L’inquiétant retour de la cysticercose ovine lié à la présence du loup
Transmise par les canidés, la cysticercose affecte les ovins et les hommes. Cette maladie est due à un parasite qui se love dans les chairs de l’hôte. Elle semble gagner du terrain dans les élevages français.
Transmise par les canidés, la cysticercose affecte les ovins et les hommes. Cette maladie est due à un parasite qui se love dans les chairs de l’hôte. Elle semble gagner du terrain dans les élevages français.
« La cysticercose ovine est une maladie devenue rare dans les élevages français. Elle est pourtant en recrudescence et impacte de nombreux élevages ovins dans les zones de prédation du loup », souligne le docteur Éric Belleau. La MRE Paca a publié une fiche technique sur cette maladie induite par Tænia hydatigena, plus connu comme étant un ténia du chien. Ainsi les chiens de protection sont les vecteurs idéaux pour ce parasite. « Même vermifugés, les chiens de protection sont en contact constant avec le troupeau et ont libre accès aux carcasses d’animaux dans la nature. Ils sont donc susceptibles de s’infester à nouveau, puis de contaminer le troupeau en excrétant sur la zone de pâturage », appuie le vétérinaire du GDS 04. Tænia hydatigena se transmet des canidés aux ovins par ingestion d’herbe contaminée par les œufs. Il est également transmissible à l’homme.
Les larves peuvent se loger n’importe où dans l’organisme de son hôte et particulièrement dans les viscères abdominaux et le foie. Aussi appelés "boules d’eau", les cysticerques (la forme larvaire des ténias) forment des vésicules contenant un liquide incolore. Leur taille va de celle d’un petit pois à un œuf de poule. Si elles occasionnent des symptômes relativement faibles tels qu’une perte d’état corporel ou un amaigrissement si le niveau d’infestation est très élevé, les impacts sont avant tout économiques. À l’abattoir, les parties des carcasses présentant des cysticerques, qui sont incrustés dans les tissus de l’hôte, sont saisies. « Souvent tous les abats sont saisis », reprend Éric Belleau.
Pour faire face à cette maladie il est important de vermifuger tous les trois mois les chiens, en particulier ceux de protection. Il faut ensuite les isoler deux à trois jours après la vermifugation, afin que l’excrétion des œufs de ténia ne se fasse pas sur les pâtures. Il est nécessaire d’éliminer ces excréments. Il n’existe pas de traitement pour les ovins à ce jour et la présence du parasite dans l’organisme de l’animal n’est pas facilement décelable. « C’est quasiment toujours à l’abattoir que l’on apprend que les animaux sont atteints de la cysticercose », reconnaît Éric Belleau.
Les œufs de Tænia hydatigena présentent une durée de survie allant de quelques jours à quelques semaines selon la météo. Il faut être davantage vigilant lorsque le temps se fait frais et humide, ce sont les conditions les plus favorables au maintien de l’intégrité des œufs dans le milieu extérieur.
Les ténias larvaires du chien à l’ovin
Les ovins sont sensibles à trois ténias larvaires transmissibles par les canidés. La cysticercose est la maladie la moins grave, n’entraînant que des pertes économiques avec des saisies à l’abattoir. L’échinococcose et la cœnurose sont davantage pathogènes. La première présente des kystes qui s’implantent dans n’importe quel tissu avec une préférence pour le foie et les poumons. Le parasite se loge dans les tissus nerveux tels que le cerveau ou la moelle épinière. Dans sa forme rapide, la cœnurose conduit à la mort de l’hôte en quelques jours. La forme lente peut être décelable si l’animal semble désorienté, se déplace en rond avec la tête penchée. On observe également des chutes fréquentes, le développement d’une cécité et la paralysie du train postérieur lorsque la moelle épinière est touchée. La mort survient alors en trois à quatre semaines.