Se fixer un objectif de hauteur d'herbe en entrée de parcelle
Luc Delaby, chercheur à l'Inra de Rennes, analyse une étude menée en Irlande sur la fréquence de pâturage.
Faut-il plutôt privilégier la production de biomasse par hectare ou le nombre de passages par an ? Autrement dit, mieux vaut-il viser 10, 20, 30 ou 40 jours de repousses ? Voilà une question sur laquelle de récents travaux de recherche réalisés en Irlande, en situation réelle de pâturage, apportent un éclairage. « Comme on l’attendait, l’augmentation de la fréquence de pâturage aboutit à une réduction de la biomasse présente à chaque pâturage, qui conduit à augmenter la surface nécessaire par vache et par jour, relate Luc Delaby de l’Inra de Rennes. Grosso modo, entre 1200 et 2200 kg MS de biomasse par hectare en entrée de parcelle, le nombre de jours de pâturage par an et la production de lait par hectare varient peu. » En Irlande, cela correspond à des âges de repousse de 20 à 30 jours. « En revanche, poursuit le chercheur, le fait de réduire à moins de 20 jours l’âge de repousses, et donc de pâturer des biomasses inférieures à 1200 kg MS/ha en entrée de parcelle, entraîne un gros risque d’emballement du système. Cela limite les récoltes et réduit le nombre de jours de pâturage par hectare. » Compte tenu des faibles biomasses, la vitesse de rotation a tendance à s’accélérer et nécessite certaines années, lors des périodes de trop faible croissance, une extension des surfaces pâturées... D'où l'importance de bien anticiper et de s'adapter à la croissance de l'herbe avec un objectif de biomasse ou de hauteur d'herbe en entrée de parcelle, et s'affranchir de la notion d'âge des repousses. Les recommandations actuelles proposent un compromis entre 1200 et 1500 kg/ha en entrée de parcelle, soit une hauteur d’herbe de 10 à 12 cm selon les densités.