Bâtiment : un projet pensé pour deux générations
Pendant un an, nous vous proposons de suivre la mise en œuvre du projet des trois associés du Gaec Honoré. Un projet pensé aussi pour la carrière des jeunes qui leur succèderont. Agrandissement, robotisation et méthanisation sont au programme. Une première étape importante vient d'être franchie avec le dépôt de la demande de permis de construire.
Pendant un an, nous vous proposons de suivre la mise en œuvre du projet des trois associés du Gaec Honoré. Un projet pensé aussi pour la carrière des jeunes qui leur succèderont. Agrandissement, robotisation et méthanisation sont au programme. Une première étape importante vient d'être franchie avec le dépôt de la demande de permis de construire.
Au Gaec Honoré, ce n’est pas parce qu’on a dépassé la cinquantaine qu’on ne fourmille pas de projets. Bien au contraire ! « Nous sommes trois associés, frères et sœur, qui conduisons une exploitation laitière à Andouillé-Neuville, en Ille-et-Vilaine », se présentent-ils. L’actuelle stabulation a été construite en 1994. Conçue pour 70 vaches, elle en accueille plus de 80. En plus de ce bâtiment surchargé, l’installation de traite en épi vieillit et est saturée. « On met deux heures à traire à deux », chiffrent les associés. Cette contrainte pèse lourd dans l’organisation du travail. « Tout le monde travaille le samedi. Le dimanche, on fait le boulot à deux le matin, et un le soir ». Cela a entraîné une certaine lassitude de la traite, de ses contraintes horaires et physiques. Si Jean-Yves et Didier ont 58 et 54 ans, Valérie n’a que 43 ans. Et trois jeunes - les fils de Didier et Jean-Yves - sont intéressés par l’agriculture.
Leurs futures installations ont beaucoup pesé dans les réflexions des associés sur l’évolution de leur outil. Après un an de réflexions et de visites, ils ont décidé de le moderniser et de l’agrandir par étapes, non seulement pour finir leur carrière dans de bonnes conditions mais aussi pour pouvoir transmettre un outil parfaitement opérationnel. « Quand un jeune s’installe, il a déjà beaucoup à financer, souligne Jean-Yves Honoré. En investissant maintenant, nous profitons de meilleures conditions de travail et nous faciliterons le début de carrière de nos jeunes, comme notre père a fait avec nous en nous transmettant un outil performant. »
" Faciliter le début de carrière de nos jeunes "
Pour la modernisation de leur installation de traite, les trois associés n’envisageaient pas autre chose qu’un passage au robot. « Cela donne plus de souplesse dans l’organisation du travail et lève une partie des contraintes physiques, remarque Valérie Honoré. En plus, cela correspond mieux aux attentes de la jeune génération. » Cette automatisation permettra de réduire le travail d’astreinte et « de pouvoir le gérer à un et non plus à deux comme c’est nécessaire aujourd’hui ». Mais, avec un effectif dépassant les 80 vaches à traire, un robot aurait été saturé ; à l'inverse, en installer deux serait surdimensionné.
Un agrandissement par étapes
Autre levier pour réduire le travail de manutention, les associés réfléchissent au type de logement et d’effluents. Aujourd’hui, les vaches sont en logettes avec matelas paillé. « Le fumier demande beaucoup de travail, argumentent les éleveurs. Il faut presser et stocker la paille, pailler les logettes, stocker et épandre le fumier. Ça en fait de la manutention ». D’où leur idée de passer en lisier et d’enfouir une partie de la paille pour maintenir le taux de matière organique des sols. De toute façon, avec l’agrandissement, une mise aux normes du stockage des effluents se serait imposée. C’est une fosse de 3 500 m3 qui s’impose. Même s’ils ne l’installent pas immédiatement, les associés veulent que, dans ce futur bâtiment, la distribution de l’alimentation puisse être automatisée.
Mise en route du chantier à l'été 2020
Le permis de construire du bâtiment a été déposé le 1er juillet 2019, pour une réponse attendue dans les trois mois. Les trois associés se fixent un objectif de mise en route à l’été 2020. Ça sera un peu plus long, au regard des délais d’instruction administrative, pour l’unité de méthanisation.
Vous découvrirez les détails de ce nouveau bâtiment et de son coût dans notre prochain article.
Étape 1
Le Gaec Honoré
La méthanisation conforte l’agrandissement de l’élevage
Cela peut sembler paradoxal mais c'est un investissement supplémentaire, dans une unité de méthanisation, qui a conforté le projet d'agrandissement de la stabulation.
En parallèle de leurs réflexions sur l’évolution de leur élevage, les associés du Gaec Honoré se sont penchés avec plusieurs collègues sur l’intérêt de la méthanisation. « Étant dans une zone dense en élevages laitiers, nous étions partis sur un gros projet commun pour valoriser les effluents », retracent-ils. Mais ce projet collectif n’a pas abouti. Pour les trois éleveurs, est resté l’intérêt pour la méthanisation qui transforme les effluents en une nouvelle ressource. « Quitte à faire une nouvelle fosse, pourquoi ne pas installer un méthaniseur en cogénération », envisagent-ils. Ce digesteur pourra valoriser les effluents, apportés en continu par le nettoyage automatisé de l’aire d’exercice, mais aussi d’autres ressources de l’exploitation, comme les refus, les pertes de silos… Pour ce projet à l’échelle de leur seule exploitation, se pose la question de la taille critique pour atteindre la rentabilité. « D’après les calculs, il faut l’équivalent de 150 à 160 vaches, ce qui est intermédiaire entre les 120 vaches que nous pensons avoir à la mise en route du bâtiment et les 180 que l’on pense atteindre dans une dizaine d’années. » Pour une production de 33 kW, l’unité de méthanisation demande un investissement supplémentaire de 250 000 euros. « Les banques que nous avons consultées sont prêtes à financer ce projet, car la lisibilité des tarifs de rachat de l’électricité sur vingt ans sécurise l’ensemble du projet », expliquent les associés.