Trois nouveaux contrats à terme produits laitiers arrivent en bourse
Euronext lance à partir de ce printemps trois contrats à terme adaptés au marché européen, pour la poudre de lait écrémé, la poudre de lactosérum à destination humaine, et le beurre.
L'entrée dans la nouvelle ère post-quotas est marquée par l'arrivée sur les bourses européennes de trois contrats à terme produits laitiers, proposés par Euronext (Pays-Bas). Il s'agit d'un contrat pour la poudre de lait écrémé (PLE), un pour la poudre de lactosérum à destination humaine, et un pour le beurre, de six tonnes.
Voilà qui complète la gamme de contrats à terme pour le marché européen. Eurex (Allemagne) propose déjà depuis plusieurs années, deux contrats, PLE et beurre, de cinq tonnes. Mais le flux d'échanges est peu important, insuffisant pour établir une référence de prix sur ces deux produits.
À quoi sert un marché à terme ? Le principe est le suivant : un opérateur achète ou vend un contrat de produit laitier, pour une échéance précise (jusqu'à 18 mois) et à un prix donné, dans l'objectif de se garantir une marge. Il se couvre ainsi contre une baisse ou une hausse du prix du contrat concerné, autrement dit, contre une perte de marge. Mais il perd aussi l'occasion de faire un bon coup. Les marchés à terme permettent donc de sécuriser les marges des acheteurs (biscuiterie, charcuterie...) et des vendeurs de contrats (fabricants de beurre et de poudres).
Sécuriser l'objectif de marge des industriels
Autre intérêt, quand un marché à terme fonctionne bien, c'est-à-dire qu'il y a suffisamment d'échanges (de liquidités), il fait référence en termes de prix pour les produits concernés. C'est le cas aux États- Unis et en Océanie, où les marchés à terme font référence pour le prix des produits laitiers, et du lait liquide aux États-Unis.
Quels opérateurs sont a priori intéressés par ce dispositif ? Avant tout ces outils sont faits pour les industriels. Ceux qui subissent la volatilité pour leurs achats, sans pouvoir la répercuter quand ils vendent leurs produits, à la grande distribution par exemple. Les industriels utilisent encore peu cet outil car ils parviennent à sécuriser leur marge avec des contrats sur plusieurs mois. Et le transformateur laitier fait varier le prix du lait avec les évolutions des cotations du beurre et de la poudre. "Néanmoins, les transformateurs laitiers pourraient s'intéresser à cet outil pour soutenir la production laitière et relever l'enjeu du renouvellement des générations. Car, avec un marché à terme qui fonctionne, on peut donner de la visibilité sur les prix aux acteurs de la filière", pointe ODA, organisme de conseil et de formation sur les marchés à terme.
Donner de la lisibilité pour les éleveurs laitiers
"Dans la chaîne de production, le producteur est particulièrement exposé à la volatilité", souligne ODA. Mais il ne dispose pas de contrat sur le lait liquide pour se couvrir. Malgré tout, "un éleveur ou un groupement de producteurs pourrait couvrir sa marge sur le marché à terme, s'il y a une bonne corrélation entre le prix des contrats à terme beurre-poudre et le prix du lait payé aux producteurs."
Les éleveurs ont intérêt à ce que le marché à terme fonctionne bien. "Un marché à terme liquide amène de la transparence et de la lisibilité sur les prix. Il est donc très utile aux groupements de producteurs pour négocier le prix du lait", souligne Agritel, un autre organisme de conseil et de formation. Dans les contrats qui lient les producteurs à leur collecteur, le prix du lait départ de la ferme peut être indexé en partie sur les prix du marché à terme.
Un long temps de mise en route
"Ca peut prendre deux ans avant qu'un marché à terme commence à être liquide", rappelle Euronext, fort de son expérience dans les céréales. "Il y a une période de formation et d'observation de toute la filière, au préalable", note ODA. En 2010, Euronext avait tenté de lancer un contrat PLE de 24 tonnes, qui n'a pas fonctionné. "Les raisons sont multiples. Gérer la volatilité n'était pas encore un enjeu suffisant pour les industriels. La quantité (24 t) était trop importante", énumère Agritel. "Les industriels et les éleveurs étaient alors très peu informés et formés à ce type d'outils", ajoute ODA.