Essai - Antonio Carraro Tony 8700 V « Un tracteur bien équipé, profilé pour les vignes étroites »
Baptiste Etcheberry, salarié de l’entreprise de travaux viticoles STVE à Saint-émilion en Gironde, a testé pendant une semaine le tracteur Antonio Carraro Tony 8700 V.
C’est au Sitevi 2019 que le premier Tony V d’Antonio Carraro a été dévoilé. Avec son châssis fixe, son pont avant avancé oscillant et sa cabine arrière, ce tracteur dénote dans la gamme du constructeur italien, plus connu pour ses tracteurs à châssis oscillant et/ou articulé avec le moteur en surplomb à l’avant. Ressemblant aux tracteurs interlignes plus « classiques », cette nouvelle gamme se démarque par son équipement haut de gamme et par sa transmission à variation continue combinant une boîte mécanique à quatre gammes à passage sous charge et un ensemble hydrostatique.
Réellement commercialisé depuis la saison dernière, le premier modèle dévoilé est le Tony 8700 V, abritant un moteur Deutz quatre cylindres de 2,9 litres délivrant 75,3 chevaux. En novembre 2022, au salon italien Eima, le constructeur a lancé son grand frère, le Tony 11700 V logeant un bloc Deutz de 2,924 litres délivrant 112 chevaux. Le dernier-né affiche un empattement légèrement allongé de 8 cm. Pour ce qui est du gabarit, les Tony V mesurent un mètre de large dans leur configuration la plus compacte.
Réalisé la semaine du 22 au 26 juillet 2024, l’essai du tracteur Antonio Carraro Tony 8700 V a consisté essentiellement à du travail du sol, notamment avec une herse rotative Vigolo d’un mètre de large et à des déplacements routiers. Le tracteur a évolué dans des vignes où la largeur d’un mètre est un prérequis. Des gabarits plus larges devraient être dévoilés dans un futur proche.
on aime
Maniabilité
Relevage arrière
Cabine spacieuse
on aime moins
Bras de relevage un peu longs
Pot d’échappement en sortie basse
Rétroviseurs trop grands
En cabine « Une cabine spacieuse pour un tracteur étroit »
L’accès au poste de conduite à quatre montants s’effectue par une large porte. Même si le plancher est assez bas, un marchepied est taillé sous la plateforme pour faciliter la montée en cabine. Sur ce tracteur, Antonio Carraro n’a pas fait le pari d’un plancher plat. Le tunnel central affiche une hauteur de 11 cm, mais je ne me suis pas pour autant senti à l’étroit au niveau des pieds. Plus globalement, le tracteur étonne au contraire par l’impression d’espace. La monte arrière en 20 pouces y est certainement pour quelque chose, avec des ailes assez basses, qui laissent la place à un rangement fermé et un porte-bouteilles à gauche du siège.Une fois au volant, on apprécie la bonne visibilité globale du tracteur. Malgré la hauteur limitée du poste de conduite, la visibilité sur l’avant est bonne, notamment grâce à la partie plongeante à l’avant du capot. Il y a aussi une bonne visibilité au niveau de l’espace entre roues qui a été pensé pour recevoir aisément des outils interceps. En haut, le parebrise se poursuit vers le toit dans la partie centrale, pour une bonne visibilité haute. Il faudra penser à un pare-soleil à cet endroit pour les journées estivales. La position très reculée du siège permet d’avoir une visibilité hors pair sur les équipements arrière.L’ergonomie globale de ce tracteur est bien réussie. J’apprécie la conduite avec deux accoudoirs, dont l’un intègre toutes les fonctions les plus utiles au travail : transmissions, distributeurs, gestion moteur, etc. Sur cet accoudoir droit, on retrouve un joystick principal, pilotant l’inverseur, la prise de force, le relevage arrière et jusqu’à quatre fonctions hydrauliques. À côté, deux minijoysticks commandent deux distributeurs, ainsi que le déport hydraulique et l’inclinaison du relevage (chandelles hydrauliques). Ajoutons trois commandes « fingertip » pour l’hydraulique et le bloc des réglages du relevage arrière. Au plafond, on retrouve les différentes commandes de feux et celle de la pressurisation de cette cabine de catégorie 4.Réglable en hauteur et en inclinaison, l’écran couleur du tableau de bord propose une navigation intuitive et facile à l’aide d’un bloc de boutons et de molette sur le côté droit du volant. Il permet de visualiser un grand nombre d’informations, telles que le débit hydraulique utilisé, la puissance absorbée et la consommation de carburant. Depuis cet écran, il est aussi possible de programmer jusqu’à cinq configurations hydrauliques : débit, temporisation, distributeur(s) prioritaire(s), affectation de la commande.Au travail « Le tracteur glisse dans la végétation »
La cabine est bien dessinée et profilée. Il n’y a aucun point d’accroche : elle glisse dans la végétation. Même les feux à LED sont longilignes et dans l’axe du montant. Les commandes arrière extérieures (relevage, troisième point hydraulique de série et prise de force) sont logées dans l’aile et n’affleurent pas. Seuls les goujons des roues arrière sont saillants et peuvent potentiellement abîmer les grappes. De même, le pot d’échappement latéral souffle au niveau des grappes et les fait s’entrechoquer, ce qui n’est pas pertinent dans nos vignes. La sortie haute du pot d’échappement sera systématiquement verticale sur les prochains tracteurs livrés en France, assure Antonio Carraro.Le pont avant est peut-être un peu large. La voie est quasi identique à la voie arrière, alors qu’on est habitué à des voies plus petites à l’avant. Dès qu’on part un peu de travers, on touche vite.
