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Bien régler sa moissonneuse-batteuse pour la récolte des mélanges céréales protéagineux

Les différences de taille et de fragilité des graines, mais aussi les écarts de maturité entre les plantes composant un mélange céréales protéagineux imposent certains compromis dans les réglages de la moissonneuse-batteuse, principalement au niveau du battage.

Très répandus en agriculture biologique, les mélanges céréales protéagineux répondent également aux problématiques du conventionnel, en étant peu gourmands en engrais et en phytos, car moins sensibles au salissement, aux maladies et aux ravageurs, en comparaison à une culture pure. Ces mélanges sont en revanche plus contraignants au moment de la récolte, les réglages de la moissonneuse-batteuse devant tenir compte des spécificités de plusieurs cultures. Avant de se pencher sur la moiss’-batt’, il est important de raisonner son mélange dès l’implantation, de façon à sélectionner des variétés en fonction de leur date de maturité. Il est préférable d’associer une céréale précoce et un protéagineux tardif, permettant de récolter ce dernier quasiment à maturité, tout en ayant une céréale très mûre, et donc plus facile à battre. Le premier objectif est en effet de réaliser un battage efficace pour les différentes graines, tout en limitant la casse des plus fragiles. Dans la pratique, on observe des réglages du système de battage de la moissonneuse-batteuse, très proches de ceux conseillés pour les protéagineux, dont les grosses graines sont les plus sensibles à la casse.

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Ralentir le batteur et serrer le contre-batteur

« Pour une machine à batteur transversal, il est conseillé de réduire le régime de celui-ci pour préserver les graines les plus fragiles, tout en conservant un serrage suffisant du contre-batteur pour bien dépiquer la céréale la plus difficile à extraire. En même temps, il faut veiller à ne pas trop ralentir le batteur au risque d’impacter le débit. En effet, avec une machine à secoueurs, on estime que 90 % des grains doivent être extraits au battage. L’enjeu pour le chauffeur est donc de concilier une vitesse de batteur suffisante avec un niveau de casse acceptable. Dans certains cas, si la céréale s’avère difficile à battre, il est possible d’adopter un contre-batteur à fils plus resserrés, en passant de 18 mm à 14 mm, par exemple », détaille Fabrice Caballud, spécialiste des automoteurs de récolte chez les Ets Lagarrigue, concessionnaire Claas dans l’Aveyron et le Lot. « On peut aussi choisir un contre-batteur mixte à sections, avec des éléments typés céréales sur la partie avant et d’autres plutôt dédiés au maïs, pour les grosses graines en partie arrière », complète Aurélien Pichard, chef produit chez New Holland. L’approche est similaire en ce qui concerne les machines hybrides, avec lesquelles il est possible d’abaisser encore plus le régime du batteur. « On peut se permettre d’extraire seulement 70 % des graines et de finir l’extraction avec la séparation forcée au niveau du ou des rotors. Les machines hybrides permettent ainsi de réduire davantage le risque de casse, sans impacter le débit de chantier », assure Fabrice Caballud.

Moins de risque de grains cassés avec les rotors

Réputées pour leur aptitude à limiter la casse des graines, les moissonneuses-batteuses à un ou deux rotors axiaux tirent leur épingle du jeu pour le battage des mélanges. « J’ajuste la vitesse des rotors et l’écartement des contre-rotors en fonction de la graine qui accompagne la céréale. Avec de la féverole, je réduis à la fois le régime et l’écartement. Avec de la lentille, j’abaisse le régime des rotors, mais je conserve des contre-rotors plus serrés », expose Jérôme Menon, agriculteur et entrepreneur dans le Gers.

