Les robots viticoles en marche
Cette année, les robots ont occupé une large place lors des journées de démonstrations de matériel. Mais que peut-on attendre de ces engins, et à quelle échéance vont-ils émerger dans nos vignobles ? Autant de questions auxquelles nous avons cherché à répondre.
Cette année, les robots ont occupé une large place lors des journées de démonstrations de matériel. Mais que peut-on attendre de ces engins, et à quelle échéance vont-ils émerger dans nos vignobles ? Autant de questions auxquelles nous avons cherché à répondre.
Hier encore, ils n’étaient que des projets de recherche abstraits. Aujourd’hui, les robots viticoles deviennent une réalité. Avec une douzaine de modèles existants, qu’ils soient en développement ou déjà sur le marché, notre filière peut d’ailleurs se targuer d’avoir la plus grande diversité d’automates.
En revanche, nous sommes loin d’en faire un usage aussi régulier que nos confrères éleveurs, qui ont d’ores et déjà adopté les robots de traite. Et pour cause. Les seules machines qui soient réellement disponibles en vigne sont le Vitirover, permettant la tonte de l’enherbement et proposé uniquement en prestation de service, ainsi que le robot bineur Oz de Naïo Technologies, davantage adapté au contexte maraîcher. « En viticulture, nous sommes actuellement à la frontière entre le prototype et la commercialisation », constate Nina Lachia, ingénieur à la Chaire AgroTIC.
Il faut dire que la technologie est tout juste mature. Les ingénieurs savent sans difficulté faire rouler un engin de façon automatique. Les systèmes de guidage, qu’ils soient par GPS, caméra ou lidar, sont assez précis pour assurer une orientation sans faille, et depuis peu pour suivre un rang de vigne. De même, les nouvelles générations de batteries, de plus en plus légères et efficaces, permettent aux machines d’avoir une autonomie convenable.
Mais les ingénieurs bloquent toujours sur la mise en œuvre opérationnelle des travaux, qui demande des actions plus complexes. « On commence à maîtriser le travail du sol, mais il y a encore des verrous techniques à lever pour développer d’autres usages », relate Jean-Michel Lebars, président du collectif Robagri. Selon lui, le segment des robots viticoles va évoluer très rapidement, et nous devrions d’ici trois ans avoir des modèles matures dans le commerce, aptes à effectuer notamment des opérations de binage interceps. « Mais l’intelligence artificielle fait d’énormes progrès, et nous permettra de robotiser de nombreuses tâches », poursuit le président. Les deux start-up que sont Naïo Technologies et Vitibot parlent déjà de rognage, d’effeuillage, de pulvérisation ou encore de la collecte d’informations sur l’état de la plante (vigueur, régime hydrique, maladies…) grâce à divers capteurs embarqués.
Autant de fonctionnalités qui seront progressivement intégrées aux modèles existants. Les perspectives sont d’ailleurs encourageantes, puisqu’il existe en France une forte communauté de roboticiens, et que ces derniers sont particulièrement intéressés par le secteur agricole, porteur de débouchés. Car ils ont bien saisi que les automates peuvent être des réponses aux enjeux d’environnement, de sécurité et de main-d’œuvre, de plus en plus prégnants en agriculture.
Le coût de la technologie est encore un frein important
« Toutefois, le robot ne remplacera jamais l’homme, tempère Nina Lachia. L’agriculteur gagnera en temps et en confort de travail sur certaines tâches, mais ne sera pas qu’un simple opérateur, il y aura toujours besoin de son expertise. » Si les feux sont au vert concernant le déploiement de ces solutions d’un nouveau genre, certains freins subsistent. « Notamment au niveau logistique », analyse l’ingénieur. Car cela nécessite en particulier d’adapter ses pratiques, en préparant le terrain pour le robot (afin qu’il ne rencontre pas d’obstacle), et implique à l’heure actuelle des contraintes organisationnelles pour amener l’engin à la parcelle. « Le coût de la technologie arrête également certains viticulteurs intéressés, poursuit Nina Lachia. Bien que le retour sur investissement existe, il est rarement visible directement. » L’essor des robots passera également par un cadre réglementaire défini, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. « Mais les acteurs, y compris le ministère, sont conscients qu’il faut avancer sur ce contexte », assure Jean-Michel Lebars.