"Nous avons réduit l’utilisation des phytosanitaires de 32 % en trois ans"
Le Gaec du Bas Villiers en Mayenne a réduit son IFT de 2,12 à 1,43 sur une rotation blé/RGI 18 mois/maïs fourrage, depuis son engagement en groupe Dephy Écophyto,
Le Gaec du Bas Villiers en Mayenne a réduit son IFT de 2,12 à 1,43 sur une rotation blé/RGI 18 mois/maïs fourrage, depuis son engagement en groupe Dephy Écophyto,
Pour le Gaec du Bas Villiers qui exploite 250 hectares, gère 120 vaches laitières et un atelier d’engraissement de génisses et taurillons à Ernée, l’engagement en 2012 dans un groupe Dephy a d’abord été l’occasion d’échanger avec des éleveurs et techniciens. « La réduction des phytos répond à notre sensibilité, précise Guy Garnier, l’un des quatre associés du Gaec. Être dans un groupe Dephy permet aussi d’adapter nos pratiques pour optimiser la production fourragère et atteindre la meilleure rentabilité avec un temps de travail maîtrisé. »
L’un des leviers pour réduire l’IFT (Indice de fréquence de traitement) est le développement du ray-grass d’Italie 18 mois, entre un blé tendre d’hiver et un maïs ensilage. Le RGI (30 ha/an) est valorisé en ensilage au printemps puis par pâturage des génisses. « Cette culture à fort pouvoir de recouvrement reçoit peu ou pas de produits phytosanitaires, souligne Pierrick Roulier, de la chambre d’agriculture de Mayenne. Elle diminue d’un tiers la surface à traiter annuellement et réduit donc l’IFT, notamment herbicides. De plus, elle valorise bien les effluents organiques, et réduit le temps de travail et l’exposition des agriculteurs. » Un second levier est l’implantation à partir de 2012 de luzerne, qui occupe aujourd’hui dix hectares. « Le premier objectif était d’améliorer la ration des vaches laitières en remplaçant la paille apportée pour la fibre par de la luzerne. Ceci en bénéficiant des atouts de la luzerne en termes d’appétence, d’oligo-éléments, d’azote, de rotation, et de restructuration du sol », explique Guy Garnier. Un troisième axe encore pour réduire l’IFT est le choix de variétés de blé (Cellule, Chevalier) tolérantes aux maladies, notamment à la septoriose et à la rouille jaune, fréquentes sur le secteur.
Les herbicides plus difficiles à réduire
Les éleveurs ont par contre peu changé leurs pratiques en matière de désherbage. « Dans notre secteur, les conditions pédo-climatiques sont rarement réunies pour du désherbage mécanique. De plus, nous avons des problèmes de vivaces comme le rumex et le liseron qui est de plus en plus présent avec la gestion raisonnée des bords de route. » En maïs, la maîtrise des adventices s’appuie sur l’apport de fumier et d’engrais starter pour favoriser une levée rapide. Elle s’appuie aussi sur un labour et sur des herbicides à faible dose, en prélevée puis post-levée modulée selon la flore à rattraper, au stade six feuilles. En blé, elle repose sur un labour, sur une date de semis tardive (fin octobre début novembre) pour limiter les levées d’adventices à l’automne, puis sur un herbicide au printemps.
Au final, l’IFT du système de culture étudié (maïs ensilage-blé tendre d’hiver-RGI 18 mois) est ainsi passé de 2,12 (moyenne 2010-2011-2012), proche de la référence régionale 2011 (2,1) à 1,43 en 2015, soit une réduction de 32 %. La baisse s’est faite sur les phytos hors herbicides (passage de 1,47 à 0,60, pour une moyenne régionale 2011 de 1,02). L’IFT herbicides a par contre augmenté de 0,65 à 0,83 (moyenne régionale 2011 de 1,08) du fait notamment des problèmes de vivaces.
Essai de faux semis peu concluant
En 2016, un essai de faux semis a été réalisé par la chambre d’agriculture sur une parcelle de maïs de l’exploitation. Après préparation de sol le 3 mai, le semis a été décalé au 20 mai. Les comptages ont révélé une flore très variée, avec 350 adventices/m² pour le témoin et 226 adventices/m² après un fauxbsemis, soit une baisse de 30 % de l’enherbement. « L’effet est notable mais limité, constate Jean-Claude Lebreton, de la chambre d’agriculture. L’impact de la rotation, qui entraîne la présence d’une flore variée, assez facile à maîtriser, est plus important que le faux semis pour contrôler les adventices. Un faux semis implique de plus de retarder le semis, ce qui n’est en général pas souhaitable, ou d’anticiper, ce qui n’est pas toujours possible. »