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Co-produit du bioéthanol
Les drêches de maïs américaines frappent à la porte de l’Europe

La disponibilité en drêches de maïs devrait augmenter sur le marché français suite aux importations de drêches OGM en provenance des États-Unis. Les premiers bateaux commencent à débarquer.

USINE DE BIOÉTHANOL DANS LE NEVADA. La levée de la contrainte
OGM en Europe pour certaines variétés de maïs ouvre
désormais la porte aux importations de drêches américaines.
USINE DE BIOÉTHANOL DANS LE NEVADA. La levée de la contrainte
OGM en Europe pour certaines variétés de maïs ouvre
désormais la porte aux importations de drêches américaines.
© Passion céréales

Après le tourteau de soja, une seconde matière première OGM va-t-elle intégrer l’alimentation animale ? C’est ce que laisse présager l’arrivée récente des premiers bateaux qui ont déchargé des drêches de maïs américaines sur les ports de l’Ouest. Il s’agit pour l’heure de quelques milliers de tonnes mais peut-être marquent-elles le début de la mise en place d’une filière d’importation?

Une couleur foncée peut être le signe d’un séchage excessif

Co-produits de l’industrie des biocarburants, les drêches de maïs utilisées en France provenaient jusqu’à présent de l’Union européenne, qui totalise trois millions de tonnes par an. Seule une usine est présente dans l’Hexagone: Abengoa Bioenergy basée à Lacq, dans les Pyrénées- Atlantiques (150 000 t/an). Sur le marché du bioéthanol -et donc de drêches-, l’Union européenne fait figure de Petit Poucet face à une production américaine en croissance exponentielle. Celle-ci est passée de 10 millions de tonnes de drêches en 2005 à 35 millions en 2010.

Au pays de l’oncle Sam, près de 40 % de la production de maïs part en effet dans la filière éthanol. Près de 6 millions de tonnes de drêches sont exportées vers le Mexique, le Canada et plus récemment la Chine. Les États-Unis sont en quête de nouveaux débouchés. Ce n’est pas un hasard si le PDG de la société Marquis Energy, basée dans l’Illinois, a traversé l’Atlantique pour présenter aux fabricants d’aliments français ses drêches made in USA lors du dernier Space.

30 euros/t d’écart entre les drêches américaines et françaises

Si l’Europe ne constitue pas encore un débouché important, elle peut désormais le devenir avec la levée progressive de la contrainte OGM. Que dit la réglementation européenne? Comme pour le soja, les importations sont soumises à un agrément européen pour chaque variété OGM. En clair, il est possible d’importer uniquement des drêches issues de variétés de maïs OGM autorisées en Europe. Cela suppose donc une segmentation des lots outre-Atlantique car la découverte de traces d´une variété non autorisée dans des lots importés rendrait tout le lot impropre à son utilisation et conduirait à son retour à l´envoyeur.

Cela n’a pas été le cas avec les premiers bateaux débarqués à Lorient et à Brest fin 2010-début 2011, qui ont notamment permis de ravitailler divers fabricants d’aliments bretons. « Ces drêches américaines sont compétitives. Elles se négocient rendues usine autour de 230 €/t contre 260 €/t pour les drêches françaises non OGM issues de maïs classe A », confie un intervenant du marché.

Les drêches de maïs se composent des protéines, de la matière grasse, des fibres et des minéraux qui restent une fois que l’amidon a été transformé pour fabriquer l’éthanol. « Grosso modo, en fabriquant une drêche, on concentre trois fois les éléments présents dans la céréale d’origine », avance Julien Gérard d’Abengoa Bioenergy France. Les drêches de maïs présentent une valeur énergétique élevée (autour de 1,3 UFL/kg de MS). Elles sont plus riches en UF que les drêches de blé, grâce à une teneur en matière grasse élevée (11-12 %) qui leur confère un niveau d’énergie brute supérieure. Par contre, leur teneur en protéine se montre moins élevée. « Dans les formules pour vaches laitières, leur taux d’incorporation peut s’élever jusqu’à 15 %, précise Alice Guermonprez de la firme-service CCPA. L’intérêt des drêches de maïs varie selon leur prix de leur valeur nutritionnelle. Dans les zones où elles sont disponibles, elles concurrencent en premier lieu les drêches de blé. Dans le contexte matières premières actuelles, elles se substituent également aux co-produits de meunerie comme les remoulages et farines basses, et un peu aux tourteaux. »

Riches en matières grasses et protéines brutes

« Attention à la construction de la ration, préconise Jean-Philippe Rousseau, responsable ruminants Sanders. Il y a un risque de déficit en protéines dégradables dans le rumen sur des rations à base de maïs ensilage. D’où la nécessité de complémenter avec d’autres sources azotées. De plus, la teneur élevée en matières grasses insaturées des drêches impose de gérer leur utilisation pour éviter de perturber le fonctionnement ruminal et d’engendrer une baisse du TB. »

Certains éleveurs les utilisent en direct. L’Institut de l’élevage préconise de ne pas dépasser 3 kg de drêches dans une ration à base de maïs ensilage. Un essai mené par l’Arpeb et l’Institut de l’élevage, à Montardon, conclut à des productions de lait et de matière grasse identiques, avec ou sans drêches. Seul le taux protéique du lot recevant des drêches s’est montré significativement plus faible de 1,2 g/kg. « La principale hypothèse retenue pour expliquer cette baisse du TP est un déficit relatif en lysine digestible avec la ration drêches », avancent les auteurs de l’étude. Les ingestions ont été sensiblement les mêmes en moyenne et tout au long des 14 semaines d’expérimentation. Les densités protéiques et énergétiques de la ration avec drêches (2 kg/j) sont légèrement supérieures à celles du lot témoin. Le lot drêches a ingéré 7% de maïs ensilage en plus, avec une part de concentré dans la ration plus faible (22 % contre 30 % pour le régime témoin).

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