Aller au contenu principal

« Le photovoltaïque donne de la valeur ajoutée à notre exploitation avicole »

L’EARL de Lisquilly, dans les Côtes d’Armor, a équipé ses trois poulaillers de 522 kWc de toiture photovoltaïque pour apporter un revenu complémentaire sur l’exploitation et réduire sa facture d’électricité.

<em class="placeholder">Maxime et Thomas Decherf: « Nous considérons le photovoltaïque comme un atelier à part entière sur l&#039;exploitation.&quot;</em>
Maxime et Thomas Decherf: « Nous considérons le photovoltaïque comme un atelier à part entière sur l'exploitation."
© A. Puybasset

À Guerlédan dans les Côtes d’Armor, Thomas et Maxime Decherf sont aviculteurs mais aussi énergiculteurs. « Nous considérons le photovoltaïque comme un atelier à part entière. C’est une source de revenu complémentaire qui apporte de la valeur ajoutée et de la pérennité à notre exploitation, sans main-d’œuvre supplémentaire. Il couvre une bonne partie des besoins électriques de notre atelier avicole, tout en améliorant notre image grâce à la production d’énergie renouvelable. » 

Lire aussi : Autoconsommation collective photovoltaïque : Vendre son électricité photovoltaïque à ses voisins devient possible

Les deux frères font un premier bilan économique de leur centrale de 332 kWc. Installée en toiture des deux poulaillers du site de Lisquilly et mise en route en mai 2023, sa production est destinée à de l’autoconsommation avec revente du surplus. « Après un an de fonctionnement, la centrale a dégagé un résultat financier de 5 300 euros. En parallèle, l’atelier avicole a vu diminuer sa facture d’électricité de près de 3 000 euros sur douze mois grâce à l’autoconsommation », ont-ils présenté, lors d’une visite organisée avec l’association des agriculteurs producteurs d’énergie photovoltaïque Apepha.

Une centrale en toiture avec autoconsommation

Rejoignant la ferme familiale, Thomas et Maxime se sont installés en 2020 en reprenant à un tiers et en rénovant trois poulaillers sur deux sites (3 200 m2) pour les adapter à la production de poulets lourds sexés. Les travaux visaient aussi à réduire les charges énergétiques (réisolation des longs pans, ventilateurs progressifs, éclairage LED…). « Sur ce site d’élevage de Lisquilly de 2 200 m2 en tarif jaune, nous avons pris de plein fouet la hausse du prix de l’électricité depuis la guerre en Ukraine. Le projet photovoltaïque a vraiment démarré fin 2021 avec le nouvel arrêté sur l’autoconsommation avec revente du surplus, dont le tarif incitatif d’obligation d’achat par EDF rendait économiquement intéressant les grosses installations en toiture », se souvient Thomas. 

 

Entre la signature des devis, la demande de raccordement et la mise en service de la centrale, dix-huit mois se sont écoulés. « Le délai pour obtenir l’accord de l’assureur a retardé le projet. Mieux vaut s’y prendre très en amont », conseille-t-il.

Dix ans de retour sur investissement

336 000 kWh d’électricité photovoltaïque ont été produits la première année, dont 92 % injectés sur le réseau public – c’est-à-dire toute la production non utilisée en premier lieu par les poulaillers – et rachetés 12,28 centimes d’euro le kWc par EDF (obligation d’achat). La centrale a fourni au site avicole 26 000 kWh sur les 46 600 kWh consommés en un an, soit un taux d’autoproduction de 57,5 %. « Cela représente une économie de près de 4 centimes d’euro du kWc sur l’électricité nue par rapport au tarif d’achat auprès de notre fournisseur d’électricité (17 centimes d’euro en moyenne sur l’année) ainsi que sur les frais d’utilisation du réseau (environ 7 centimes d’euro). » Dans leur approche économique, les éleveurs raisonnent par atelier, avec une comptabilité analytique par production. « Ce n’est pas au photovoltaïque d’améliorer la rentabilité de la volaille », justifie Maxime. Ainsi, l’atelier photovoltaïque refacture à l’atelier volailles l’économie réalisée grâce à l’autoconsommation (3000 euros au total). Celle-ci apparaît dans le bilan financier. Le montant de la centrale est de 328 500 euros (hors frais bancaires, financement sur douze ans), avec un coût du kWc produit de 8,7 centimes d’euro le kWh sur vingt ans. Le retour sur investissement est estimé à dix ans. « Il aurait été de douze années, sans l’autoconstruction. »

 

 
<em class="placeholder">Les locaux bien aérés abritant chacun cinq onduleurs ont été autoconstruits.</em>
Les locaux bien aérés abritant chacun cinq onduleurs ont été autoconstruits. © A. Puybasset

Une seconde centrale photovoltaïque a été mise en service en février 2024 sur le poulailler d’un autre site à 2 kilomètres. D’une puissance de 190 kWc, elle est également installée sur les versants est et ouest, avec un contrat de vente totale. « C’était l’option la plus rentable lorsque nous avons fait la demande de raccordement pour ce site qui bénéficiait d’un tarif bleu, dont le prix de l’électricité avait encore peu augmenté. Le contexte est aujourd’hui différent. » Les éleveurs ont prévu de passer à un contrat d’autoconsommation avec revente du surplus afin d’utiliser l’énergie photovoltaïque pour leur poulailler.

