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Contention - Comment installer un passage canadien infranchissable ?

La conception du passage canadien, appelé aussi barrière canadienne, dépend des animaux à canaliser. Et pour conserver son efficacité, cet équipement de contention demande un minimum d’entretien.

Le passage canadien joue plusieurs fonctions. Il empêche les animaux de s’échapper, mais aussi au gros gibier d’entrer dans une parcelle ou une propriété, afin de protéger les cultures ou d’éviter toutes propagations de maladies, telles que la peste porcine africaine. Il apporte aussi du confort en évitant de descendre de la voiture ou du tracteur pour ouvrir, puis refermer, une barrière ou un portail. Cet équipement de contention, connu également sous l’appellation de barrière canadienne, dissuade les animaux de passer en simulant le vide sous leurs pattes. Ce n’est donc pas l’inconfort de l’espace entre les tubes qui les arrête. D’ailleurs, si la fosse située sous la barrière canadienne se remplit d’eau ou de terre, les animaux ne sont plus perturbés et sont capables de la franchir. Il est donc important d’entretenir régulièrement le passage canadien en retirant les mauvaises herbes, les feuilles et la terre qui s’y accumulent.

Prévoir l’écoulement de l’eau

« Lors de l’installation, il faut prévoir l’écoulement de l’eau qui tombe dans la fosse, soit en y raccordant des tuyaux de drainage, soit en réalisant un puits perdu à proximité. De plus, si le passage se trouve en dévers, une rigole est à réaliser en amont pour dévier l’eau de ruissellement », indique Antonin Bénézis, de la société éponyme située dans les Pyrénées-Orientales. Ce constructeur spécialiste de la barrière canadienne alerte sur le fait que la fosse peut se transformer en piège pour la petite faune, car les lapins, les hérissons et les crapauds, par exemple, choisissent parfois cet endroit pour nicher. « Nous avons conçu une petite rampe qui permet à ces petits animaux de ressortir, mais il existe des installations dépourvues d’échappatoire, alors qu’une simple planchette peut faire l’affaire », souligne le fabricant.

Quelle longueur minimale ?

Pour canaliser les bovins, porcins, ovins et caprins, une barrière canadienne longue de deux mètres suffit. En revanche, pour stopper le grand gibier, dont certains sujets sont capables de faire de grand bond, l’idéal semble de choisir un passage de quatre mètres de long. La construction est généralement en tubes ronds qui augmentent l’effet de dissuasion. Certaines fabrications maisons sont réalisées à partir de poutres IPN, mais elles n’arrêtent pas tous les animaux. « Le profil plat des IPN dissuade les bovins, mais il ne stoppe pas les agneaux et les marcassins, par exemple », souligne Antonin Bénézis. Le chef d’entreprise met en garde sur la largeur des pièces métalliques qui contrôlent l’écart entre les tubes de la barrière canadienne, privilégiant les écarteurs fins. « Les écarteurs de cinq centimètres de large sont assez courants et, s’ils sont efficaces avec les bovins, nous avons observé qu’ils suffisent à laisser passer des marcassins. Ce constat nous a conduits à les réduire à un centimètre de large, afin de garantir une efficacité totale du passage canadien. »

Quelle profondeur de fosse ?

Aucune norme ne définit la conception de la barrière canadienne, qui doit pourtant être suffisamment robuste pour supporter le passage de véhicules légers et surtout d’engins agricoles. Il est donc important, lors de l’achat, de valider la capacité de charge réelle, souvent exprimée en tonnes par essieu. Pour la fosse, Antonin Bénézis recommande une profondeur minimale de 40 cm, quand d’autres fabricants conseillent 60 cm. Celle-ci se présente sous deux formes : en béton et ou acier. La version maçonnée est plus longue à mettre en place, car elle impose un temps de séchage. « Elle doit impérativement être composée de quatre murs de 30 centimètres d’épaisseur en béton armé et banché, édifiés sur fondation », indique le fabricant. La fosse préfabriquée en acier galvanisé présente le grand avantage de pouvoir être installée en moins d’une journée et d’afficher une meilleure tenue dans le temps, mais elle a l’inconvénient d’être plus chère à l’achat. Par exemple, un modèle galvanisé de ce type, mesurant 4 m de large, 2,10 m de long et d’une capacité de 12 tonnes par essieu, se trouve sur le marché à 4 400 euros HT. En comparaison, un passage canadien traditionnel, de 4 m sur 2 m, vaut 800 euros HT de moins chez le même fabricant, mais il faut ajouter le coût de la fosse béton, qui peut atteindre 3 000 euros HT si elle est réalisée par une entreprise de maçonnerie.

Gérer le passage des piétons

La barrière canadienne peut s’avérer accidentogène pour les piétons et les cyclistes. Pour limiter les risques, il est possible de resserrer les tubes et d’augmenter la profondeur de la fosse, mais attention l’effet de dissuasion est réduit. Si les bovins, porcins et ovins restent tout aussi sensibles, les autres animaux ont moins d’appréhension. Pour une efficacité maximale, il est recommandé de prévoir un portillon à côté et de placer un panneau avertissant les usagers du danger de franchir la barrière canadienne à pied ou à vélo. À noter qu’une barrière classique est à prévoir à proximité pour le passage obligatoire des animaux et des engins à chenilles métalliques. « Les chenilles métalliques poinçonnent les tubes et autres pièces métalliques de la barrière canadienne. En l’absence d’autre accès, il faut s’assurer que le poids de la machine est compatible avec la capacité du passage et mettre des plateaux en bois pour le protéger », précise Antonin Bénézis.

Protéger les tubes du vol

La construction en acier peut attirer les voleurs, vu le prix de ce matériau. Pour éviter que les tubes amovibles disparaissent, ils peuvent être protégés par un câble antivol ou des brides boulonnées. Autre solution, l’utilisation d’une grille soudée intégralement et fixée par des boulons sur le caisson porteur. Cette architecture est aussi moins bruyante que la solution constituée de tubes posés sur les poutres supports. Dans tous les cas, la conception doit faciliter le nettoyage de la fosse.

Des barrières canadiennes mobiles

Les passages canadiens mobiles s’installent rapidement à l’entrée de parcelles.

Plutôt que d’installer un passage canadien à poste fixe, il existe des versions mobiles qui se déplacent à l’aide du relevage trois points (AVI Lachaud, Bénézis…) ou de fourches à palette (Gallagher). Ces modèles surélevés s’installent rapidement sans terrassement et permettent de suivre le troupeau d’une parcelle à l’autre. Ils font gagner du temps à l’éleveur lors des ravitaillements en eau ou en foin, par exemple, en le dispensant de descendre pour ouvrir et refermer la barrière classique derrière lui. Ils renforcent la sécurité en écartant tout risque qu’un animal s’échappe de la pâture durant l’intervention de l’agriculteur.

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