« Nous avons un responsable pour l’atelier génisses »
Au Gaec Lacour, en Ille-et-Vilaine, Ronald Cherbonnel gère l’élevage des génisses. Prim’Holstein, Montbéliardes ou Normandes, elles vêlent en moyenne à 23,3 mois.
Au Gaec Lacour, en Ille-et-Vilaine, Ronald Cherbonnel gère l’élevage des génisses. Prim’Holstein, Montbéliardes ou Normandes, elles vêlent en moyenne à 23,3 mois.
Le Gaec Lacour est né de la fusion de quatre élevages en 2007. Chacun avait sa race fétiche. D’où la présence de Prim’Holstein, Montbéliardes et Normandes dans le troupeau. La proportion de Normandes est cependant sur une mauvaise pente. « Je ne critique pas cette race, mais elle est moins adaptée que les deux autres à notre système intensif avec logettes et traite robotisée », estime Ronald Cherbonnel, un des associés. En revanche, côté génisses, il applique la même conduite qu’aux autres et tout se passe très bien.
Lors du regroupement des exploitations, il avait accepté de prendre en charge l’élevage des génisses, mais à une condition : « avoir les moyens de bien le faire ». Faire vêler 80 à 100 génisses par an à 23,3 mois de moyenne prouve que Ronald a obtenu gain de cause. Taxi lait, quatre pesées par an, système de détection des chaleurs Heatime… Le Gaec n’a pas lésiné sur les investissements. « Avec tous les moyens dont Ronald dispose, nous lui mettons la pression pour qu’il nous fasse de belles génisses en bonne santé », souligne avec un large sourire Gilles Chapron, coresponsable de l’atelier lait.
Plus de 35 heures par semaine consacrées aux génisses
Ronald consacre environ 35 heures par semaine aux génisses. Le reste de son temps est dédié à l’atelier poulet de chair et aux cultures. Le week-end, les quatre associés travaillent en binômes. Ronald se fait remplacer un week-end sur deux par Jean-Marie Chapron. Les consignes sont transmises par écrit sur un tableau effaçable dans le bureau. « En cas de souci, j’ai toujours mon portable », souligne Ronald Cherbonnel.
Les veaux naissent sur le site des vaches laitières. Après une phase colostrale de 4 à 5 jours, ils sont transportés sur le second site, distant de 5 km environ. « En général, les veaux arrivent le matin. Le soir, j’essaie de leur donner à boire, mais s’ils ne veulent pas je n’insiste pas. Je leur en repropose le lendemain matin. »
Ronald utilise deux sortes de tétines : des souples de couleur jaune jusqu’à 15 jours, puis des noires plus rigides. « Je trouve qu’il y a moins de problèmes de succion entre veaux grâce aux tétines. » À 7 à 10 jours, les veaux boivent 7 litres de lait en deux repas. « Avant, on nous conseillait de passer à un repas par jour. Maintenant, on nous dit que deux ou trois repas par jour, c’est mieux », souligne l’éleveur, sur un ton perplexe.
La poudre de lait utilisée contient 25 % de protéines brutes et 19,5 % de matière grasse à 60 % d’origine laitière. « Avant j’utilisais de la 50 % et les veaux avaient plus de problèmes de diarrhées. »
Une moyenne de 460 kg de poids vif à 15 mois
Les veaux sont sevrés à 8 semaines à un poids de 80-90 kg. « Au moment du sevrage, ils mangent 2,5 kg d’un concentré à 17 % de matière protéique. » La paille est distribuée à volonté. Après le sevrage, la ration se compose de paille complémentée avec 3 kg de granulés à 17 % de matière protéiques. « À partir de 4 mois et demi, j’intègre de l’ensilage de maïs et progressivement du correcteur azoté pour arriver à 1 kg de correcteur à 6 mois, puis 1,2 kg jusqu’à 10 mois. »
Les rations utilisées permettent aux génisses d’avoir des croissances compatibles avec du vêlage précoce. Elles pèsent plus de 210 kg à 6 mois, 390 kg à 12 mois et 460 kg à 15 mois. Pour ne pas travailler à l’aveugle, Ronald Cherbonnel mise sur la pesée des veaux. « Nous les pesons systématiquement à la naissance, puis quatre fois par an. C’est important de savoir comment on travaille. »
Cet investissement (1 400 euros pour les pesées + 700 euros de conseil pour 100 génisses), est d’autant plus judicieux que Ronald se base sur le poids des génisses pour les inséminer dès que possible. « Quand on ne pèse pas, on peut vite perdre deux ou trois mois », confirme Anthony Baslé, consultant d’Eilyps.
