L’Ermitage mise sur le fromage et le lactosérum
En Lorraine et Franche-Comté, le groupe coopératif l’Ermitage
a prévu 65 M€ d’investissements pour préparer l’après 2015.
Les principaux indicateurs du groupe Ermitage sont au vert. En 2012, l’entreprise a collecté 270 millions de litres de lait en Lorraine et 168,8 millions en Franche-Comté. Le volume global de 438,8 millions, bien qu’en léger retrait sur 2011, n’a pas pénalisé la production fromagère qui augmente de 4 % à 54 500 t en se répartissant essentiellement sur les pâtes molles (25 000 t) et les pâtes pressées cuites (23 000 t). Le chiffre d’affaires consolidé atteint 335 M€ (+ 5 M€) pour un résultat de 11,5 M€. L’an passé, l’entreprise a payé le lait au prix moyen de 346,64 €/1000 litres (- 2,96 %).
Ces bons chiffres ne disent cependant pas la déception du groupe devant le choix des Fromageries de Blâmont de rallier Sodiaal plutôt que d’opter pour l’offre de l’Ermitage qui lui proposait de créer un grand pôle fromager régional. L’Ermitage persiste et signe dans cette voie. Daniel Gremillet, président de l’Ermitage, ne partage pas la vision de certains pour qui « toutes les entreprises doivent avoir une taille ‘mondiale’ et les coopératives se cantonner à la collecte. Les coopérateurs peuvent maîtriser la filière de la collecte à la commercialisation à condition de trouver l’équilibre entre la taille de la coopérative, ses capacités commerciales sur des marchés ciblés, ses moyens financiers et sa capacité à trouver des alliances. Mais il faut que le pouvoir de décision reste dans la région ».
Hausse attendue de la collecte
Le groupe veut encourager la production en ouvrant des perspectives à ses adhérents. Il dit à ceux qui le souhaitent qu’ils pourront « livrer plus » avec la restriction qu’un double prix dissuasif de 50 €/1000 l s’appliquera au-delà d’une certaine limite. Stratégiquement, le groupe continuera de miser sur les fromages en ayant conscience que « les AOP et les IGP sont une niche ». Elle sera « insuffisante pour conserver un poids au bassin laitier de l’Est. Pour qu’il existe, le développement de la production de lait standard y est indispensable » analyse Daniel Gremillet. Face à la hausse attendue de sa collecte, l’Ermitage veut investir dans sa capacité de transformation fromagère et dans le séchage du lactosérum, une activité qui « doit apporter un surplus de rentabilité ». Le programme s’élève à 65 M€ sur trois ans. Son plan de financement prévoit une part d’aides publiques. Mais à la grande irritation de l’Ermitage, la réglementation actuelle lui en interdit l’accès car l’entreprise dépasse les critères d’éligibilité plafonnés à 250 M€ de chiffre d’affaires et 750 salariés.