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Intoxications des bovins
Les pesticides souvent suspectés à tort

Souvent suspectés, les pesticides sont en fait rarement à l´origine d´intoxications chez les animaux d´élevage. Le point avec Thierry Buronfosse, président du centre anti-poison pour les animaux.


Les éleveurs ont-ils de bonnes raisons de suspecter les effets des pesticides sur leurs animaux ? Ce thème a fait l´objet d´un exposé lors d´une journée Aftaa, qui s´est tenue à Paris le 18 mars dernier. Thierry Buronfosse, professeur à l´Ecole vétérinaire de Lyon a commencé par présenter les missions du Centre national d´informations toxicologiques vétérinaires (CNITV). « Une grosse partie de notre activité est consacrée au centre anti-poison pour les animaux, précise-t-il. 24 h sur 24 h, des vétérinaires spécialement formés aident les éleveurs à prévenir et à prendre en charge les intoxications intervenues sur le bétail. » Le centre assure aussi une mission de santé publique et de toxico-vigilance.
« Nous recevons en moyenne treize mille appels téléphoniques par an, de la part d´éleveurs, de vétérinaires, de laboratoires. Dont environ six cents concernent les bovins. »

Pesticides, plantes toxiques, polluants...
Les circonstances des intoxications sont généralement liées à un défaut de stockage ou à une mauvaise utilisation des pesticides. « Le cas le plus fréquemment relaté concerne celui de vaches qui ont réussi à accéder au tas de semences traitées. » Les erreurs de distribution, avec inversion de produits, peuvent également être à l´origine d´intoxications accidentelles. De même, des problèmes d´homogénéisation des traitements insecticides pour assurer une bonne conservation des céréales destinées à la consommation du bétail, peuvent se poser. « Lors des traitements en champs, l´exploitant n´est pas non plus à l´abri des incidents. Notamment si lui (ou son voisin !) traite les bordures du pré que les bêtes pâturent, ou s´il traite une parcelle voisine par temps venté », poursuit le spécialiste. Attention aussi au délai à respecter entre le traitement et la réintroduction des animaux sur la parcelle. En cas d´exposition aux pesticides, les symptômes sur les animaux ne sont pas toujours visibles, mais leur absence ne garantit pas pour autant des produits sains pour le consommateur (passage éventuel dans le lait ou la viande).

« Toute suspicion n´est toutefois pas forcément synonyme d´intoxication, souligne le vétérinaire. Parmi les appels qui font état d´une suspicion, 12 % seulement se révèlent être des intoxications possibles ou probables. » Et en cas d´intoxications avérées, celles-ci ne sont pas forcément liées aux pesticides. Elles peuvent également provenir de plantes toxiques, de polluants, etc...
« Les pesticides sont souvent suspectés à tort, résume Thierry Buronfosse. Cette année par exemple, en raison de la sécheresse, beaucoup d´éleveurs ont craint un quelconque effet toxique des raccourcisseurs de paille et des fongicides sur les fourrages, en associant détoxification de la culture après traitement et niveau de pluviométrie. Or, si l´exploitant respecte les doses et les délais d´attente avant la récolte, les substances chimiques ne se retrouvent pas en tant que telles sur les cultures récoltées. »

Pas de symptômes spécifiques
En général, pour la moitié des appels reçus, les exploitants savent d´où provient l´intoxication. Le centre se charge alors de valider la responsabilité du produit incriminé et, selon l´état sanitaire des animaux touchés, il évalue l´intérêt d´un traitement, en coordination avec le vétérinaire de l´élevage. Pour l´autre moitié des appels, la situation s´avère plus délicate car si les éleveurs suspectent un produit en particulier, ils ne connaissent pas l´origine exacte du problème. Le diagnostic n´est alors pas facile à établir, d´autant qu´il n´existe pas de symptômes spécifiques à une intoxication par les pesticides. Par contre, un ensemble de symptômes peut être associé à une famille de produits.

« A partir des symptômes décrits par les éleveurs, il nous faut émettre des hypothèses, réaliser un pronostic, et orienter les analyses à effectuer. Nous devons aussi définir quelle conduite adopter vis-à-vis des résidus occasionnés dans le lait et la viande.
C´est un enjeu économique majeur, notamment lorsque le troupeau entier a été exposé, expose le vétérinaire. Il n´est pas toujours facile d´apporter des réponses objectives, précise-t-il. Nous nous basons essentiellement sur des données bibliographiques, mais dans la pratique, au delà de deux substances associées, il est difficile de définir le devenir des molécules et leurs conséquences sur le cheptel. »

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