Le pâturage de mûrier améliore les taux du lait de chèvre
Afin d’évaluer l’intérêt des arbres fourragers dans la ration des chèvres, des essais sont menés sur la ferme du Pradel (Ardèche) sur le pâturage de mûrier blanc et de la vigne. Les résultats sont prometteurs tant sur quantité de lait que sur les taux.
Afin d’évaluer l’intérêt des arbres fourragers dans la ration des chèvres, des essais sont menés sur la ferme du Pradel (Ardèche) sur le pâturage de mûrier blanc et de la vigne. Les résultats sont prometteurs tant sur quantité de lait que sur les taux.
En juillet 2021, un essai a été conduit sur la ferme expérimentale du Pradel (Ardèche) sur deux lots de 24 chèvres : un lot « mûrier » qui allait pâturer les mûriers la journée de 8 à 15 heures et un lot « témoin », alimenté au foin de luzerne en bâtiment. Le soir, les deux lots recevaient du foin de luzerne. La part des mûriers dans la ration représentait environ deux tiers de la ration fourragère pour le lot concerné.
Les 24 chèvres ont pâturé au total 16 jours sur la parcelle. « Les résultats des contrôles laitiers sur la période montrent une hausse de 11 % de lait (+ 0,3 l en plus) pour les chèvres du lot « mûrier ». Ce résultat peut s’expliquer en partie par le fait que les mûriers avaient une valeur alimentaire autour de 14-15 % de matière azotée totale (MAT) contre 12 % pour le foin de luzerne de première coupe », expose Claire Boyer, chef de projet à l’Institut de l’élevage.
Au niveau des taux, les résultats sont de nouveau en faveur du lot « mûrier ». Le taux butyreux est en moyenne autour de 38 g/kg contre 30 g/kg pour le lot témoin, et le taux protéique à 32 g/kg contre 30 g/kg.
11 % de lait en plus
Au cours de l’essai, un volet était consacré à la vérification de l’aptitude à la transformation fromagère de ces laits. Quatre fabrications séparées des deux lots ont eu lieu. « Le lait du lot « mûrier » étant plus riche, les résultats en fromagerie montrent une nette amélioration du rendement fromager de 10 % (+ 2 kg en plus). Il contient également plus de caséines et de calcium », avance Hélène Le Chenadec de l’Institut de l’élevage.
Sur les picodon frais et affinés, on retrouve les mêmes résultats en faveur du lot « mûrier » : plus de matière grasse, de matière sèche et de gras sur sec. Les suivis de fabrication (acidification, égouttage) et l’affinage des fromages se sont déroulés de façon similaire pour les fabrications issues de chaque lot.
Dernière étape à valider, la dégustation des fromages par un panel de consommateurs. Les picodons entre 12 et 14 jours d’affinage ont été dégustés par 55 personnes au total. Aucune différence n’a pu être mise en avant lors de cette dégustation. « C’est très positif, les craintes éventuelles des producteurs peuvent ainsi être levées, le picodon issu du lot « mûrier » conserve ses caractéristiques et ses saveurs », concluent les deux jeunes femmes. Cet essai sera de nouveau mené cet été au Pradel, mais cette fois, les fromages seront dégustés par un jury d’experts.
12 % de MAT pour la vigne
À l’automne 2021, un essai a également été mené au Pradel sur le pâturage de la vigne. L’intérêt était de pouvoir valoriser les deux ateliers caprins et viticoles présents sur le domaine Olivier de Serres. L’objectif était de vérifier si les chèvres mangeaient les feuilles de vigne, produisaient du lait transformable en fromage.
La parcelle de 0,8 hectare a été pâturée neuf jours courant octobre, après les vendanges, par un lot de 26 chèvres, et cinq rangs ont été protégés pour comparer la repousse de la vigne au printemps 2022.
Les premières tendances montrent que la production laitière et les taux se maintiennent. Dans cet essai, la part de la vigne représentait environ la moitié de la ration fourragère, et avait une valeur alimentaire de 12 % de MAT. Sur la partie fromagerie, aucun problème n’est apparu à la fabrication ni à la dégustation des fromages.
Le saviez-vous ?
Entretien des mûriers
Avant les essais, chaque hiver depuis trois ans, la parcelle de deux hectares de mûriers composée d’arbres en têtards et en cépées est taillée pour optimiser la biomasse foliaire en été. L’objectif est de laisser quatre à cinq branches sur les arbres pour avoir deux strates foliaires : une accessible par les chèvres et l’autre non accessible, pour permettre à l’arbre de faire ses réserves.
Les essais se multiplient autour des arbres fourragers
Le projet APaChe (2021 à 2024), financé par la DRAAF AuRA dans le cadre des fonds Massif central, a pour objectif d’étudier l’arbre fourrager. Cette ressource innovante a l’avantage de pouvoir être consommée en saison estivale par les ruminants et possède suivant les espèces (mûrier, frêne…) de bonnes valeurs alimentaires. L’objectif est d’apporter à la filière caprine des références précises de la consommation d’espèces d’arbres fourragers par les chèvres. Idele, Cap’Pradel, EPLEFPA Olivier de Serres, Agroof, Adice, chambres d’agriculture (Occitanie, Ardèche, Lot et Lozère) et Ardepal sont partenaires du projet.
La gestion des parcelles arborées étudiée
Sur la ferme expérimentale du Pradel, des essais sont prévus sur le pâturage du mûrier blanc et de la vigne. Une nouvelle plantation de mûrier en haute densité (environ 10 000 plants/ha) est en cours de réalisation. En complément des essais au Pradel, une plantation de cornouiller sanguin et d’érable champêtre est réalisée dans le Lot ainsi qu’une rénovation d’une châtaigneraie existante en Lozère. L’objectif est d’apporter des réponses sur la gestion des parcelles arborées et plus spécifiquement pour les caprins. Pour plus d’information, rendez-vous sur idele.fr.