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Les considérables pouvoirs du microbiote

Chez les ruminants comme chez les humains, la flore qui colonise le système digestif - le microbiote - a un impact considérable sur la santé de son hôte.

Un deuxième cerveau ! Les chercheurs n’hésitent pas à qualifier ainsi le microbiote intestinal. Nos intestins sont colonisés par plus de 100 000 milliards de bactéries et autres micro-organismes qui constituent un écosystème avec lequel nous vivons en symbiose. Les chercheurs, de plus en plus nombreux à s’y intéresser, le voient comme un organe à part entière mais dont les fonctions sont encore assez méconnues. Les ruminants ne sont pas en reste. « Chez l’humain, plus on descend dans l’intestin, plus il fourmille de bactéries, champignons, etc. Chez le ruminant, c’est l’inverse : le maximum de bactéries se trouve dans le rumen », expliquait le Dr Bernard Schmitt, directeur de recherche au CERNh et cofondateur de Bleu Blanc Cœur, lors d’une conférence organisée par Schils et Original Process au Sommet de l’élevage.

Avant tout un rôle protecteur

Interface entre les aliments et l’organisme, ce microbiote extrêmement diversifié a avant tout un rôle protecteur. Mais les chercheurs font de plus en plus le lien entre des déséquilibres microbiens durables dans l’intestin et de nombreuses maladies dont l’incidence ne cesse d’augmenter : troubles digestifs chroniques, anxiété, dépression, obésité, diabète, cancers… Voire même l’autisme. « Nous sommes complètement tributaires de ce qui se passe dans notre intestin », ajoute le Dr Schmitt. Chez les ruminants, les altérations du microbiote sont à l’origine d’une dégradation de la fonction digestive et impliquées dans diverses pathologies (diarrhées, acidose, mammites, métrites…).

Un dialogue entre intestin et cerveau

Le microbiote intestinal s’installe au contact du milieu extérieur, lors de l’accouchement chez les humains. Mais il sera très différent selon que la naissance a lieu par voie naturelle ou césarienne. Chez le veau, il se constitue progressivement de la naissance jusqu’au sevrage. Ces milliards de bactéries agissent sur le fonctionnement de l’organisme par quatre voies : sanguine, nerveuse, endocrine et immune. Un véritable dialogue s’établit entre intestin et cerveau, qui régule notre état de santé.

Un microbiote déséquilibré ouvre la porte de l’intestin à des espèces potentiellement pathogènes. Il perd sa fonction protectrice. Il provoque également une atrophie de la paroi digestive et une augmentation de sa perméabilité. La paroi intestinale normale est formée de cellules jointives recouvertes d’une épaisse couche de mucus, qui forment un tampon imperméable entre les milieux extérieur et intérieur. Les protéines alimentaires sont dégradées en acides aminés, seuls habilités à traverser la paroi de l’intestin. Ces acides aminés sont synthétisés dans le milieu intérieur sous forme de protéines compatibles sur le plan immunologique avec l’organisme. Lorsque le microbiote est altéré (dysbiose), les cellules de la paroi digestive ne sont plus jointives et l’épaisseur du mucus se réduit considérablement. Des aliments pas complètement dégradés en acides aminés traversent la barrière digestive et atteignent la circulation sanguine, provoquant une inflammation chronique, qui contribue à l’apparition de nombreuses maladies.

 

La dysbiose, à l'origine d'allergies et d'intolérances

 

La paroi intestinale normale est formée de cellules jointives recouvertes d’une épaisse couche de mucus. Lorsque le microbiote est altéré (dysbiose), les cellules de la paroi digestive ne sont plus jointives et l’épaisseur du mucus se réduit considérablement. Des aliments pas complètement dégradés peuvent atteindre la circulation sanguine et provoquer une inflammation chronique.

Source : Dr Schmitt

Modifier le microbiote des veaux et des vaches

L’Inra est un des leader mondiaux du décryptage du génome du microbiote humain. L’institut de recherche explore également l’impact du microbiote sur la santé et la croissance des animaux. Une des voies de recherche porte sur la modification du microbiote des vaches pour qu’elles émettent moins de méthane, puissant gaz à effet de serre. Ils imaginent aussi pouvoir moduler le microbiote des veaux à la naissance afin de réduire la part des micro-organismes méthanogènes.

Le saviez-vous ?

Les probiotiques sont des micro-organismes vivants qui agissent sur la flore commensale (bactéries qui vivent pacifiquement dans l’organisme colonisé) et le système immunitaire, avec des effets positifs sur la santé. Mais leur effet est transitoire.

Les prébiotiques sont des fibres alimentaires qui renforcent au long cours la flore commensale, en gardant la spécificité propre à chaque individu.

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