Maîtres Laitiers: L'après-Synutra prend forme avec deux contrats
Deux contrats pour le grand export sont en passe d’être signés. Ils apportent une bouffée d’oxygène, attendue depuis deux ans par la coopérative après ses déboires avec le chinois Synutra.
Deux contrats pour le grand export sont en passe d’être signés. Ils apportent une bouffée d’oxygène, attendue depuis deux ans par la coopérative après ses déboires avec le chinois Synutra.
Bonne nouvelle pour les 1129 sociétaires des Maîtres laitiers du Cotentin (MLC), dont l’assemblée générale s’est déroulée le 8 septembre dernier devant plus d’une centaine de délégués : la coopérative est en passe de signer deux contrats importants pour le grand export. Le premier contrat porte sur la livraison mensuelle d’une centaine de containers de briques de lait de 1 litre et de briquettes de lait de 20 cl. Les premières expéditions devraient avoir lieu en fin d’année ou au tout début 2021. Le second contrat, qui devrait se concrétiser courant 2021, concerne 80 containers de briquettes de lait infantile : il permet de renouer avec le projet initial de l’usine de Méautis. Une usine ultra-moderne pour aller au grand export, dans laquelle MLC avait investi en 2017 115 millions d’euros (auxquels sont venus s’ajouter 7 M€ pour lui donner plus de flexibilité).
Les 80 millions de litres du projet initial
Ces succès commerciaux étaient attendus depuis deux ans par Maîtres laitiers, lâché par son client chinois Synutra pendant l’été 2018. L’usine tournait au ralenti, avec seulement des fabrications de beurre et crème AOP. Les deux contrats valoriseront 80 à 90 millions de litres de lait, soit le volume du projet initial avec Synutra. « Notre objectif de départ n’a pas changé, il est de valoriser la totalité de notre excédent de collecte en prenant en compte les souhaits de développement de nos adhérents, a rappelé Christophe Levavasseur, président de MLC lors d'une conférence de presse. A aucun moment nous n’avons envisagé de nous défaire de l’usine de Méautis. »
Si l’exercice 2021-2022 s’annonce donc sur de meilleurs auspices, « le prochain exercice sera difficile », souligne Guillaume Fortin, directeur général de la coopérative et de France Frais(1). La période de mars à mai 2020 a été marquée par un coup d’arrêt des activités en restauration, avec un recul du chiffre d’affaires de sa holding de distribution France Frais de près de 40 %. Depuis, l’activité a repris, sauf en régions Ile de France et Paca, fortement impactées par la baisse du tourisme international.
Un résultat net de 9,81 M€
Sur l’exercice clôturé au 31 mars 2020, qui inclut donc les 15 premiers jours de confinement, la collecte poursuit sa progression pour atteindre 459 millions de litres soit 20 millions de litres de plus que l’an passé, malgré une restructuration de 4 %. Ce qui porte la livraison moyenne des 695 exploitations à 650 000 litres (+ 50 000 litres). Le Groupe affiche un chiffre d’affaires de 1,98 milliard d’euros, soit +1,4 % par rapport au dernier exercice, malgré la perte de 50 millions d'euros de France Frais sur les 15 premiers jours de confinement. Le résultat net s’établit à 9,81 millions d’euros, en hausse de 2,5 millions d’euros après déduction d’une provision de 1,5 million d’euros liée au Covid. Pour Christophe Levavasseur, « force est de constater que le modèle unique de la coopérative, qui va de la production laitière à la distribution en passant par la transformation, démontre sa résistance ».
Confiant sur le dossier Synutra
Les Maîtres Laitiers sont en attente d’une convocation au tribunal de Paris. « Nous sommes confiants car l’expertise judiciaire sur la qualité des briquettes nous est favorable à 95 % », commente Guillaume Fortin. Une fiducie (réalisée lors de la vente d’une partie du site de Carhaix par Synutra à Sodiaal) a permis de mettre à l’abri le montant des factures impayées par Synutra, en attendant l’issue du procès. Mais « l’affaire est loin d’être terminée ».
Segmentation et digitalisation
° Un premier contrat a été signé sur le Lait de pâturage non OGM, l’une des quatre démarches de segmentation proposées par MLC aux coopérateurs. Près des deux tiers des 695 exploitations sont engagées dans cette démarche (prime de 13 €/1 000 l après conversion).
° Le groupe coopératif accélère la commercialisation en ligne avec le lancement cet été du site de vente en ligne appartenant à la coopérative www.clickandtoque.fr. Un partenariat en exclusivité nationale a été noué entre France Frais et la marque de consommateurs « C'est qui le patron ?! »