Concernant le caisson de nettoyage, les réglages dépendent du débit de la machine et des exigences en termes de pertes et de propreté du grain. « La vitesse des vents et l’ouverture des grilles sont très proches de celles que l’on pratique en blé pur », affirme Jérôme Menon. Il faut bien évidemment se fier aux différentes graines du mélange. Dans le cas d’un blé associé à une grosse graine, il est envisageable d’augmenter la ventilation et d’ouvrir la grille inférieure, tandis qu’avec de plus petites graines, il est nécessaire, au contraire, de réduire les vents et de fermer les grilles. « Faire un arrêt en charge de la machine peut s’avérer bénéfique pour bien comprendre comment se comporte le flux de récolte », conseille Aurélien Pichard.

Les automatismes déboussolés par le mélange des graines

La diversité des mélanges céréales protéagineux complique également l’utilisation des automatismes de réglage, qui sont pourtant de plus en plus élaborés. Par exemple, le Cemos Automatic des machines Claas, utilisant une caméra pour détecter les grains cassés et les impuretés, impose que la graine soit connue de l’algorithme et que l’échantillon soit suffisamment homogène. Ce dispositif n’est donc pas pour l’instant opérationnel avec un mélange, car il risquerait de privilégier une graine au détriment d’une autre.

Lire aussi : Décomposer la fauche et le battage

Une barre de coupe adaptée à la végétation

Suivant les mélanges, la culture est plus ou moins dressée, avec des volumes souvent importants et des plantes enchevêtrées. Les barres de coupe à vis, avec tablier télescopique, semblent être bien adaptées pour faire monter la récolte. Les modèles flexibles à tapis sont aussi appréciés pour leur capacité à ramasser une végétation plaquée au sol. Ces dernières suppriment également les risques d’enroulement autour de la vis d’alimentation. Toutefois, certaines versions de coupes Draper sont handicapées par un manque d’amplitude des rabatteurs. Autre aspect, l’enchevêtrement des plantes peut compliquer la tâche des diviseurs, au risque de bloquer le mouvement des rabatteurs, selon la conception de la coupe. Des scies à colza peuvent ainsi s’avérer utiles, sauf bien sûr, lorsque la culture est au ras du sol. Solution plus radicale, la récolte en chantier décomposé facilite le travail de la moissonneuse-batteuse, qui est alors équipée d’un pick-up, la culture ayant été fauchée et andainée auparavant. Cette technique a aussi l’avantage de mieux gérer les différences de maturité.

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« La graine la plus fragile dicte les réglages »

Sylvain Mielan, agriculteur et entrepreneur à Lagarde dans le Gers

 

 
Sylvain Mielan, agriculteur et entrepreneur à Lagarde dans le Gers © S. Mielan
Sylvain Mielan, agriculteur et entrepreneur à Lagarde dans le Gers © S. Mielan
« Nos deux moissonneuses-batteuses New Holland CR 9.80 récoltent chacune 1 200 à 1 300 hectares par an, dont 200 à 300 hectares de mélanges (blé/lentilles, blé/pois, blé/féverole et orge/avoine/triticale/pois). Nous avons abandonné les machines conventionnelles depuis 2007, pour une question de débit, mais aussi en considérant que les modèles à rotors comme la CR préservent mieux la qualité du grain. Elles sont ainsi bien adaptées à la récolte des cultures en mélange. En termes de réglages, je me fie à la graine la plus fragile de façon à éviter de la casser. Pour cela, il faut abaisser la vitesse des rotors : de 1 200 tr/min en blé, on passe à 900 tr/min en blé/lentille et à 800 tr/min en blé/féverole. En contrepartie, pour pouvoir bien dépiquer le blé des derniers épillets, on serre davantage les contre-rotors. Côté caisson de nettoyage, on peut se permettre de garder des réglages similaires à ceux blé pour les mélanges avec des graines lourdes comme la lentille, le pois ou la féverole. Dans le cas des mélanges comportant des graines plus légères comme l’avoine, il est nécessaire de réduire les vents et d’avancer moins vite pour bien trier. Pour la dernière campagne, nous avons renouvelé l’une des deux CR, la nouvelle disposant d’automatismes de réglages, qui ne sont pour l’instant pas fonctionnels avec les mélanges. »

 

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