Trois mois avant le vêlage, les génisses repartent sur le site des vaches laitières. Ronald Cherbonnel passe le relais à ses associés. Deux mois avant le vêlage, elles sont mises avec les vaches taries et reçoivent la même ration qu’elles.
Le premier mois, leur ration se compose de paille (5 à 6 kg), de tourteau de colza (2 à 2,3 kg), d’ensilage de maïs (17 kg) et de minéral (120 g). Puis Anthony Baslé leur a concocté une ration préparation vêlage à base de 2,5 kg de paille, 2,7 à 3 kg de tourteau de colza, 20 kg brut d’ensilage de maïs, 120 g de CMV spécial vache tarie et 600 g de concentrés anioniques. « Nous mesurons le pH urinaire pour vérifier que la ration est assez acidifiée (pH 6 à 7) sans tomber trop bas pour ne pas avoir d’acidoses. "
Au pâturage dès 6 à 7 mois
Pour contrôler la croissance des génisses au pâturage, des pesées sont réalisées en avril et juillet.
La mise à l’herbe des génisses s’effectue la dernière semaine de mars. « Je ne les sors pas avant parce que notre surface est limitée à 15 hectares et nous avons beaucoup de génisses. » Ronald distribue 2 à 3 kg brut d’ensilage de maïs aux génisses de première année pour obtenir des croissances suffisantes. « Sinon, on n’y arrive pas. »
Pour les génisses bonnes à inséminer, l’ensilage est distribué dans une stabulation. « Cela me permet de mieux voir les animaux et de détecter les chaleurs. » Pour compléter la détection visuelle, Ronald utilise l’outil Heatime. « C’est pratique, mais cela demande du travail supplémentaire car il faut gérer les colliers. » Toutes les chaleurs sont notées pour chaque génisse à partir de 12 mois.
Les pesées réalisées en avril et en juillet permettent de confirmer la bonne croissance des génisses. « En système très herbager, il faut de l’herbe de qualité », insiste Anthony Baslé. Seules les génisses de première année sont vermifugées avec un produit injectable. « Je vermifuge en mai ou juin et une seconde fois en décembre-janvier. »
Avis d'expert : Anthony Baslé, consultant Eilyps
« Avec cette organisation, la vigilance est accrue »
" Eilyps a pour objectif de réduire l’âge au vêlage des génisses. C’est un défi pour améliorer ce point auprès des éleveurs. Parmi les solutions, avoir une personne dédiée à un atelier accroît sa vigilance. Elle peut y consacrer plus de temps. C’est un atout sachant que l’élevage des veaux représente la charge de travail d’astreinte la plus importante dans les exploitations équipées d’un robot de traite. Au Gaec Lacour, Ronald Cherbonnel en est le responsable. Les éleveurs maîtrisent toutes les phases. La qualité de la conduite démarre dès la phase colostrale. Grâce à la bonne gestion des taries, le colostrum est correct (27 Brix). Le suivi minutieux des rations, les pesées des génisses et la qualité de la détection des chaleurs ont permis d’abaisser l’âge moyen au vêlage à 23,3 mois. Certaines génisses vêlent à 21 mois, sans que cela pénalise trop leur première lactation : 9 050 kg de lait pour les vêlages 21-22 mois, contre 9 300 kg pour des vêlages 23-25 mois. "