[ESSAI] Case IH Vestrum 130 CVXDrive – « Un tracteur confortable et polyvalent »
Yann Kastler, éleveur à Rostrenen dans les Côtes-d’Armor, nous livre son analyse à l’issue d’une quarantaine d’heures aux commandes du Case IH Vestrum 130 CVXDrive de 130 chevaux.
Le tracteur Case IH Vestrum 130 CVXDrive profite d'un accès aisé aux réservoirs de GNR et d'AdBlue, ainsi qu'à la caisse à outils. Le marchepied est un peu étroit.
La série Vestrum, intercalée entre les gammes Luxxum et Maxxum, se compose de quatre modèles de 100 à 130 ch. Leur moteur FPT à quatre cylindres de 4,5 l répond à la norme Stage V, grâce au dispositif Hi-eSCR2, utilisant un Doc et un SCR, ce dernier intégrant un filtre à particules passif. Ces tracteurs bénéficient de la transmission à variation continue CVXDrive, identique à celle des Maxxum, dont ils reprennent également la cabine. Celle-ci accueille l’accoudoir Multicontroller, doté en option du terminal tactile AFS Pro 700, offrant notamment la technologie Isobus Class III et l’automatisme de bout de champ HMC II. Trois versions de toit de cabine sont proposées : standard, surbaissée (celui du modèle essayé) et surbaissée panoramique. Cette dernière se démarque par son grand toit vitré relié au pare-brise, appréciable lors des travaux de manutention, tout comme le circuit hydraulique load sensing débitant 110 l/min. Le Vestrum CVXDrive essayé intègre un chargeur LRZ 120 fourni par Stoll, avec une prédisposition montée d’usine. Ce tracteur compact, dont le poids approche tout de même les 6 tonnes, bénéficie d’un pont avant et d’une cabine suspendus.
Les conditions du test
Mis en œuvre à l’automne, l’essai du Vestrum s’est déroulé majoritairement au labour avec une charrue 4 corps 16 pouces. À la manutention, le tracteur a chargé un plateau de balles enrubannées au champ. Au transport, il a tracté le plateau et une remorque de 16 t chargée de maïs grain humide.
Les plus
Équilibre des masses
Simplicité des commandes
Gestion moteur/transmission
Confort en cabine
Les moins
Pilotage transmission pédale/levier
Accès à la cabine
Détails de finition en cabine
Au travail « Une variation continue simple à prendre en main »
À la manutention des balles rondes enrubannées, le tracteur affiche un très bon équilibre avec seulement 150 kg de masses dans chaque roue arrière. Inutile d’ajouter du poids sur le relevage, malgré la position très avancée du chargeur, qui a l’avantage de lever assez haut. Le circuit hydraulique load sensing et la transmission à variation continue permettent de travailler à bas régime pour limiter la consommation. La souplesse et la précision de la transmission apportent un réel confort pour les travaux de manutention.
Au labour avec la charrue 4 corps, le Vestrum fait preuve d’efficacité à la traction, bien équilibré par une masse de 900 kg sur le relevage avant. En revanche, la faible largeur des pneus ne m’a pas permis d’intervenir avec le combiné de semis. À une vitesse de 8 km/h, le moteur se stabilise autour de 1 700 tr/min, la régulation moteur/transmission me paraissant plutôt efficace. Je n’ai pas pu mesurer précisément la consommation de GNR de ce moteur coupleux, mais il m’a paru assez gourmand en AdBlue, engloutissant 1 l/h (1,3 l/ha) au labour. En bout de champ, j’ai apprécié le côté très progressif de la conduite à la pédale. Le tracteur est assez maniable, même s’il y a encore de la marge pour l’angle de braquage en élargissant un peu la voie.
Au transport avec la remorque chargée de maïs grain, la conduite est sécurisante. Les masses de roues sont d’ailleurs utiles pour bien asseoir le tracteur. Côté confort, on a toute la panoplie, avec le pont avant et la cabine suspendus, ainsi que la transmission, qui vise toujours le plus bas régime moteur dès que la vitesse de croisière est atteinte. Je me suis toutefois fait surprendre en passant d’un pilotage de la transmission du levier à la pédale. Lorsqu'on ne ramène pas le levier en position zéro, au lâcher de pédale, le tracteur va stopper son ralentissement en reprenant la vitesse définie par la position du levier. Je préférerais qu’il soit nécessaire de bouger à nouveau le levier pour que celui-ci reprenne la main sur la transmission.
