Trois voies pour augmenter la production de protéines fourragères
Quand les cours du tourteau de soja s'affolent, la recherche
de plus d'autonomie en protéines gagne des galons. Christian Huyghe, de l'Inra, a fait le point sur les solutions lors des « Prairiales du
Robillard ».
La flambée des prix des matières premières, et en particulier celui du tourteau de soja (jusqu'à 550 EUR/t cet été à Chicago), sonne comme une piqûre de rappel. La dépendance en protéines peut coûter très cher. « Les faibles récoltes de soja de la dernière campagne et l'augmentation de la demande, notamment de la Chine qui représente à elle seule plus de 60 % des échanges mondiaux de graines oléagineuses, créent les conditions propices au maintien de cours élevés des sources de protéines sur le marché », a souligné Corinne Peyronnet, de l'Onidol-Unip, lors de son intervention au colloque Prairiales de Normandie qui s'est déroulé le 22 novembre au lycée agricole du Robillard dans le Calvados. Ce colloque avait pour thème : « La prairie, la protéine de demain! ».
Augmenter la part des associations
La capacité des ruminants à valoriser les protéines contenues dans les fourrages font de l'augmentation de la production de protéines par hectare un bon levier pour améliorer l'autonomie en protéines de son élevage.
Pour Christian Huyghe, directeur scientifique adjoint « Agriculture » à l'Inra, le développement des associations graminées-légumineuses « constitue une voie privilégiée pour accroître la production de protéines à partir de surfaces fourragères, en limitant les coûts liés à la fertilisation et les pertes en azote par lessivage ».
Ce scientifique rappelle notamment qu'en conditions de limitation de la fertilisation azotée, l'utilisation d'associations « permet de maintenir une productivité fourragère et améliore fortement la teneur en protéines par rapport à des graminées normalement fertilisées ».
Par ailleurs, l'association offre une meilleure répartition de la production de fourrages au cours de l'année. Christian Huyghe reconnaît cependant que leur conduite est assez délicate (évolution des espèces dans le temps...)
10 à 35 % de protéines en plus avec le séchage en grange
Le séchage en grange fournit également un bon levier. « Cette technique, qui nécessite des investissements importants, permet une amélioration très nette de la qualité des fourrages conservés et distribués, quel que soit le type de fourrage. Elle est de l'ordre de 10 à 35 % de protéines en plus par rapport à un fanage au sol(1). »
Le séchage en grange permet aussi de réduire le risque « puisque le temps de séjour au sol du fourrage est très limité ».
En revanche, compte tenu des particularités physiologiques des végétaux, la sélection variétale ne représente pas un levier privilégié pour augmenter la teneur en protéine du fourrage. Cette dernière est relativement constante pour chaque espèce fourragère, pour un niveau donné de production de matière sèche.
Quoi qu'il en soit, ramené à l'hectare, la luzerne domine avec une production d'environ 2600 kg de protéines par hectare, pour une rendement de 13 tonnes de MS contre 2200 kg pour le trèfle violet et 570 kg pour le colza.
Enfin, l'amélioration de l'autonomie en protéines passe aussi par la chasse aux gaspillages liés à une mauvaise gestion du pâturage, un excès d'apport de concentré...
(1) Étude menée à la ferme expérimentale de la Blanche Maison dans la Manche.