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Le rendement des céréales est meilleur avec le pâturage des ovins

À condition qu’il soit réalisé au bon stade, le pâturage des céréales destinées à être récoltées est plutôt bénéfique pour la culture. Le mode d’emploi reste toutefois à préciser.

Autrefois pratiqué dans certaines régions pour améliorer le tallage, le pâturage des céréales par les brebis a fait l’objet de suivis sur quatorze parcelles chez sept céréaliers d’Île-de-France entre 2018 et 2021. Et le stade au pâturage s’avère particulièrement discriminant. Si ce dernier est réalisé en cours de tallage, le rendement est majoré en moyenne de cinq quintaux par hectare avec un écart de 0 à 9 quintaux selon les parcelles. Cette augmentation ne semble toutefois pas liée à un nombre d’épis supplémentaires. Par contre, le pâturage dégrade le rendement des parcelles utilisées par les brebis en fin de tallage, et plus encore lorsque la montaison commence (stade épi 1 cm). La production diminue alors respectivement de trois et sept quintaux par hectare.

Le pâturage des céréales par les brebis induit une réduction des nécroses foliaires, essentiellement attribuées à la septoriose. Cette diminution, mesurée sur la deuxième feuille à la floraison, atteint 61 % alors qu’entre 1 à 20 % de la surface des feuilles non pâturées étaient malades selon les parcelles. L’effet a été mesuré autant en agriculture conventionnelle qu’en biologique.

Enfin, les deux types de mesures (test bêche et par pénétrométrie) réalisées pour mesurer les effets du piétinement des brebis sur la compaction du sol indiquent qu’il n’y a pas de tassement qui nuirait à la culture.

La quantité de céréales au stade tallage consommée par les brebis est comparable à celle d’herbe sur les prairies en hiver, c’est-à-dire faible. La biomasse à l’entrée des brebis varie de 100 à 800 kg de matière sèche par hectare et les brebis en prélèvent en moyenne 360 kg. Pour un lot de 100 brebis taries ou en milieu de gestation, cela représente entre un et trois jours de pâturage par hectare. Par ailleurs, la valeur alimentaire est excellente avec 1 UFL (unité fourragère lait) et 100 g de PDI (protéine digestible intestinale) par kg de matière sèche.

D’autres études sont en cours afin de renforcer ces premiers résultats et de déterminer l’impact de la portance lors du pâturage sur le futur rendement.

Des agriculteurs témoignent

Jean Luc Douine, éleveur et céréalier à Guercheville en Seine-et-Marne, a testé le pâturage des colzas grains deux années consécutives.

« On ne perd pas en rendement si les brebis consomment entre 50 et 70 % des feuilles, explique-t-il. Cela correspond à 80 brebis à faibles besoins par hectare pendant deux jours. Le plus compliqué à gérer est l’homogénéité du pâturage et la taille de la parcelle. Soit on fait trop grand et elles pâturent par "secteur" ou bien on bouge les parcs tous les jours. Des parcs de deux jours semblent un bon compromis. Le décalage de floraison est très net entre les colzas pâturés et les autres ».

Thomas Lafouasse, céréalier à Pécqueuse (91)

« Le stade au pâturage est très important mais il faut aussi que le sol soit ressuyé, sur gel ou au moins portant ».

Philippe le Quéré, éleveur et céréalier à la Celle-les-Bordes (78)

« Cela fait beaucoup de clôtures à poser pour peu de temps de pâturage. Je n’y vois pas beaucoup d’intérêt pour mon troupeau ».

Bruno Saillet, chef de culture à Fleury-en-Bière (77)

« Pâturer des céréales implantées sous couverts, c’est utile mais uniquement pour réguler un blé très vigoureux. Il faut que le blé ne soit pas trop faible et que les pieds soient bien enracinés ».

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