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Les secrets de la longévité des truies

L’Ifip a analysé les carrières de plus de 150 000 truies grâce à cinq nouveaux indicateurs. La longévité est très variable, parfois sous-optimale. Elle dépend des caractéristiques des truies et des pratiques d’élevage.

 © Ifip
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La longévité des truies dépend de leurs performances de reproduction, principalement en début de carrière. Les problèmes d’aplombs, les choix de conduite et les accidents (canicule, maladies) sont également déterminants. La longévité est une composante essentielle du résultat économique. Si les réformes anticipées sont pénalisantes, un excès de truies âgées et/ou peu productives n’est pas non plus optimum. Avec la prise en compte croissante du bien-être animal, la longévité se trouve maintenant au cœur de nouveaux enjeux éthiques et sociétaux. De bons outils d’évaluation sont donc essentiels pour progresser. L’Ifip a réalisé une étude pour proposer de nouveaux critères de longévité et analyser leurs facteurs de variation.

Des différences de longévité explicables

L’analyse a permis d’identifier six facteurs qui ont des effets significatifs et identiques sur tous les critères de longévité. Ainsi, les femelles achetées et les génétiques sino-européennes ont une meilleure longévité et des carrières plus productives que celles d’autres types génétiques ou issues d’autorenouvellement. Un âge à la première mise bas tardif (>420 jours) diminue à la fois la durée de carrière et le nombre cumulé de porcelets sevrés. Attention, l’effet favorable d’une mise à la reproduction précoce suppose une bonne conduite alimentaire des cochettes et primipares, pour éviter un épuisement rapide. La durée d’allaitement (3 vs 4 semaines) n’explique pas les écarts de longévité. Par contre en cas de sevrage à 4 semaines les écarts de consommations d’aliment ont un effet sur la carrière, avec des longévités et porcelets produits maximums pour 1 250 à 1 350 kg/truie/an. Ceci est cohérent avec une augmentation de certains risques associés aux allaitements longs : pertes d’état excessives, troubles de reproduction ultérieurs, « syndrome 2e portée »…

 © Ifip
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Ni l’origine de l’aliment (achat vs FAF), ni son mode de distribution en gestation n’ont d’effets sur la carrière, malgré une tendance favorable aux DAC. L’étude confirme qu’une mise en groupe dès le sevrage n’a pas d’effet négatif sur la longévité, à la différence d’une libération vers 8-15 jours. Cette période correspondant à la fixation des embryons est un stade sensible avec des risques accrus d’interruption de gestation et donc de réforme anticipée. Les sols paillés en gestation sont associés à une meilleure longévité que sur caillebotis intégral (5,1 vs 4,8 portées et 75 vs 70 nés totaux). Faut-il voir une diminution des réformes liées aux problèmes d’aplombs ? Ces derniers résultats obtenus sur moins de 60 % des truies restent à confirmer.

Une longévité très variable

 © Ifip
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Sur l’ensemble de leur carrière, les truies ont produit en moyenne 4,8 portées, en incluant les cochettes réformées sans mise bas (8 %, dont 30 % non saillies). Si certaines atteignent 20 portées, les réformes anticipées restent malheureusement fréquentes, puisqu’un quart des jeunes truies quittent le troupeau avant leur troisième mise bas.

En moyenne une truie produit sur sa carrière 70 nés totaux, 65 nés vivants et 55 sevrés. Les nombres de porcelets cumulés sont des critères synthétiques qui prennent en compte à la fois la longévité et les tailles de portées à chaque cycle. Ils permettent donc une meilleure approche de la carrière productive d’une truie que le simple nombre total de portées. Les variations individuelles sont importantes entre 0 et plus de 300 nés et 250 sevrés. Même en comparant les truies à même nombre de porcelets produits ou à même nombre de portées réalisées, les écarts restent importants. Ainsi pour faire naître 70 porcelets il faudra selon les truies de 3 à 9 portées.

Repères

La méthode d’étude

Données GTTT (base de données nationale) : 1 720 élevages de production
Exclus : vendeurs de reproducteurs, bio, labels, plein air, effectifs instables
155 633 truies réformées en 2015
Analyse de 5 indicateurs de longévité
Liens avec les caractéristiques des truies et élevages : 10 facteurs enregistrés dans les bases GTTT-GTE
L’étude complète : www.journees-recherche-porcine.com/texte/2019.php

Mes Conseils

Sylviane Boulot - Ifip-Institut du porc

Sylviane Boulot, Ifip-Institut du porc © Ifip
Sylviane Boulot, Ifip-Institut du porc © Ifip

Gardrer des truies longtemps et en bonne santé

Ces nouveaux indicateurs sont l’occasion d’un rappel des fondamentaux d’une carrière réussie.

Bien démarrer. La fréquence élevée de réformes anticipées suggère de remettre à plat la conduite des cochettes pour identifier les facteurs de risque.
Bien terminer. Une durée de carrière maximum ne suffit pas. Le défi sera de garder les truies productives le plus longtemps possible. Santé, prolificité, aplombs, facilité de mise bas, capacité d’allaitement, bon état corporel sont essentiels.
Des axes de progrès variables selon les élevages. Les causes de réforme sont à identifier précisément : infertilité, problèmes d’aplomb, de lactation, mauvais état, mortalité, conjoncture, politique de réforme…

Les pratiques favorables à la longévité sont bien plus nombreuses que ne le suggère ce travail. La recherche est active et tous les domaines sont concernés : génétique, alimentation, logement, santé…

L’Ifip propose quatre nouveaux indicateurs de longévité.

En plus du nombre de portées à la réforme, un indicateur de longévité synthétique bien connu, l’Ifip propose d’utiliser quatre critères complémentaires pour une meilleure analyse de la carrière productive des truies. Le taux de réalisation de trois portées est essentiel pour évaluer le bon démarrage des carrières et l’aptitude des cochettes à « survivre » au syndrome de 2e portée. Cet indicateur de robustesse intéresse de plus en plus les schémas génétiques. Les trois critères correspondant aux nombres cumulés de porcelets (nés totaux, vivants, sevrés) sur la carrière évaluent la qualité des carrières productives. Ils permettent de comparer les carrières de truies réformées au même rang. Les écarts suggèrent des perspectives de progrès.

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