Robot de traite : les douze conseils pour réussir sa mise en route
L’arrivée d’un robot de traite se prépare. Pour que la phase de mise en route du robot ne s’éternise pas des mois et que les objectifs de production fixés soient atteints, voici les conseils de Jean-Pierre Viel, expert robot d’Eilyps.
L’arrivée d’un robot de traite se prépare. Pour que la phase de mise en route du robot ne s’éternise pas des mois et que les objectifs de production fixés soient atteints, voici les conseils de Jean-Pierre Viel, expert robot d’Eilyps.
- Des stocks fourragers suffisants avant l’arrivée du robot de traite
- Sélectionner les animaux pour la traite
- Gérer les boiteries pour la mise en service du robot de traite
- Entretenir sa salle de traite jusqu’au bout
- Anticiper le confort autour du robot de traite
- Une semaine avant : projeter les effectifs
- Deux écoles pour la mise en DAC avant la mise en traite
- Trois semaines d’alimentation fixe des vaches
- Prévoir des temps de repos et tolérer les retards de traite
- Des repères spécifiques au premier mois
- Un mois après la mise en service du robot de traite
- Faire un point sur l’organisation après la mise en route du robot
Si le robot de traite peut être un accélérateur de performance technique et économique pour l’éleveur laitier, pour autant il ne résoudra pas les problèmes de l’élevage. Se dire qu’on les réglera après, quand on sera plus disponible, est un mauvais calcul. Sa mise en route se prépare. Mieux vaut mettre toutes les chances de votre côté et commencer à vous y investir au minimum six mois avant.
Pour que la phase de démarrage se passe bien, l’expert livre douze conseils balisant les six mois avant la mise en route jusqu’à la fin du premier mois de traite robotisée.
1. Des stocks fourragers suffisants avant l’arrivée du robot de traite
« Il n’est pas question de faire une transition alimentaire un mois avant ou un mois après l’arrivée du robot », affirme Jean-Pierre Viel. Dans le cas d’une mise en route de sortie d’hiver et avec un système pâturant, il faudra prévoir davantage de stocks. Cela s’anticipe six mois à l’avance. C’est aussi le moment de réfléchir calmement aux choix d’alimentation (Est-ce que je maintiens le tourteau de colza ? Est-ce que j’opte pour de l’aliment du commerce ? Si oui, lequel ? etc.). Car la mise en route du robot est une période où l’on est sollicité par les fournisseurs.
2. Sélectionner les animaux pour la traite
Trois mois avant la mise en route du robot, il convient de réfléchir aux vaches que l’on va garder. L’effectif visé est lié au niveau de production recherché. « Démarrer à cinquante vaches pour une stalle, c’est déjà bien. Au-delà, nous savons qu’il y a une prise de risque et que la phase d’apprentissage sera plus longue. »
3. Gérer les boiteries avant la mise en service du robot de traite
C’est le point le plus important. « J’encourage fortement à réaliser un parage préventif de tout le troupeau. Et de faire intervenir un pareur car la période est souvent chargée du fait des travaux. Ce parage est à pratiquer entre deux mois et un mois avant la mise en service du robot », recommande l’expert d’Eilyps.
De plus, les boiteries sont particulièrement compliquées à gérer sur un troupeau qui entre dans un bâtiment neuf. « Le pareur adapte le parage car le béton neuf a un côté abrasif qui attaque les pattes malgré la neutralisation. » Et si vous avez un gros problème de dermatite, n’attendez pas l’arrivée du robot pour vous en occuper.
4. Entretenir sa salle de traite jusqu’au bout
La qualité du lait doit être optimisée. « Si les manchons trayeurs sont à changer deux mois avant la mise en route, il faut le faire », rappelle Jean-Pierre Viel. D’autant plus que les mises en route prennent parfois du retard. Sinon les vaches, déjà confrontées avec le robot à des changements de vide et de pulsation, devront en plus subir le passage des vieux manchons déformés à des manchons neufs plus agressifs.
Les vaches infectées incurables doivent être réformées, « même si le robot est équipé d’un analyseur de cellules et d’une désinfection ». Quant aux infectées douteuses, « elles seront si possible taries et ne feront pas la mise en route ».
5. Anticiper le confort autour du robot de traite
Vous allez passer du temps autour du robot : prévoyez une zone lumineuse et un endroit confortable pour consulter l’ordinateur. « Il est essentiel que l’éleveur ait plaisir à être autour de son robot ! »
Le bien-être des vaches aussi doit être anticipé avec des logettes confortables, une bonne ventilation, etc. « Les vaches doivent rentrer propres dans le robot », insiste Jean-Pierre Viel.
6. Une semaine avant : projeter les effectifs
Il est nécessaire de prévoir les effectifs sur deux mois en anticipant les vêlages qui se feront après la mise en route du robot. « Même si l’on veut saturer le robot, il ne faut pas pour autant se retrouver brutalement à soixante-dix vaches par stalle alors qu’on commence tout juste à prendre le système en main », met-il en garde.
La dernière semaine de salle de traite est aussi le moment de tarir les vaches les moins productives du troupeau (en dessous de 15 à 20 kg de lait selon les objectifs de production), de tondre les queues et d’épiler les mamelles. « L’épilation est intéressante à la mise en route pour l’hygiène et un branchement plus rapide du robot. »
7. Deux écoles pour la mise en DAC avant la mise en traite
Pour la phase où le robot est utilisé uniquement comme distributeur automatique d’aliment (DAC), vous avez le choix entre deux systèmes avec chacun leurs avantages et inconvénients. « La formule courte, avec une mise en DAC qui dure trois à cinq jours avant la mise en traite, a le mérite d’être efficace. Mais elle demande d’être particulièrement présent pour pousser les vaches. La formule longue, qui s’allonge sur trois semaines, est plus confortable pour l’éleveur. Son inconvénient est de prolonger la mise en route et, parfois, d’avoir des vaches qui tapent un petit peu lors des premières traites », résume Jean-Pierre Viel.
