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Ne pas sous-estimer les co-contaminations en mycotoxines

Les effets synergiques d’associations de mycotoxines semblent plus préjudiciables lorsque les concentrations en mycotoxines sont faibles.

© E. Bignon

Les bovins apparaissent moins sensibles aux mycotoxines que d’autres espèces, principalement en raison d’une réduction de la toxicité de certaines mycotoxines par les microorganismes du rumen. Mais il n’empêche, de faibles concentrations en mycotoxines peuvent modifier l’épithélium intestinal et augmenter sa sensibilité aux microorganismes pathogènes. Cette altération des fonctions intestinales limite alors l’absorption des nutriments et impacte la réponse immunitaire des animaux. De nombreuses observations en élevages mettent en évidence des intoxications sévères malgré des niveaux de contamination faibles, en deçà des seuils réglementaires. Comment est-ce possible ? Des effets synergiques d’associations de mycotoxines peuvent être en cause. « La co-contamination en mycotoxines est la règle, pas l’exception", a indiqué Isabelle Oswald, directeur de recherche sur la biosynthèse et la toxicité des mycotoxines à l’Inra de Toulouse lors d’une journée technique organisée par Olmix. Les aliments peuvent être contaminés par plusieurs champignons, chacun pouvant produire plusieurs mycotoxines simultanément. Or, la plupart des études ont mesuré l’effet des mycotoxines présentes individuellement, sans étudier si une co-contamination pouvait avoir des effets cumulatifs, antagonistes, ou synergiques. « Les interactions s’avèrent très complexes. Elles dépendent de la nature des toxines ingérées, du ratio entre toxines, et à ratio constant, de la concentration en toxines. Nous avons mis en évidence un fait surprenant in vitro sur des cultures cellulaires, précise la chercheuse. Les faibles concentrations en mycotoxines favorisent les interactions synergiques et risquent de pénaliser davantage l’animal. »

Des intoxications sévères malgré des niveaux de contamination faibles

La présence de mycotoxines masquées peut également être en cause dans certaines intoxications mal expliquées. Contrairement aux formes libres, ces mycotoxines sous formes conjuguées ne sont pas dosées par les méthodes classiques et ne se trouvent donc pas comptabilisées dans les études épidémiologiques menées jusque-là. « Nous parvenons néanmoins de mieux en mieux à les quantifier en recourant à des techniques de chromatographie couplées à la spectrométrie de masse. Mais nous ignorons encore beaucoup quant à leur toxicité. Certaines formes modifiées des mycotoxines sont plus toxiques encore que les formes parentes. Par exemple, l’alpha-zéaralénol est 60 fois plus œstrogénique que la zéaralénone. D’autres formes apparaissent moins toxiques mais peuvent être hydrolisées dans le tube digestif où l’on retrouve donc la forme parente. »

Attention à l’échantillonnage

« Lors d’analyses de mycotoxines dans les matières premières, l’échantillonnage est une source d’erreur importante, signale Isabelle Oswald. Les mycotoxines sont davantage présentes dans les petits grains et les grains cassés. Ainsi, lorsque les matières premières arrivent par camion, les petites graines ont tendance à se retrouver en haut du tas du fait des vibrations de la route. Selon l’endroit du tas où s’effectue le prélèvement, le niveau de contaminations peut être largement sous-évalué ou l’inverse. »

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