Les Pays-Bas préparent l’après-dérogation nitrates
La filière laitière prépare un projet qui permettrait d’augmenter la production laitière des Pays-Bas de 20 % à horizon 2020, tout en ne détériorant pas la qualité de l’eau.
et de fertilisation, et ne travailler qu’à partir du cycle des éléments minéraux, est l’idée du programme que les Pays-Bas défendront à Bruxelles.
L’ambition de la filière laitière néerlandaise est d’augmenter la production de 15 à 20 % entre 2012 et 2020. Cet objectif ne sera pas atteint par une augmentation des surfaces (terres très peu accessibles et coûteuses – 30 000 à 50 000 €/ha). Seule solution : poursuivre encore l’intensification des surfaces. Le problème est que les Pays-Bas partent d’un niveau déjà très élevé : 14 000 kg lait/ha, soit plus du double de la Bretagne. Une intensification pourrait se heurter à deux freins : environnemental et économique.
Améliorer l’efficacité alimentaire et celle des engrais
Côté économie, « la recherche travaille sur l’amélioration de l’efficacité alimentaire et de l’utilisation des engrais, pour une meilleure efficacité de N, P et C (azote, phosphore et carbone) : moins de pertes, moins de coûts. L’autre levier pour réduire l’impact environnemental tout en améliorant les résultats économiques est de réduire autant que possible le nombre de génisses », énumère Frans Aarts, de l’université de Wageningen, intervenant à la journée de restitution des travaux du programme européen Dairyman.
En matière d’environnement, les teneurs en nitrates des eaux ne posent pas de problème. Les Pays-Bas ont davantage un problème phosphore et ammoniac ; c’est le premier frein au développement de la production. Le second est lié au plafond d’azote organique. Certes, les Pays-Bas bénéficient de la dérogation au seuil des 170 kg N org/ha pour les systèmes très herbagers (au moins 70 % de la SAU en herbe). Les éleveurs peuvent épandre sur leurs prairies jusqu’à 250 kg N org/ha. La dérogation est demandée par 95 % des élevages laitiers, malgré les contraintes qui y sont associées (contrôles, analyses, déclaration des flux d’azote…). Mais même à ce niveau, les éleveurs néerlandais dépassent le plafond de 250 kg d’azote ! Les éleveurs néerlandais sont déjà contraints d’exporter des effluents pour tenir le plafond.
La filière laitière néerlandaise a imaginé « un nouveau truc », pour tenter de contourner l’obstacle, tout en ne dégradant pas les résultats sur la qualité de l’eau.
Travailler uniquement à partir du cycle des éléments minéraux
« L’idée est d’abandonner les normes d’émissions et de fertilisation, et de ne travailler qu’à partir du cycle des éléments minéraux. Le système reposerait sur les déclarations de chaque ferme, des entrées et sorties de N, P et C, pour évaluer les surplus et les pertes. Parmi les critères contrôlés, il y aurait l’efficacité d’utilisation de N et P des engrais et aliments, le suivi de la concentration en nitrates dans les eaux, le suivi des teneurs en matière organique et en phosphore dans le sol, les émissions de gaz à effet de serre… En cas d’échec du programme, il y aurait des limites posées sur la densité des élevages. Tout l’enjeu est de construire un dispositif solide, apportant les garanties suffisantes pour être agréé par Bruxelles », développe Frans Aarts.