Les fondamentaux d’un sevrage réussi pour prévenir les coups de mou
Avant d’entrer dans le détail de la nutrition des veaux, quelques repères simples et applicables au quotidien permettent un sevrage réussi. Caroline Oudhen, vétérinaire chez Eilpys, fait le point sur ces fondamentaux.
Caroline Oudhen - « Le veau doit être capable d’ingérer au minimum 2 kg de concentré par jour avant de commencer la phase de sevrage. Cela lui permettra d’avoir l’apport alimentaire nécessaire pour passer ce cap et être capable de gérer sa croissance. Si ce n’est pas le cas, il vaut mieux retarder le sevrage. Cet indicateur peut être difficile à évaluer lorsque les veaux sont en groupe. Peser le seau, et le refaire à chaque changement d’aliment, permet d’avoir une bonne idée de ce qui est consommé. »
Il est pourtant souvent question de poids… Est-ce un bon indicateur ?
C. O. - « Le poids donne un bon renseignement mais des veaux lourds peuvent perdre du poids après sevrage car ils n’étaient pas prêts. L’idéal le jour du sevrage est un veau qui ingère 2 kg de concentré et pèse 90 kg de poids vif. C’est tout à fait possible de sevrer un veau plus petit s’il ingère bien 2 kg de concentré. À la ferme expérimentale des Trinottières, des veaux sevrés à 80 kg avec un plan lacté faible et beaucoup de concentrés atteignent sans difficulté 200 kg à 6 mois. »
Faut-il viser un sevrage précoce ?
C. O. - « Chez nos voisins, les sevrages sont parfois réalisés avant 8 semaines. Ce n’est pas forcément un objectif en France. Dans tous les cas, plus l’animal commence à devenir ruminant tôt, moins il aura de problème de santé. D’un point de vue économique, il est plus intéressant de le faire devenir ruminant le plus vite possible. »
Quelle est l’alimentation type d’un veau avant sevrage ?
C. O. - « Lors de la phase lactée, plus un veau aura de lait, moins il va manger de concentrés. Il préférera toujours le lait. Dès la première semaine, une poignée de granulés permet son apprentissage. Le concentré et les fourrages doivent être apportés très tôt, dès les premières semaines. Pour ce qui est du concentré, peu importe l’aliment et les formes tant qu’il est disponible en continu et renouvelé tous les jours. Les veaux détestent qu’il y ait de la bave ! »
Et pour les fourrages ?
C. O. - « La paille permet de caler plus facilement la ration. Avec du foin, l’apport azoté sera plus variable et il faudra caler le concentré en fonction. Cela sera plus difficile à gérer. De plus, un veau qui aura consommé de la paille mangera n’importe quel fourrage une fois génisse. Alors que ceux alimentés au foin auront plus de mal à passer à la paille. Il est aussi possible de faire avec les fourrages de l’exploitation comme le foin dur à faible valeur alimentaire. Pour qu’il soit appétent pour les veaux, il convient de le secouer et le renouveler quotidiennement.
Qui dit alimentation dit eau à disposition ! On remarque très souvent que l’abreuvoir des veaux n’est pas très pratique. Il doit être fixé à une hauteur correspond à 70 % de la hauteur au garrot du plus petit animal. Et comme pour les vaches, à niveau constant. »
Physiologiquement, les veaux ne sont pas faits pour manger la tête en l’air. Selon l’aménagement du bâtiment, il peut être intéressant de réfléchir à l’accessibilité du fourrage. « De nombreux petits râteliers du commerce ne sont pas adaptés et vont occasionner du gaspillage », prévient Caroline Oudhen. Pour la vétérinaire, le plus pratique peut aussi être le plus simple : une palette accrochée au cornadis.