeur télescopique Weidemann T7042 - « Accessibilité et maniabilité hors pair »
Philippe Lebrun, agriculteur à Gratot près de Coutances dans la Manche, qui affiche plus de 30 ans d’expérience en conduite d’engins de manutention, a testé durant 10 jours une présérie du chargeur télescopique Weidemann T7042.
Philippe Lebrun, agriculteur à Gratot près de Coutances dans la Manche, qui affiche plus de 30 ans d’expérience en conduite d’engins de manutention, a testé durant 10 jours une présérie du chargeur télescopique Weidemann T7042.
En octobre 2021, Weidemann dévoilait au Sommet de l’élevage, en première mondiale, la gamme T7000 de chargeurs télescopiques composée de deux machines. Alors que son offre se limitait jusque-là à des modèles levant au maximum à 6 mètres, la marque allemande cible désormais le cœur de marché avec les T7035 et T7042, présentant une hauteur de levage de 7 m et une capacité de charge de 3,5 et 4,2 t. Ces appareils, construits en Allemagne dans une usine du groupe Wacker Neuson, reçoivent un châssis et une cabine spécialement dessinés (5 ans de développement). Les ponts fournis par Carraro, qui intègrent des freins à disques immergés, se caractérisent par leur angle de braquage de 45 degrés.
Une transmission exclusive
Les T7000 logent un 4 cylindres Perkins 3,6 l répondant à la norme Stage V, grâce à un système antipollution combinant EGR, DOC, FAP et SCR (AdBlue). Ce moteur implanté transversalement n’est disponible qu’en 136 ch pour le marché français. Il anime la transmission hydrostatique grand angle PowerDrive 255 développée en exclusivité pour Weidemann par Bosch Rexroth, qui permet d’évoluer en continu de 0 à 40 km/h. Cette solution ne compte pas de gamme mécanique, mais un mode travail limite la vitesse d’avancement à 15 km/h. Le circuit hydraulique délivre 138 l/min (187 l/min en option), avec un débit de 100 l/min en nez de flèche.
Les conditions du test
Arrivé fin janvier, le télescopique Weidemann a réalisé 25 heures dans l’exploitation laitière du Gaec du Moulin Neuf, dirigée par David et Philippe Lebrun. L’engin a été utilisé pour curer l’aire d’exercice des taurillons, vider la fumière et manipuler des balles de foin et de paille. Il a aussi travaillé au champ dans des conditions très humides pour charger une vingtaine d’épandeurs à fumier.
Les plus
Les moins
Au travail « Une transmission et un joystick précis »
Le Weidemann profite d’un faible rayon de braquage en quatre roues directrices (1,72 m à l’intérieur des roues), mais il m’a surtout surpris par sa maniabilité en deux roues directrices, bien supérieure à celle des modèles que j’ai utilisés jusque-là. Au champ, en conditions très grasses, il s’est bien défendu pour charger les épandeurs, creusant au passage de belles ornières. Le joystick proportionnel permet de manœuvrer l’outil avec grande précision. Il se désactive dès que l’on quitte le siège. Les deux automatismes (VLS) du bras sont pratiques et apportent du confort en limitant les manipulations. Le premier, dit mode godet, pilote la rentrée du télescope dès que l’on abaisse le bras. Je l’ai systématiquement utilisé au fumier. Le second automatisme, adapté pour la manutention de palettes, déploie le télescope lorsqu’on lève le bras et le rétracte durant sa descente, afin d’assurer le déplacement à la verticale de la charge. Il manque peut-être le secouage automatique et le retour du godet à la position préalablement enregistrée.
Dans les bâtiments, le télescopique est appréciable pour la bonne visibilité à 360 degrés qu’il procure. Son grand pare-brise incurvé remontant sur le toit dégage bien la vue sur l’outil durant la levée et sa grille de protection, composée de fers plats judicieusement inclinés, ne gêne pas. Cet engin pousse fort et fait preuve d’un bon grip sur les bétons gras des aires d’exercices des taurillons. Sa transmission précise m’a dispensé d’utiliser les freins pour travailler dans les cours. La caméra arrière procure une vue parfaite sur l’arrière et le crochet d’attelage. Elle rend inutile le grand rétroviseur arrière pour lequel je ne prédis pas une grande durée de vie, car il est monté sur un support fixe qui dépasse nettement du gabarit. Pour les chantiers nocturnes, les feux de travail à leds sont puissants, mais il en manque sur la cabine pour bien éclairer devant.