L’autoconstruction limite le coût d’investissement

Le dimensionnement de la centrale de Lisquilly a été défini en fonction de la puissance maximale du transformateur Enedis (250 kVA), qui se trouve quasiment au pied des bâtiments, expliquant le faible coût du raccordement (11 500 euros). Les 1 600 m2 de modules ont été répartis sur les deux versants est et ouest des deux bâtiments, soit 190 kW pour le bâtiment de 1 200 m2 et 140 kWc pour celui de 1 000 m2. Les éleveurs se sont chargés du renforcement de la charpente, du remplacement de la toiture avec une structure en bac acier, des tranchées, de la pose des gaines électriques et des deux locaux abritant cinq onduleurs. « Avec l’autoconstruction, nous avons économisé environ 50 000 euros de main-d’œuvre. » Leur temps de travail a en revanche été intégré dans le coût du projet.

Coté eco

Bilan économique de l’année 1 :

336 470 kWh produits la première année (12,27 c€/kWc)

41 300 € : chiffre d’affaires annuel (vente à l’atelier volaille et du surplus à EDF)

4 800 € : charges prévisionnelles annuelles (1 700 € d’assurance, entretien et maintenance, provision pour remplacement des onduleurs tous les dix ans)

31 200 € : annuité, sur douze ans

5 300 € : résultat financier

10,1 ans : temps de retour sur investissement

8,7 c€/kWc : coût du kWc produit pendant vingt ans

Une bonne adéquation entre les besoins et la production d’électricité

La centrale photovoltaïque de Lisquilly a fourni en moyenne sur un an 57,5 % des besoins en électricité du site de 2 200 m2 de poulet lourd sexés. Ce taux d’autoproduction est supérieur aux estimations. « Avoir des panneaux sur les deux versants, orientés est-ouest, est un vrai plus », explique Thomas Decherf. « La courbe de production, plus plate qu’avec une exposition au sud, a en revanche une plus grande amplitude sur la journée : la production démarre plus tôt le matin et s’arrête plus tard le soir. Elle couvre nos besoins sur une grande plage horaire. » De plus, avec une centrale de grande taille, le palier minimum de consommation est atteint dès les premiers rayons, en hiver comme en été. « Il y a une bonne adéquation entre la consommation d’électricité et la production photovoltaïques, notamment l’été où toutes deux sont plus élevées (ventilation, brumisation). »

En été, les besoins sont couverts sur une grande plage horaire

Courbes de production (orange) et de consommation (verte) d’une journée type d’été à 40 jours

<em class="placeholder">En été, les besoins sont couverts sur une grande plage horaireCourbes de production (orange) et de consommation (verte) d’une journée type d’été à 40 joursExemple ...</em>

Exemple du 12/06/2024, poulet de 40 jours, ventilation à 100 % + brumisation

courbe rouge : courbe d’injection sur le réseau

Dates clés

2020 : installation et rénovation des poulaillers

Fin 2021 : démarrage du projet photovoltaïque de Lisquilly

Mai 2023 : mise en service de la première centrale de 332 kWc en autoconsommation avec vente en surplus (12,27 c€/kWc)

Fin février 2024 : Mise en service de la seconde centrale de 190 kWc en vente totale (13,12 c€/kWc)

Les plus lus

<em class="placeholder">Pauline Van Maele et Aurélien Lerat : « La viabilité de notre projet d&#039;installation à deux reposait sur le maintien de l’élevage sur l’exploitation avec deux ...</em>
« Le poulet a rendu viable notre projet d’installation »

Dans l’Aisne, Pauline et son frère Aurélien Lerat ont repris l’exploitation familiale de grandes cultures en réinvestissant…

<em class="placeholder">Accessible par un unique chemin, l’entrée du site d’élevage de Nicolas Verdier est délimitée par une clôture grillagée avec un portail électrique et un grand sas ...</em>
Une biosécurité renforcée pour un site de deux poulaillers de chair neufs

Nicolas Verdier s'est installé à Mansigné dans la Sarthe avec un site de deux poulaillers neufs de 1 800 m2 équipé d'un…

<em class="placeholder">GŽraldine Mazerolle et ses poulets Label rouge de 15 jours</em>
« Nous avons renforcé l'exploitation bovine et de poules pondeuses avec deux bâtiments label »

Pour générer un revenu complémentaire et vivre à deux sur l’exploitation dans l'Allier, Géraldine et Julien Mazerolle se sont…

<em class="placeholder">Nicolas Verdier lors de la porte ouverte : « Mon site de deux bâtiments de 1 800 m2 répond à mes attentes en termes de revenu et de temps de travail.»</em>
« Je vis bien avec mon site de volailles de chair neuf de 3 600 m2 »

Nicolas Verdier s’est installé seul avec deux poulaillers de chair neufs. Grâce à des performances technico-économiques…

<em class="placeholder">Bruno Mousset travaille depuis vingt-cinq ans dans le groupe LDC et pilote le pôle Amont depuis 2020. Auparavant, il a dirigé la société Lœuf (2011-2019), a été ...</em>
« Il nous faut des éleveurs de volailles pour nos sites LDC »

La consommation de volaille a le vent en poupe et particulièrement le poulet. Pour rester dans l’assiette des consommateurs…

<em class="placeholder">Simple ou sophistiquée, la chaudière à biomasse est une bonne solution technique pour réduire la consommation de gaz, mais attention à sa rentabilité.</em>
Comment réduire les émissions de gaz à effet de serre en volailles

Bien que peu émettrices de gaz à effet de serre (GES), les filières avicoles vont participer à l’effort collectif de réduction…

Publicité
Titre
je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Volailles
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Volailles
Newsletter COT’Hebdo Volailles (tendances et cotations de la semaine)