Le Farm Bill incite les éleveurs laitiers américains à produire
La nouvelle loi agricole américaine introduit un système qui garantit une marge aux éleveurs laitiers, grâce à une assurance subventionnée par l’État.
Les Américains, conscients des opportunités dans le lait, ont construit un dispositif qui sécurise les éleveurs par rapport à la volatilité des prix, et leur assure une marge minimum. « C’est clairement une incitation à produire », analyse Ralph Ichter, consultant des organisations agricoles françaises aux États-Unis. Le Farm Bill est composé de deux volets. Les bons alimentaires pèsent 80 % du budget nutritionnel et agricole qui s’élève à 956 milliards de dollars sur dix ans. Et le volet proprement agricole représente 20 % du budget.
Le nouveau Farm Bill supprime l’intégralité des aides directes aux agriculteurs, et créé ou renforce des systèmes assurantiels. Le budget permettra de subventionner les primes d’assurance et les compagnies d’assurance. Les assurances couvrent des pertes de chiffre d’affaires ou des baisses importantes de prix des cultures. Ce système isole l’agriculteur des fluctuations du marché.
Une protection contre les fluctuations des prix
Pour le lait, la réforme est plus profonde avec la suppression de l’intervention et des paiments compensatoires, et la mise en place d’une assurance de la marge. Cette marge est calculée chaque mois par le département de l’Agriculture des États-Unis (USDA), à partir du prix du lait et du coût de l’alimentation animale (l’USDA dispose d’une base de données et de références). Les éleveurs décident s’ils souscrivent ou pas à une assurance, et ils choisissent leur niveau de couverture.
Le dispositif subventionne totalement l’assurance d’une marge de 4 dollars les 50 kg de lait, soit environ 62 euros/1000 l (avec 1 euro = 1,32 dollar). Si la marge constatée n’atteint pas ce niveau pendant deux mois consécutifs, les éleveurs sont indemnisés à hauteur de cette marge.
Une marge minimale garantie d’environ 62 euros pour 1000 litres
Les éleveurs peuvent s’assurer pour des marges supérieures, jusqu’à 8 dollars les 50 kg de lait. Dans ce cas, la subvention de l’État ne prend en charge qu’une partie de la surprime d’assurance. « Descendre sous 4 dollars a été rarissime ; peut-être une ou deux fois en dix ans. Nous pensons qu’en moyenne, les éleveurs vont chercher à se couvrir pour 6 à 7 dollars les 50 kg », indique Ralph Ichter. Les volumes couverts par l’assurance la première année de fonctionnement, pour chaque exploitation, sont le niveau de production le plus élevé sur les trois dernières années. Par la suite, les volumes supérieurs à l’augmentation moyenne nationale (d’environ +1,5 % par an selon USDA) ne pourront pas bénéficier du système d’assurance. Cette règle vise à éviter un effet pervers, qui serait de continuer à produire même en cas de crise, pour toucher l’assurance. À partir d’une certaine référence laitière (équivalent à la production d’environ 200 vaches), la prime d’assurance est plus élevée pour les litrages au-delà. C’est une reconnaissance des plus petits élevages.
Pour en savoir plus
Voir aussi article d'Emmanuel Dessein dans Réussir Grandes Cultures :
" Recouplage dans le nouveau Farm bill aux Etats-Unis "
http://www.reussir-grandes-cultures.com/actualites/recouplage-dans-le-n…