Sur la route le Weidemann met un peu de temps à s’élancer, mais ensuite il circule à un bon 40 km/h. À vide, dans les portions les plus abruptes, son allure s’est maintenue à 33 km/h. Dans les descentes, il est sécurisant puisqu’il ne s’emballe pas, grâce au frein moteur efficace. Sur un parcours de 5 km avec deux balles rondes de foin dans le godet multifonction, cet engin s’est très bien comporté. En revanche, lors du retour à vide, malgré la suspension de flèche engagée, il s’est révélé moins confortable, car il a tendance à danser de l’arrière. L’insonorisation de la cabine est correcte et les grands rétroviseurs sont efficaces. Je regrette toutefois que le clignotant ne se remette pas automatiquement au neutre, car je l’ai laissé engagé à plusieurs reprises. Par ailleurs, le grand écart entre la pédale d’accélérateur et celle de frein est pour moi gênant, voire dangereux. J’ai tendance à chercher la pédale de frein avec le pied droit et il n’est pas naturel pour moi de l’actionner avec le pied gauche. De surcroît, le freinage est très puissant et mieux vaut bien le doser pour ne pas se retrouver avec le nez dans le pare-brise.
Le télescopique essayé dispose d’un porte-outil spécifique. Un bouton-poussoir sur le nez de flèche s’utilise pour décompresser le circuit hydraulique, afin de déconnecter facilement les flexibles du godet multifonction. Optionnel, le déverrouillage hydraulique de l’outil est pratique pour changer rapidement d’équipement.
En cabine « L’accès à bord bien étudié »
La facilité d’accès en cabine est un point appréciable sur le télescopique Weidemann, grâce aux deux larges marches et à l’échancrure dans le plancher. La porte monobloc est légère et son ouverture à 90 degrés ne me dérange pas. Elle est entièrement vitrée, ce qui apporte un plus en termes de visibilité. Sa vitre supérieure composée de deux parties coulissantes se révèle pratique pour ventiler naturellement l’habitacle. Le volant s’ajuste aisément en hauteur avec la molette en son centre, mais, en revanche, le bouton-poussoir pour régler son inclinaison est dur à enfoncer avec le pouce. Je préférerais une pédale pour basculer rapidement la colonne de direction. Le siège à suspension pneumatique, inclus de série, supporte l’accoudoir multifonction. L’assise coulisse indépendamment de l’embase pour trouver la meilleure position du bras droit par rapport au joystick, d’où la présence de deux leviers métalliques à l’avant du siège. Côté rangement, le coffre extérieur, placé derrière la roue avant, supporte 40 kg et n’est pas étanche. À bord, un grand bac est intégré au pied de la portière et un vide-poche, logé à gauche dans le tableau de bord, est refroidi par la climatisation. L’autoradio situé sur le côté gauche n’est, selon moi, pas des mieux placés, car il oblige à se retourner pour le régler.
Les icônes sur les différentes commandes sont assez explicites et un code couleur permet de repérer les familles de fonctions·: vert pour le bras et orange pour la transmission. Le démarrage du moteur s’opère, après avoir mis le contact avec la clé, en appuyant sur l’unique bouton rouge présent sur l’accoudoir. Pour l’éteindre, il est possible de rappuyer sur cet interrupteur, mais j’ai préféré prendre l’habitude de l’arrêter avec la clé de contact. Un soir nous l’avons arrêté avec le bouton et avons oublié de couper le contact. Résultat·: plus de batterie le lendemain matin. Le frein de parking s’active en appuyant sur l’interrupteur orange au sigle P ou dès que l’on quitte le siège. Comme son retrait n’est pas automatique, il reste actif lorsque l’on engage l’avancement, ce qui est sécurisant. Les essuie-glaces sont nombreux (sur le toit, sur la vitre latérale et à l’arrière), mais c’est dommage que leurs commandes ne soient pas regroupées (commodo à gauche du volant, deux boutons sur l’accoudoir devant le joystick et un interrupteur derrière).
