Laitue : le paillage papier en alternative au désherbage
Des essais au centre CTIFL de Carquefou montrent que le paillage papier pourrait être une alternative intéressante contre l’enherbement en laitue. La culture sous couvert de trèfle ou de lentille est également une piste.
Des essais au centre CTIFL de Carquefou montrent que le paillage papier pourrait être une alternative intéressante contre l’enherbement en laitue. La culture sous couvert de trèfle ou de lentille est également une piste.
Dans le cadre du projet Tenace, qui vise à répondre aux problématiques d’enherbement en cultures semées et plantées en Pays de la Loire, différents paillages sont testés depuis 2021 au centre CTIFL de Carquefou. En 2021, les essais ont porté sur des mulchs (BRF, mulch forestier, gazon, paille de blé), des paillages biodégradables clefs en main (papier, chanvre, PLA) et des couverts végétaux (trèfle à la plantation, trèfle avant plantation, chlorofiltre, mix couverts), avec comme référence un paillage en polyéthylène de 20 µm.
Parmi les onze alternatives évaluées, quatre ont permis d’atteindre un rendement commercialisable supérieur ou égal à la référence : le mulch forestier, le gazon, le paillage papier et le trèfle à la plantation. Les modalités géochanvre et paille ont donné des rendements plus faibles que la référence, même si le seuil de commercialisation a été atteint. Le paillage papier a notamment donné de bons résultats.
Paillages pré-perforés ou perforables
« Les paillages clefs en main ont l’avantage d’être prêts à l’emploi et donc utilisables immédiatement et facilement après l’achat, explique Charlotte Berthelot, du CTIFL de Carquefou. Leurs dimensions sont adaptées aux tailles des planches maraîchères. Ils sont généralement pré-perforés ou perforables à façon et compatibles avec les dérouleuses de films de paillage. Dans nos essais, les trois paillages clefs en main, qui limitent la transmission lumineuse au sol et empêchent donc les graines de germer, ont permis de s’affranchir des adventices. Le géochanvre et le plastique biodégradable se sont toutefois révélés décevants. Ils ne permettent pas de maintenir un rendement satisfaisant et ne sont pas profitables à la vie du sol. »
Nouveaux paillages papier
Les premières références de paillage papier vendues dans les années 2000 permettaient de suppléer au plastique pour des cultures courtes sous abri mais n’étaient pas adaptées aux cultures longues en plein champ du fait d’une dégradation très rapide, de l’ordre de trois semaines, et nécessitaient un arrosage intensif car elles étaient très poreuses et asséchantes. Depuis, un paillage fabriqué à partir de papier kraft et revêtu d’une couche biodégradable qui ralentit la dégradation du papier a été développé.
« Ce paillage a été testé en 2016 par l’institut de recherche finlandais Luke Piikkiö et en 2017 par la Serail, précise Charlotte Berthelot. Les résultats en laitue et en oignon étaient concluants tant sur la couverture du sol que sur sa dégradation. Nos essais confirment qu’il pourrait présenter de l’intérêt pour lutter contre l’enherbement, même s’il a un effet moindre que les couverts ou les mulchs sur la vie du sol. » Dans l’essai, le paillage papier utilisé était un papier kraft de 112 g/m et 215 µm d’épaisseur. Son prix était de 5 €/m linéaire (0,16 €/m linéaire pour la référence). Le paillage étant fourni en bandes de 70 cm et non pré-percé, il a nécessité 30 minutes de pose à quatre personnes, 30 minutes pour la plantation à une personne et une heure pour le débarassage à une personne.
« Les paillages clefs en main facilitent la plantation, mais restent 3 à 8 fois plus chers qu’un paillage plastique classique, souligne Charlotte Berthelot. Dans les conditions actuelles, le papier s’avère aussi gourmand en main-d’œuvre pour réellement concurrencer le paillage plastique. La firme qui propose le paillage testé étudie toutefois la possibilité de le proposer en bandes de 1,40 m de large pré-percées permettant la pose et la plantation mécaniques. » Les essais se poursuivent en 2022 et seront renouvelés en 2023, dernière année du projet, avec cette fois une récolte automatisée des salades.
Culture sous couvert