"Nos vaches sont conduites en trois lots"
Au Gaec de la Renardière en Loire-Atlantique, les vêlages sont regroupés sur trois périodes de deux mois. Une conduite qui facilite l’organisation du travail et permet d’avoir des lots homogènes.
Au Gaec de la Renardière en Loire-Atlantique, les vêlages sont regroupés sur trois périodes de deux mois. Une conduite qui facilite l’organisation du travail et permet d’avoir des lots homogènes.
En 2015, lors de l’installation de Sébastien et Mickaël avec leur père Bernard Guéno, l’effectif du troupeau a été multiplié par deux : il est passé de 60 vaches et 80 ha à 120 vaches et 160 ha pour 1,210 million de litres de lait. « Nos objectifs sont la performance technico-économique mais aussi le gain en temps et pénibilité du travail, soulignent les éleveurs. Et on ne gère pas un troupeau de 120 vaches comme un troupeau de 60 vaches. »
La spécificité de leur élevage est que les vêlages sont regroupés sur trois périodes de deux mois tous les deux mois. « Avant notre installation, comme la nurserie existante était trop petite et pour des raisons sanitaires, les vêlages étaient déjà regroupés sur deux puis trois périodes, expliquent Sébastien et Mickaël. Quand nous sommes passés à 120 vaches, malgré les agrandissements, nous avons décidé de continuer la conduite à trois périodes de deux mois par an. » La surveillance des chaleurs, les inséminations et les vêlages sont ainsi regroupés sur des périodes bien précises. « Nous savons que telle semaine il y a les inséminations, telle semaine les vêlages… Nous pouvons ainsi être plus efficaces, mieux surveiller les chaleurs… Et par exemple, cela nous permet de ne pas avoir de vêlages au moment des fêtes de Noël. »
Conduite des génisses en cases « tout plein tout vide »
La nurserie est désormais aménagée en huit cases collectives accueillant chacune cinq génisses, réparties des deux côtés d’un couloir. Avant chaque période de vêlage, un côté est entièrement vidé, ce qui permet de le nettoyer et le désinfecter pour le lot suivant, avec en général une à deux semaines de vide. « C’est un plus au niveau sanitaire, constatent les éleveurs. Nous avons rarement des problèmes de diarrhées. Et les génisses d’un même lot sont toutes à peu près au même stade de développement. »
Les génisses sont nourries à la poudre de lait, au concentré et à la paille jusqu’à deux mois et demi, puis au concentré et au foin jusqu’à un an. Selon la saison, elles quittent la nurserie vers l’âge de 2 mois et demi à 4-5 mois et sortent ensuite ou passent dans un bâtiment de post-sevrage. À partir de 6-8 mois, toutes les génisses pâturent.
Les premiers vêlages ont lieu vers 28 mois. Une semaine avant l’insémination, elles sont rentrées chaque matin et reçoivent du maïs, environ une dose de vache laitière pour cinq génisses. « Jusqu’à cette période, si c’est en hiver, les génisses ne reçoivent que du foin ou de l’enrubannage, des céréales et du correcteur azoté, précisent-ils. Le maïs juste avant l’insémination améliore la réussite à l’IA. Cela nous permet aussi de les voir tous les jours. » Une fois qu’elles sont pleines, les génisses retournent au pâturage. Quelques semaines avant les vêlages, elles sont toutes vaccinées contre les diarrhées néonatales. Un mois avant les vêlages, les génisses sont rentrées et reçoivent alors la moitié de la ration des vaches. Dès le vêlage, les veaux sont récupérés et les génisses conduites au robot.
Le regroupement des vêlages sur trois périodes de deux mois permet ainsi d’avoir des lots homogènes. En lactation, toutes les vaches sont regroupées dans la stabulation avec logettes, sans séparations. « Nous réalisons toutes les inséminations le matin, en bloquant les vaches. Les vaches sont alors plus calmes que l’après-midi. » Toutes reçoivent une ration de base distribuée à l’auge. En hiver la ration est constituée de 25 kg de maïs, 12-13 kg d’ensilage d’herbe et 2 kg d’un concentré enrichi en graines de lin. Pendant la période d’affouragement en vert, du 15 mars au 15 juin et du 15 août au 15 novembre, la ration comporte 15-20 kg de maïs, 500 g de paille et 0,5 à 1,5 kg de concentré selon la qualité de l’herbe. Le complément est géré au robot. De 0 à 70 jours, les quantités en concentré vache laitière et en correcteur azoté augmentent progressivement. À partir du 71e jour, la quantité est modulée selon la quantité de lait produite.
La conduite en bandes permet de "tout faire par lot"
Les vaches taries sont conduites séparément, soit dehors soit dans un bâtiment spécifique sur aire paillée. « Le but alors est de leur faire manger du foin. » Trois semaines avant les vêlages, leur alimentation devient la même que celles des vaches en lactation, à raison d’une dose vache laitière pour quatre vaches taries, avec du foin à volonté. Elles reçoivent aussi un bolus spécial vaches taries.
« Cette conduite en bande nous permet de tout faire par lot, d’être plus efficaces et de gagner du temps, apprécient les éleveurs. Nous avons aussi des lots plus homogènes, ce qui permet d’adapter plus précisément l’alimentation au stade de la vache. En contrepartie, il y a des pointes de travail, au moment des vêlages, notamment des vêlages des génisses. À chaque lot, nous devons alors habituer en même temps 20 génisses au robot ! »
De gros et petits investissements
Une nouvelle stabulation avec logettes et racleurs et une nouvelle nurserie à toiture isolée ont été aménagées. La salle de traite a été remplacée par un robot SAC à deux stalles et le Gaec s’est équipé d’une autochargeuse pour pouvoir distribuer du fourrage en vert, les vaches en lactation étant désormais en zéro pâturage. Des investissements, en plus du robot, ont été faits aussi pour faciliter le travail comme une balayeuse à logettes qui distribue de la farine de paille, un taxi à lait…
Avis d’expert
Xavier Pinel, de la chambre d’Agriculture des Pays de la Loire
« Être très rigoureux »
« Une conduite en trois lots est assez rare. Cela nécessite une bonne organisation et une grande rigueur mais facilite le suivi de la reproduction. Au lieu d’avoir une surveillance continue, la surveillance des chaleurs, les inséminations et les vêlages sont regroupés sur des périodes bien définies. Il y a des pics de travail, mais ensuite les éleveurs sont plus sereins. Cela permet aussi d’avoir des lots de génisses plus homogènes au niveau de leur développement. »