Comme moi, vous vous ferez certainement piéger la première fois, car l’écran couleur de 7 pouces n’est pas tactile. La navigation dans ses menus s’opère depuis le tableau de bord à l’aide du Jog-Dial doté notamment d’une molette et de touches de raccourci. Ce terminal bien lisible indique les principaux paramètres (régime moteur, température liquide de refroidissement, niveau de GNR et AdBlue…). Il affiche l’image de la caméra de recul, dès que l’inverseur est engagé en marche arrière. Ce moniteur intègre un schéma illustrant l’activation des feux de travail. Très pratique, la touche F1 permet de sélectionner l’information située en haut à gauche de l’écran·: heure, compteur horaire total, compteur horaire journalier, consommation moyenne ou heures restantes avant la révision. La touche F2 sert au paramétrage de la vitesse à laquelle la suspension du bras s’active en mode automatique. La touche F3 s’utilise pour régler le débit hydraulique en nez de flèche et celui des distributeurs arrière optionnels.
Entretien – Tout est à portée de main
Verrouillé par la clé de contact, le capot moteur s’ouvre et se referme sans forcer. Il dégage un parfait accès aux principaux composants du 4 cylindres en position transversale. Le vase d’expansion saute aux yeux. Les filtres à huile et GNR, la jauge à huile moteur, la batterie et le démarreur s’atteignent sans difficulté à l’arrière du compartiment. Le filtre à air, situé à l’avant au-dessus du bloc de refroidissement, se dépose après avoir retiré quatre petits clips métalliques peu pratiques à manipuler. Dommage qu’un souci d’étanchéité entre le capot et la nacelle du moteur laisse entrer la boue projetée par la roue avant et entraîne le salissement des radiateurs. Le graissage centralisé de l’ensemble des articulations, via une banque de graisseurs située à l’arrière gauche, est un équipement de série appréciable. Il est remplacé en option, comme sur le T7042 essayé, par une centrale de graissage automatique facilitant encore plus la maintenance. Je m’interroge toutefois sur la longévité des flexibles assurant le graissage des pivots de roues, qui sont assez exposés. Le Weidemann bénéficie par ailleurs de l’inversion automatique et manuelle du sens de rotation du ventilateur, afin de nettoyer les grilles d’admission d’air. Weidemann garantit un an ses télescopiques, mais un contrat interne au groupe Wacker Neuson permet de prolonger jusqu’à 5 ans ou 6 000 heures, au premier des deux termes échu. Cette extension se souscrit à l’achat ou dans les six mois suivant la livraison.
Fiche technique Weidemann T7042
HOMOLOGATION
Catégorie : Tracteur
Vitesse maxi : 40 km/h
Poids à vide : 7 650 kg
PTRA : 26 500 kg
Capacité de remorquage : 18 850 kg
MOTEUR
Marque : Perkins
Cylindrée : 3 641 cm3
Puissance nominale : 136 ch à 2 200 tr/min
Couple maxi : 550 N. m à 1 500 tr/min
Norme et système antipollution : Stage V/EGR + DOC + DPF + SCR
Intervalle d’entretien : 500 heures
CIRCUIT HYDRAULIQUE
Débit : 138 l/min
CAPACITÉS DE FLÈCHE
Hauteur de levage (point de pivot) : 7,30 m
Capacité maxi : 4 200 kg
Portée avant maxi : 4 m
Charge à la portée maxi : 1 600 kg
DIMENSIONS
Capacité du réservoir à carburant/AdBlue : 142 l/19 l
Hauteur hors tout : 2,42 m
Garde au sol : 37 cm
Empattement : 2,95 m
Rayon de braquage extérieur aux roues : 3,7 m
Monte pneumatique du modèle essayé : 460/70 R24