8. Trois semaines d’alimentation fixe des vaches
Lors des trois semaines qui suivent la mise en traite, il est préférable d’éviter d’automatiser l’alimentation. L’éleveur doit fixer la quantité distribuée à chaque vache. Une part de concentré doit également être maintenue à l’auge car l’aliment proposé au robot n’est pas totalement consommé au départ. « Il n’y a pas de gaspillage car toutes les vaches improductives sont sorties du troupeau. »
9. Prévoir des temps de repos et tolérer les retards de traite
Autour de la mise en traite, il est important de s’organiser de façon à avoir des temps de repos. D’abord pour l’éleveur, qui doit rester motivé pour pousser au robot les vaches en retard de traite tout en assumant ses astreintes classiques. « Attention à ne pas relâcher trop vite. En tolérant des retards de traite de seize heures, voire vingt heures, la phase de mise en route risque de se prolonger des mois. » Ensuite pour les vaches : des animaux stimulés en continu se fatiguent et font moins de lait. « Cela peut arriver quand il y a beaucoup de main-d’œuvre volontaire avec des éleveurs pourtant consciencieux. » Des phases de deux à trois heures dans la journée où personne ne va stimuler les vaches sont nécessaires pour le couchage et la rumination.
10. Des repères spécifiques au premier mois
Pendant les trois à quatre premières semaines, exigez trois traites minimum sur les débuts de lactation et deux traites minimum pour toutes les vaches. « En routine, c’est différent car l’interprétation des retards de traite est plus aisée. » L’intervention sur des vaches en retard est à moduler en fonction de l’heure de la journée et du stade de lactation. « À 22 h, une vache qui a été traite il y a dix heures doit être amenée au robot pour ne pas prendre le risque qu’elle ne vienne pas se faire traire pendant la nuit. En revanche, à 6 h du matin, il est possible d’attendre et d’observer comment cette vache va se comporter. »
Les autorisations de traite doivent être beaucoup plus ouvertes au démarrage qu’en croisière. « On débute par exemple avec des permissions toutes les six heures et tous les six kilogrammes de lait. Au fil du temps, on les referme progressivement pour atteindre dix kilogrammes en routine. » C’est le nombre de traites, de refus et l’effectif de vaches qui guide la progression.
11. Un mois après la mise en service du robot de traite
Les recommandations pour l’aliment proposé au robot sont d’un kilogramme de concentré minimum pour les faibles productrices puis de cent grammes par kilo de lait minimum en moyenne troupeau (cela évoluera ensuite pour les systèmes plus économes). En dessous, la fréquentation du robot risque d’être pénalisée.
En système dirigé, il est important d’inciter les vaches à passer la porte de tri, même si elles ne doivent pas se faire traire. « L’objectif est de leur faire assimiler qu’une porte n’est pas un mur. » C’est également le moment de verrouiller le bon fonctionnement de la machine : contrôle de la désinfection, de la consommation en produits d’hygiène, du pourcentage d’échecs de branchement. « Sur les robots de dernière génération, moins de 2 % d’échecs ou traites incomplètes est un bon objectif. »
12. Faire un point sur l’organisation après la mise en route du robot
Après un mois de mise en route du robot, un point sur l’organisation s’impose. Qui fait quoi ? Faut-il redistribuer les tâches ? « La traite traditionnelle apporte à chacun un rythme cadré, une mission autour de l’astreinte. Le robot déstructure cette organisation. Le risque est que tout le monde compte sur tout le monde. Alors, des choses essentielles ne seront pas réalisées. »
Repères
Les éleveurs qui sont passés en traite robotisée sont unanimes : pour être vraiment en rythme de croisière, toutes les vaches doivent avoir « revêlé ». Elles savent alors où aller, rentrent facilement dans le robot et circulent bien dans le bâtiment. Côté éleveur, au bout d’un an, le logiciel est maîtrisé et les repères d’organisation sont pris.
Les repères pour s’assurer que la machine est lancée
Le nombre de traites par vache et par jour n’est pas le seul critère dont il faut suivre l’évolution pour apprécier la fréquentation du robot.
En système libre : le nombre de refus de traite robotisée
C’est un bon indicateur d’adaptation des vaches. En général, quinze jours après la mise en traite robotisée, il se situe autour de 0,3 à 0,5 refus. Le rythme de croisière est atteint au-delà d’un refus (et 2,5 traites). « Cela veut dire qu’en moyenne les vaches viennent une fois pour rien au robot. Elles ont compris qu’elles peuvent circuler dans le bâtiment », explique Jean-Pierre Viel.
En système dirigé : le nombre de passages dans la ou les portes de tri
C’est un bon indicateur. La porte de tri en entrée de parc de préselection envoie les vaches soit vers le robot, soit vers les cornadis. Au démarrage, la moyenne se situe autour de trois à quatre passages. Le rythme de croisière se situe au-delà de sept passages (et 2,5 traites). « Les vaches ne sont plus contraintes à rester debout à attendre que le robot se libère. Elles vont vers les cornadis quand elles ont faim. »
Ces chiffres sont des repères moyens. « Certains éleveurs en croisière ont du mal à atteindre un refus en système libre quand d’autres sont à trois. C’est la montée du nombre de refus ou du nombre de passages de porte, en parallèle du nombre de traites, qui nous dit que la machine est lancée, que les vaches ont compris et circulent bien dans le bâtiment. Ce sera par la suite un très bon indicateur de santé du troupeau. »
Pas de pâturage avant deux mois suite au lancement du robot de traite