Le relevage arrière est équipé de série en catégorie 2, obligeant à souscrire une option pour la catégorie 3. Un choix qui ne me semble pas très cohérent sur un tracteur de 130 ch, d’autant plus que la capacité de relevage n’est pas ridicule. Pour le reste, l’attelage arrière est plutôt bien conçu. Les connexions hydrauliques sont nombreuses, on dispose même de prises power beyond. Un des distributeurs est pilotable depuis les commandes sur les ailes. Un petit regret, l’absence de prise Isobus (disponible en option) ne m’a pas permis d’utiliser ma presse à balle ronde. À noter que les phares de travail à leds, pas si nombreux mais bien répartis, assurent un éclairage efficace.
En cabine « Des commandes ergonomiques, sans complexité »
La cabine à quatre montants est spacieuse et sa grande surface vitrée favorise la visibilité. Le toit vitré est appréciable au chargeur, mais il reste un grand bandeau le séparant du pare-brise. En plus, il n’est pas ouvrant et la finition du pavillon l’entourant n’est pas très bien ajustée. Il est sûrement plus judicieux d’opter pour la version à toit panoramique. L’accès à la cabine est perfectible : du côté gauche, le marchepied me paraît trop étroit, tandis qu’à droite, il est vertical. Et de toute façon, de ce côté, l’accoudoir encombre le passage. De l’intérieur, l’ouverture des grandes portes impose de se plier en deux pour atteindre la poignée, qui est trop basse. Si l’on peut regretter quelques détails de finition, j’apprécie en revanche l’effort apporté à la qualité des matériaux. La climatisation manuelle est efficace ; dommage que les commandes soient excentrées sur le montant arrière gauche. L’insonorisation est bonne, ne laissant filtrer qu’un léger sifflement de la transmission et les claquements du moteur, uniquement à froid.
L’accoudoir multifonction regroupe les principales commandes du tracteur. Sa position s’ajuste électriquement, un petit détail appréciable pour trouver une bonne position du bras. Tout est assez intuitif, à l’image du panneau illustrant un tracteur qui permet d’identifier rapidement les fonctions avec des boutons de couleurs, ou encore la commande manuelle d’accélérateur disposant de deux curseurs pour définir une limite de régime moteur haute et basse. On ajuste très simplement la plage de régime en fonction des travaux. Au transport, on peut abaisser la limite haute pour privilégier une conduite économique, tandis que sur des travaux de traction exigeants, on remonte la limite basse. Et à la prise de force, les deux curseurs sont alignés pour maintenir le régime. Le joystick multifonction est ergonomique et dispose des fonctions essentielles : inverseur, sélection des 3 plages de vitesse et de la vitesse cible, relevage, un distributeur et l’automatisme de bout de champ. Le joystick hydraulique est efficace au chargeur, il ne lui manque qu’un bouton d’inverseur. Les commandes du relevage sont simples et pratiques, mais dans l’idéal, j’aurais préféré que le sélecteur de hauteur soit à côté du joystick hydraulique. Sur la console de droite, subsistent deux commandes de distributeur mécanique que l’on utilise peu et le levier de sélection des régimes de prise de force. Une commande électrique serait plus en phase avec le standing du Vestrum.
Tous les affichages sont regroupés sur le montant droit, un bon point pour la visibilité. L’écran du dessus est dédié principalement à la transmission. Le second dispose de plusieurs menus pour les distributeurs, le compteur d’hectare, les automatismes de prise de force et de séquences de bout de champ. Plusieurs touches en dessous de l’écran, avec des raccourcis, facilitent la navigation. Ces commandes sont toutefois éloignées du poste de conduite. Le terminal tactile optionnel ne se justifie, selon moi, que pour le pilotage Isobus et pour une gestion plus fine des séquences de bout de champ.
La commande d’inverseur au volant est pratique à manipuler. Elle dispose en plus d’une position parking. Je suis plus mitigé sur les commodos, qui me paraissent trop éloignés du volant. Il manque aussi une position intermittente pour l’essuie-glace. Si la grosse boîte devant le volant est pratique, il manque selon moi un rangement fermé et ventilé dans la cabine.
Entretien « Des filtres plus ou moins accessibles »
À l’avant du moteur, le filtre à air est très accessible, tandis que les radiateurs coulissent et se déploient pour un nettoyage complet, sans difficulté. Je note au passage l’intégration réussie du relevage frontal, pour lequel il manque des commandes externes (disponibles en option). Pour accéder aux filtres à huile et à gazole, il est nécessaire de retirer les capots latéraux fixés par deux vis et dont le bâti du chargeur ne facilite pas leur démontage. Du côté gauche, une durite entrave aussi l’accès aux deux filtres à carburant. Case IH a réussi à intégrer tout le système de dépollution sous le capot, permettant de préserver la visibilité à droite. Il suffit de basculer le marchepied droit pour avoir accès à la batterie. De l’autre côté, L’implantation très basse du réservoir d’AdBlue facilite son remplissage. Le filtre de cabine, installé à l’arrière du toit, impose de grimper sur le relevage pour l’atteindre.