Le compost issu des déjections porcines remplace partiellement les engrais minéraux
Une étude espagnole a été menée pour évaluer la valeur fertilisante de deux composts, les risques de pollution liés à la présence de zinc et de cuivre et le lessivage de nitrates suite à leur application sur du ray-grass italien. Ces deux composts ont été élaborés à partir de la fraction solide d’un même lisier de porc mélangé à des déchets d’égraineuse de coton en proportion différentes. Le compost contenant la plus grande proportion de lisier a permis une meilleure fertilisation, probablement grâce à un taux d’azote inorganique plus élevé. Les deux ont permis d’augmenter la biomasse produite, l’azote et le phosphore disponibles par rapport à un contrôle non fertilisé, bien qu’une déficience en azote limitante pour le développement des plantes ait été observée à la deuxième et à la troisième récoltes. Le cuivre et le zinc disponibles n’ont pas augmenté de façon significative comparé au contrôle et à un fertilisant minéral. Deux épisodes de fortes pluies ont été simulés pour estimer le lessivage des nitrates. Moins de 0,5 % de l’azote total appliqué a été lessivé, ce qui fait des deux composts des fertilisants de remplacement partiels de fertilisant minéral. Le premier compost était composé d’un ratio lisier : déchets de coton de 4:3 et le second d’un ratio de 3:4. Leurs compositions respectives étaient : 63 et 75 % de matière organique, 36,1 et 32,7 % d’azote total et 15,3 et 10,58 g/kg de phosphore. Les composts ont été appliqués sur des échantillons d’un sol sablo-limoneux en pots sous serre. Les doses appliquées ont été calculées selon la quantité d’azote total à apporter. Un fertilisant minéral de type NPK et un échantillon non fertilisé ont également été testés.
Avis d’expert : Anne-Sophie Langlois, chambre d’agriculture de Bretagne
« Des apports de compost peuvent éviter des pertes d’azote »
« L’azote du compost est présent sous deux formes : organique et minéral. La fraction minérale est directement assimilable par les plantes, tandis que la fraction organique doit d’abord être minéralisée pour être biodisponible. La minéralisation étant un processus lent, trop peu d’azote a probablement pu être minéralisé à la deuxième et à la troisième récolte de cet essai, ce qui peut expliquer les rendements moins élevés. Des apports de compost complétés par des apports d’engrais minéraux à des dates stratégiques peuvent permettre d’éviter les pertes d’azote et les pollutions éventuelles. Par ailleurs, le suivi des concentrations en cuivre et en zinc sur plusieurs années permettrait de voir s’il y a accumulation dans le sol au-delà des seuils réglementaires afin de conforter ou non ces résultats. »