AOP IGP laitières : Le changement climatique change la donne
Les contraintes de production des cahiers des charges ne doivent pas conduire les éleveurs à des impasses.
Les contraintes de production des cahiers des charges ne doivent pas conduire les éleveurs à des impasses.
L'époisses(1) est le cas emblématique d'une AOP qui se trouve bloquée par son cahier des charges. Celui-ci exige, du démarrage de l'herbe jusqu'au 15 juin, qu'au moins 50 % de la ration soit en herbe fraîche, pâturée ou affouragée en vert. Cette exigence devient très difficile à tenir avec de plus grosses chaleurs et sécheresses dès début juin, et des printemps pas beaucoup plus précoces. Entre 2011 et 2019, l'AOP a obtenu trois dérogations pour cause de sécheresse. « Les éleveurs font évoluer leurs systèmes fourragers, avec des prairies multiespèces, de l'affouragement en vert, une substitution d'une partie du maïs par de l'herbe, de la luzerne, des méteils, parfois une désintensification. Un GIEE a été constitué pour réaliser des essais », expose Alexandra Jacquot, animatrice de l'ODG époisses.
L'époisses réfléchit à abolir la date du 15 juin
Mais la situation fourragère reste tendue chaque année et la réflexion sur une modification du cahier des charges s'accélère. Un groupe d'éleveurs et de fromagers travaille actuellement sur de nouvelles règles à proposer à l'Inao pour remplacer cette date du 15 juin. « Il ne s'agit pas d'un assouplissement, mais d'une adaptation. L'objectif est de maintenir la place prépondérante de l'herbe, mais en évitant des échéances calendaires. Par exemple, l'herbe fraîche consommée en automne n'est actuellement pas valorisée par le cahier des charges ; il faudrait qu'elle le soit », indique Alexandra Jacquot. Cette ouverture du cahier des charges permet d'évoquer d'autres sujets. « Les éleveurs sont conscients qu'il faut répondre aux attentes sociétales. Deux thématiques ont émergé lors de la dernière réunion : la biodiversité, et le bien-être animal. »
Une autonomie de zone en Charentes Poitou
Le futur cahier des charges du beurre Charentes Poitou impose une quantité non négligeable de maïs dans la ration des vaches laitières. « Le maïs reste une plante qui sécurise les systèmes, même en cas de sécheresse. Et l'exigence d'autonomie alimentaire (fourrage et concentrés) est à l'échelle de la zone géographique protégée. Nous n'avons pas mis d'obligation d'autonomie au niveau de l'élevage, car depuis très longtemps, les éleveurs procèdent à des achats-ventes de fourrages », expose Laurent Chupin, de l'ODG.