Seul point noir, les rétroviseurs sont bas et frottent un peu trop la végétation. Antonio Carraro devrait prochainement corriger cela avec des rétroviseurs plus compacts.
Combinant une transmission hydrostatique à quatre gammes mécaniques à rapport sous charge, la boîte de vitesses est silencieuse. Le passage des gammes est souple et discret. Sur route, la transmission se montre ni trop molle, ni trop violente. C’est agréable. La pédale d’accélérateur sert uniquement à l’avancement, le régime moteur se réglant sur l’accoudoir. Quand on lève le pied, il freine tout seul.En outre, son centre de gravité bas le rend stable.
Au travail du sol, son point fort, c’est le relevage. Il est doté d’un contrôle d’effort et permet de paramétrer une butée haute et une butée basse : c’est top. J’aime bien le pilotage des chandelles hydrauliques depuis un joystick ergonomique, ainsi que son mécanisme : quand on modifie l’inclinaison, un bras s’abaisse tandis que l’autre monte d’autant, ce qui fait que la profondeur de travail de l’outil reste constante en son centre. Les bras sont en revanche un peu longs.J’ai bien aimé aussi le fait de pouvoir enregistrer une hauteur de relevage au-delà de laquelle la prise de force se coupe en levant et s’active en descendant.
Dans les manœuvres, le Tony 8700 V se distingue par sa maniabilité, bien qu’il ait un empattement semblable à la concurrence. L’inverseur est souple et l’amortisseur avant-arrière du siège ajoute au confort en cabine. La monte en 20 pouces ne semble pas trop pénaliser la garde au sol (2 cm de moins que la concurrence), ni la traction. C’est en tout cas bien caréné dessous.On notera aussi l’allumage automatique de l’éclairage arrière lorsqu’on enclenche la marche arrière : c’est pratique pour atteler.
À l’entretien « Il se lave très bien »
Sous le capot du Tony 8700 V, on accède au filtre à air moteur. En ôtant les panneaux latéraux, les filtres et radiateurs sont accessibles. Une trappe à l’avant sur le haut du capot permet d’effectuer le plein de carburant sans ouvrir le capot. Les filtres de cabine s’atteignent sous le toit sur les côtés. J’ai particulièrement apprécié la facilité de nettoyage de ce tracteur. Il n’y a pas de recoin.fiche technique
Antonio Carraro Tony 8700 V
Moteur
Marque et puissance maximale : Deutz 75,3 ch à 2 000 tr/min
Couple maxi : 375 Nm à 1 400 tr/min
Nombre de cylindres/cylindrée : 4/2 900 cm3
Norme et système de dépollution : Stage V avec DOC et FAP
Intervalle de vidange : 250 h
Transmission
Type : Variation continue
Régime moteur à 40 km/h : 1 900 tr/min
Régimes de prise de force : 540 tr/min et 540 Eco
Circuit hydraulique
Type : Centre fermé load sensing
Débit, pression : 90 l/min à 200 bars
Volume d’huile hydraulique exportable : 35 l
Nombre de distributeurs centre/arrière : 5/4
Relevage
Capacité aux rotules sur toute la course : 2 700 kg
Dimensions
Capacité du réservoir à carburant : 60 l
Hauteur hors-tout : 2,305 m
Empattement : 2,175 m
Poids à vide : 2 860 kg
Monte de pneumatique : 200/70 R16 et 250/85 R20
Budget
Prix catalogue du modèle essayé hors taxes au 1er octobre 2024 : 126 000 euros