L’éleveur devenu comédien
Patrick Cosnet, après avoir été éleveur laitier pendant
quinze ans, s’est lancé, avec succès, dans le théâtre. Avec humour, tendresse et poésie, il raconte l’évolution du monde rural et agricole.
déjà jouée des centaines de fois, a été réactualisée en 2013 à la demande de l’Institut de l’élevage
face aux problèmes persistants de cellules.
Fils d’éleveurs laitiers de la Sarthe, Patrick Cosnet n’aurait jamais pensé devenir comédien. « J’ai découvert l’art au lycée agricole de Laval, à travers l’éducation culturelle, explique-t-il. Cela a été une révélation. J’ai compris que le théâtre, la peinture, la photo permettent d’exprimer beaucoup de choses. Cela m’a donné envie d’écrire, de réfléchir, de raconter comment fonctionnent les gens. » Après le lycée, il s’installe pourtant comme éleveur laitier, d’abord avec sa femme puis en Gaec avec un associé. L’exploitation, située à Pouancé (49), compte cinquante vaches laitières et produit des yaourts et des poulets. « J’ai été éleveur pendant quinze ans. Mais l’envie d’écrire ne m’avait pas quitté. À 34 ans, j’ai écrit une première pièce, « La casquette du dimanche », sur la façon dont on accompagnait les morts à la campagne. J’ai demandé à un voisin metteur en scène de m’aider. J’ai d’abord joué ma pièce à Pouancé, dans un festival, puis au centre dramatique national d’Angers. Le succès a été immédiat. » Pendant quelque temps, Patrick Cosnet continue à exercer son métier d’éleveur, à assurer la traite du matin, à porter ses habits d’éleveur toute la journée. « Mais au bout d’un moment, il a fallu trouver une autre solution. Mon associé m’a encouragé à continuer le théâtre. Nous avons embauché un salarié qui m’a finalement remplacé dans le Gaec. »
« Je prends toujours le parti des éleveurs »
Aujourd’hui Patrick Cosnet est comédien à part entière. Il habite toujours à Pouancé, sur la ferme, et y a créé une compagnie de théâtre. « J’ai joué à Paris pendant trois mois. Mais je me suis rendu compte que là-bas ou ici, il y a toujours des gens devant. J’ai donc choisi de revenir à Pouancé et d’y développer le théâtre. » C’est sur la ferme de voisins, l’Herberie, qu’il propose d’abord ses spectacles. Puis il crée le concept Fermes en scène, qui consiste à jouer dans des fermes. « Fermes en scène permet à des gens qui vont peu au théâtre de voir du théâtre professionnel. Et on réunit ainsi sur une ferme des ruraux, des agriculteurs, des urbains et des artistes. » Il crée aussi Quartiers en scène, qui permet de déplacer ses spectacles dans les villes et de toucher un autre public. Ses spectacles parlent pour la plupart du monde rural et de l’agriculture, de leur évolution, mais aussi des mines d’ardoise de sa région, de la fermeture des usines Renault, de la religion. Dans sa pièce « D’une seule traite », réactualisée cette année avec un nouvel associé « Robert », le robot de traite, il raconte avec humour le quotidien des éleveurs et de ceux qui font la qualité du lait. Il amène aussi à réfléchir sur le sens des choses, l’amour du métier, la place de la machine, la qualité de vie, le vivre ensemble. Sa matière, il la trouve dans ses discussions quotidiennes avec son ex-associé, avec ses deux frères éleveurs laitiers et avec l’ensemble des intervenants de l’élevage. « Et je prends toujours le parti des éleveurs », assure-t-il. Ses pièces sont souvent suivies d’un débat, entre éleveurs, ruraux, urbains et entre les éleveurs eux-mêmes. « Le théâtre sert à se disputer dans la bonne humeur, estime-t-il. Les spectateurs se servent souvent des personnages de la pièce pour exprimer leur avis. Et l’élevage intéresse autant les agriculteurs et les ruraux que les urbains qui comprennent ainsi les difficultés du monde agricole. »
Quatorze pièces jouées dans toute la France
La Compagnie Patrick Cosnet rassemble douze artistes, comédiens et musiciens. Elle propose quatorze spectacles, Patrick Cosnet jouant dans onze d’entre elles. Elle a aussi
créé une école de théâtre à Pouancé. La compagnie joue soixante-dix fois par an sur la ferme-auberge de l’Herberie.
Mais ses pièces sont aussi présentées sur d’autres fermes, dans les quartiers et dans d’autres régions. Les plus connues concernant le monde rural sont « La Casquette du dimanche », « La Casquette de travers », « La Casquette du lendemain »,
qui se passe en 2027, et « D’une seule traite ».