Raconter sa vie d’éleveur sur Twitter
Producteur laitier, Vincent Luherne partage sur Twitter humeurs, photos, vidéos, articles… Un réseau qu’il considère comme une véritable plateforme professionnelle d’échanges.
Producteur laitier, Vincent Luherne partage sur Twitter humeurs, photos, vidéos, articles… Un réseau qu’il considère comme une véritable plateforme professionnelle d’échanges.
Des vaches qui s’égayent dans la paille. Un coup de gueule sur les destructions des sangliers ou la situation de l’élevage laitier. Un lien vers un article sur le bien-être animal. Une belle image de coucher de soleil… Vincent Luherne, éleveur laitier dans le Morbihan, est un twitto assidu (@vincentluherne). Il est inscrit depuis un an et demi seulement sur le fameux site de microblogging. Pourtant, début février, il avait déjà accumulé plus de 3 600 tweets et retweets. Sans autre ambition que de « partager la vie de tous les jours » et échanger avec ses pairs principalement. Aussi bien sur les petits moments anodins que sur les activités professionnelles ou préoccupations techniques qui font le quotidien d’un agriculteur. Le Gaec familial (quatre associés) produit plus d’un million de litres de lait avec 100 vaches. Il exploite 190 hectares et ne laboure plus depuis trente ans. Des pionniers des TCS (techniques culturales simplifiées) donc et un des domaines sur lequel le jeune éleveur aime le plus partager.
« Ne pas avoir peur de se lancer »
Abonné à de nombreux comptes professionnels, il poste et commente photos et vidéos de semis de méteil ou de radis, tweete des liens vers des articles techniques… « Twitter est une plateforme relais qui permet de s’informer, de s’ouvrir sur des choses qu’on ne voit pas ailleurs, d’échanger avec des agriculteurs d’autres régions…, apprécie-t-il. Jusqu’à peu, il y avait surtout des céréaliers sur Twitter. Mais, on voit de plus en plus d’éleveurs. » Le plus souvent, ce sont des éleveurs syndiqués, qui relaient les messages de la profession, à l’instar de sa mère (@MaLuherne56). « Beaucoup n’osent pas montrer leur exploitation, dit-il. Il ne faut pas avoir peur de se lancer, de montrer ce qu’on fait. Beaucoup parlent de nous sans jamais avoir mis les pieds dans une ferme. » Il suit actuellement une formation (à distance) avec le Cniel pour apprendre à mieux communiquer avec les non-agriculteurs et à répondre aux attaques contre l’élevage en désamorçant l’agressivité et expliquant la réalité du métier…
« Après la traite ou de mon tracteur »
On dit souvent que la fréquentation des réseaux sociaux est très chronophage. Pas outre mesure, estime le jeune éleveur : « Je vais sur Twitter après la traite, à la pause-café ou quand je suis dans mon tracteur… Je ne m’impose pas de tweeter tous les jours. Ça vient très naturellement. Le soir, après le travail, ou le week-end quand je suis de repos, je ne regarde pas mon compte. »
L’été dernier, Vincent Luherne a été sollicité pour animer pendant une semaine le compte Farms oh the world (@FarmsOfTheWorld), créé par un agronome anglais. Le principe ? Toutes les semaines, un agriculteur différent tweete en direct de sa ferme, où qu’il soit dans le monde. L’occasion pour l’éleveur breton de réviser son anglais et surtout d’ouvrir encore plus son champ de rencontres virtuelles. Il continue à discuter avec un éleveur du Pays de Galle, des producteurs québécois… Tout cela pour se rendre compte que « partout dans le monde, les choses sont compliquées pour les éleveurs laitiers ». Contraintes environnementales au Canada ou dans les pays du Nord. Rachat des fermes par les Chinois en Nouvelle-Zélande… En situation de crise, échanger avec des collègues est plutôt réconfortant : « Il vaut mieux discuter avec les autres que de rester seul sur son exploitation. C’est rassurant de voir qu’on n’est pas seul à être dans la galère. »
Le défi du selfie
Sa presque voisine, plus récente twitto encore que Vincent Luherne, se taillait un beau succès début février sur Twitter. Elodie Le Mailloux (@EloLeMailloux), éleveuse dans le Morbihan, a posté le 10 janvier un très beau selfie avec une de ses vaches préférées. Le buzz n’a pas tardé. Elle a donc lancé un défi (#CapOuPasCap) pour inciter agriculteurs et non agriculteurs à poster des selfies en direct de leur travail. Ou comment redresser l’image de l’élevage par le selfie.