Contrôler la nappe d’épandage pour compenser l’instabilité de l’engrais
Les dispositifs analysant la nappe d’épandage sur les distributeurs d’engrais ne règlent pas l’appareil à la place de l’opérateur. Ils s’assurent uniquement de maintenir les paramètres initialement définis en compensant les évolutions de comportement du fertilisant.
Les dispositifs analysant la nappe d’épandage sur les distributeurs d’engrais ne règlent pas l’appareil à la place de l’opérateur. Ils s’assurent uniquement de maintenir les paramètres initialement définis en compensant les évolutions de comportement du fertilisant.
L’épandeur d’engrais centrifuge est un appareil simple de conception, mais sa technique d’application est relativement complexe. Il est d’ailleurs particulièrement dépendant des caractéristiques du fertilisant et notamment de ses qualités balistiques. Par exemple, les particules sphériques s’écoulent mieux dans la trémie et favorisent la distance de projection grâce leur forme aérodynamique. En revanche, les granulés anguleux et rugueux rencontrent davantage de difficultés à descendre sur les disques d’épandage et sont davantage freinés par l’air. Ils suivent ainsi une trajectoire irrégulière et sont projetés moins loin. La dureté est un autre critère agissant sur la répartition. Si les granulés se disloquent au contact des aubes d’épandage, ils parcourent une plus faible distance. Ces phénomènes amènent les constructeurs à définir des largeurs de travail maximale par type d’engrais. Les différentes caractéristiques sont d’ailleurs prises en compte dans les tableaux de réglages propres à chaque appareil. Des mesures sont ainsi réalisées sur des bancs d’essai avec chaque formulation d’engrais et pour chaque fabricant. Certains constructeurs élaborent même des préconisations par lieu de production pour un type de fertilisant donné au sein de la même marque. Une petite spécificité dans le procédé industriel peut, en effet, avoir une incidence sur le diamètre des granulés et leur densité.
L’hygrométrie influence la répartition
En respectant les consignes des tableaux de réglages en fonction du fertilisant utilisé, de la dose souhaitée et de la largeur de travail recherchée, l’agriculteur met toutes les chances de son côté pour réussir son épandage. Cependant, le comportement de l’engrais change au cours de la journée, surtout en fonction de l’hygrométrie. « L’urée qui reprend de l’humidité adhère davantage sur les aubes d’épandage et ne sort plus de la même façon de l’appareil. Ce phénomène n’est pas visible à l’œil nu, mais présente une réelle incidence sur la qualité de répartition », indique Emmanuel Lévêque, chef produit chez Amazone. Les systèmes de contrôle des nappes d’épandage entrent alors en jeu pour garantir la régularité d’application. Ils ne sont aujourd’hui disponibles que chez Kuhn et Amazone. « Attention, ces dispositifs ne règlent pas l’épandeur d’engrais à la place de l’utilisateur. Leurs mesures permettent uniquement de conserver le niveau de qualité de répartition initialement paramétré », précise Vincent Gérard, responsable produit chez Kuhn. « L’opérateur est sûr que les critères de départ seront toujours respectés. Par conséquent, si ses consignes sont mauvaises, les erreurs d’épandage seront reproduites durant tout le chantier », renchérit Emmanuel Lévêque.
Le point de chute corrigé en permanence
Les dispositifs surveillant la nappe d’épandage utilisent des capteurs radars sans contact avec le fertilisant. La solution Axmat Duo de Kuhn en compte 27 positionnés en demi-cercle sous chaque disque d'épandage, soit 54 au total. Chez Amazone, la fonctionnalité Argus Twin ne retient que 7 capteurs radars placés, eux, au-dessus de chaque disque, soit 14 en tout. Avec ce dernier dispositif, en début de chantier, l’opérateur renseigne sur le terminal en cabine la valeur de réglage, issue du tableau de préconisation ou du contrôle au champ, afin que la correction s’opère dès les premières secondes. Ensuite, lorsqu’une divergence apparaît dans le schéma d'épandage, l’électronique modifie le point de chute de l’engrais sur le disque, afin de retrouver les valeurs initiales. L’optimisation est permanente et réalisée indépendamment des deux côtés. Ces dispositifs gomment ainsi les effets liés à l’évolution du comportement du fertilisant impactée, par exemple, par le taux d’humidité. Ils permettent aussi d’optimiser la précision lorsque la largeur de travail est modifiée par l’automatisme de coupure de sections. « Les systèmes de surveillance de la nappe atteignent leurs limites lorsqu'une distribution précise n'est plus possible techniquement en raison de la qualité de l'engrais, des facteurs atmosphérique, de la largeur de travail ou des disques d'épandage sélectionnés », indique Vincent Gérard. Les capteurs radars ne sont en effet pas capables d’identifier les caractéristiques du fertilisant, car ils mesurent uniquement le flux à la sortie des disques. Ainsi, en cas de mélange (bulk) par exemple, ils n’ont pas la faculté à distinguer les petits granulés des gros et ne peuvent être garants d’un apport homogène au sol. La nappe d’épandage est certes correcte au départ de l’appareil, mais la différence de qualité balistique des particules d’engrais peut se traduire par une mauvaise répartition transversale. Les granulés les plus profilés et les plus denses resteront toujours projetés plus loin que les plus légers et moins aérodynamiques.