« Tous nos sols n’étaient pas prêts au semis direct »
Le Gaec des Émeraudes, dans le Maine-et-Loire, travaille le sol le moins possible. Selon l’historique des parcelles et la structure du sol, la transition vers le semis direct s’est faite plus ou moins vite.
Le Gaec des Émeraudes, dans le Maine-et-Loire, travaille le sol le moins possible. Selon l’historique des parcelles et la structure du sol, la transition vers le semis direct s’est faite plus ou moins vite.
« Je suis le premier surpris des bons résultats que nous obtenons depuis que l’on a arrêté le travail du sol. Le sol a gagné en autofertilité. La portance s’est nettement améliorée. La terre est souple, aérée, et surtout elle se travaille toute seule », constate avec enthousiasme Denis Colineau, installé en Gaec avec son frère sur une exploitation de 55 vaches à 11 000 kg et 90 ha de SAU, à La Pouëze. L’exploitation s’est lancée dans l’agriculture de conservation il y a huit ans. Aujourd’hui, le Gaec travaille en semis direct pour les céréales et en strip-till pour le maïs. Les exploitants sont d’autant plus satisfaits que leurs limons battants et leurs sols argilo-limoneux se révélaient compliqués. « À chaque pluie, le sol devenait lisse et se bétonnait. On avait du mal à casser la croûte de battance qui se formait. Pour semer, on devait passer deux fois la herse rotative pour casser les mottes si on voulait avoir un lit de semences à peu près correct. Mais la terre reprenait en masse au moindre orage. Et à la culture suivante, il fallait tout recommencer… » Aujourd’hui, l’eau pénètre beaucoup mieux dans la terre. « On tasse beaucoup moins le sol et on ne voit même plus d’ornières dans les passages de traitement. »
Ne pas avancer au même rythme partout
Les cultures sont conduites en deux blocs. D’un côté, les prairies pâturées sont assolées avec du maïs et du blé. Et de l'autre, un bloc avec une rotation dans laquelle se succèdent deux maïs et deux céréales à paille suivies d’un méteil d’automne. Entre deux cultures, les sols sont toujours couverts par des mélanges multiespèces ou de la moutarde.
Denis a commencé à se former à l’agriculture de conservation en 2010 en intégrant l’association Base et un groupe à la chambre d’agriculture. La même année, le Gaec a investi dans un premier semoir de semis simplifié (Pronto Horsch). Dès lors, le Gaec a travaillé de moins en moins profond, tout en cherchant à adapter ses pratiques selon ses parcelles. Dans les parcelles les plus tassées, les plus hydromorphes, les plus froides, un travail du sol superficiel et/ou de fissuration a été maintenu plus longtemps. « Il ne faut pas être trop pressé et accepter que certaines parcelles requièrent davantage de temps pour retrouver une porosité biologique. Quand je me suis lancé, il y avait seulement une parcelle où ça marchait bien. Aujourd’hui, il y en a seulement une où ça ne marche pas. Elle a été extrêmement compactée par le passé et n’est pas encore prête au semis direct. »
Adapter ses pratiques aux parcelles
Ne plus du tout toucher le sol
Le système évolue encore au fil du temps. « Mais c’est en maintenant le cap et en trouvant au fur et à mesure les bonnes solutions aux difficultés que l’on rencontre, que l’on avance », conclut-il.
Chiffres clés
Trois leviers utilisés
Le strip-till sécurise le semis du maïs
Le strip-till est une assurance pour éviter le tassement, localiser l’engrais en profondeur et réchauffer le sol.
Cinq passages peu coûteux et rapides
Cette année, comme les sols étaient particulièrement froids, il a effectué un premier passage de strip-till avec un rouleau Cambridge à l’avant. Le couvert (radis-féverole) faisait un mètre de haut. Le strip-till travaille une bande de 25 cm de large sur 8 à 10 cm de profondeur. Cela permet de réchauffer le sol et favoriser ainsi le démarrage. Avant le second passage, Denis a passé un coup de glyphosate (1,2 l/ha) qui a permis d’atteindre les repousses de graminées. « La semaine suivante, j’ai travaillé à 18 cm de profondeur au strip-till. Équipé de fertilisateurs maison, j'ai localisé 40 UN d’urée et de l’engrais starter au fond de la ligne de semis. Un sol non travaillé se réchauffe moins vite. Il faut donc donner un petit coup de pouce à la culture pour démarrer. » Le semis est intervenu dans la foulée, avec un roulage derrière car la météo annonçait du sec et du vent.