Pâturage : « Le topping permet de gérer les refus et l’épiaison dans une prairie »
Pour Jean-Luc Gayet, conseiller prairies à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, le topping est une solution efficace pour gérer les refus et dynamiser les repousses d’herbe. Mais, elle ne doit pas être systématique.
Pour Jean-Luc Gayet, conseiller prairies à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, le topping est une solution efficace pour gérer les refus et dynamiser les repousses d’herbe. Mais, elle ne doit pas être systématique.
Qu’est-ce que le topping ?
Jean-Luc Gayet - « Le topping est une technique qui vient de Nouvelle-Zélande. Elle consiste à faucher l’herbe avant l’entrée des animaux dans un paddock. Certains fauchent le matin pour qu’elle soit consommée l’après-midi, ou la veille. Selon la composition prairiale, il peut être intéressant de laisser sécher l’herbe 12 à 24 heures avant de la proposer aux animaux. La durée de séchage dépend de la quantité d’herbe à faucher et de la facilité de séchage. Le préfanage améliore en effet la consommation de l’herbe par les vaches. L’idéal est de faucher à 8 cm de hauteur pour ne pas pénaliser la dynamique de repousse de l’herbe. Une faucheuse à plat suffit. »
Pourquoi faire du topping ?
JL.G. - « Au printemps, quand la pousse de l’herbe est très importante, vous pouvez vite être dépassés. La gestion de l’épiaison et des refus est alors très difficile. À Derval, nous l’avons expérimenté avec succès en 2020 sur une jeune prairie à base de ray-grass anglais, fétuque élevée, trèfle blanc et violet, et de plantain lancéolé. Nous avions eu un mois de mai compliqué à gérer. Lors du deuxième cycle de pâturage, nous avons été débordés par la pousse d’herbe. Elle a atteint en moyenne 80 kg par jour pendant deux semaines. L’herbe mesurait 17 cm (herbomètre). Elle était trop développée. Elle devenait de moins en moins appétente notamment parce qu’il y avait beaucoup de pâturins communs. Quand il commence à épier, son appétence baisse. Nous avons mis les vaches dans cette parcelle 24 heures après l’avoir fauchée. Les animaux ont tout consommé.
Quels sont les intérêts de cette pratique ?
La fauche permet de gérer les refus, l’épiaison des graminées mais aussi de maîtriser des adventices comme le rumex ou le chardon. Le topping peut aussi être intéressant lorsque l’herbe pousse au ralenti. Certaines parcelles prévues pour la fauche peuvent être réintégrées dans le circuit de pâturage. Mais, dans ce cas, il faut couper l’herbe pour qu’il n’y ait pas de gaspillage. En effet, si la parcelle a été débrayée et sortie de circuit de pâturage depuis mars, en mai, elle sera en épiaison avec une hauteur supérieure à 20 cm. Elle est alors impossible à faire pâturer sans gaspillage.
Un autre intérêt du topping est que si la hauteur de fauche est maîtrisée (7-8 cm), la dynamique de repousse de l’herbe sera meilleure et permettra un nouveau cycle de pâturage 20 jours après. »
Préconisez-vous son emploi systématique ?
JL.G. - « Surtout pas. Il ne faut pas systématiser cette pratique car à partir du moment où vous rentrez avec un tracteur et une faucheuse dans un champ vous générez des charges de mécanisation. Selon le type de matériel, en propriété ou Cuma, cela coûte entre 35 et 42 €/heure. Si vous le faites systématiquement, c’est qu’il y a un problème au niveau de l’organisation du circuit de pâturage. Vous devez vous demander pourquoi vous êtes toujours débordé afin de rectifier le tir. Cela peut être dû à un problème de dimensionnement des paddocks. Certains éleveurs considèrent que si vous avez recours au topping, c’est que vous être un mauvais pâturant. C’est exagéré. »
À retenir
Avantages
+ Améliore la qualité des repousses
+ Gestion des refus
+ Maîtrise des adventices
+ Pas de tri pas les animaux
+ Évite le surpâturage de certaines zones
Inconvénients
- Coût
- Temps de travail
Le saviez-vous ?
Le topping est préférable au broyage après passage des animaux pour gérer les refus. Parce que quand vous gyrobroyez, vous mélangez de l’herbe avec de la bouse et vous abîmez les feuilles, tiges et gaines des plantes. Quand les vaches reviennent sur le paddock, elles vont trier. Elles ne pâturent que l’herbe où il n’y a pas eu de bouses ou de pissats. Certaines zones sont alors surpâturées.
Les prairies avec de la chicorée sont de bonnes candidates
En France, la technique a commencé à être utilisée par des éleveurs pour gérer des espèces comme la chicorée qui peuvent poser problème dans les circuits de pâturage. « Les prairies associant du ray-grass anglais, trèfle blanc et de la chicorée paraissaient être le mariage idéal. Sauf que nous nous sommes aperçus rapidement que la chicorée dégradait souvent la qualité de la pâture. Dès qu’elle commençait à monter, les animaux ne la consommaient plus. Ils surpâturaient le ray-grass anglais et le trèfle blanc. A Derval, nous avons résolu le problème grâce au topping », expose Jean-Luc Gayet.