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L’autonomie protéique, un défi pour chaque système laitier

D’après les données de Res’alim d'Eliance, l’amélioration de l'autonomie protéique est possible quel que soit le système. 

L’autonomie protéique, un défi pour chaque système laitier
© E. Bignon

« Quand on parle d’autonomie protéique, ce qui est intéressant, c’est de percevoir la grande hétérogénéité qui existe au sein de chaque système fourrager, a avancé Julien Jurquet, de l’Institut de l’élevage lors d’une conférence Cap Protéines au Space. Cela sous-entend des marges de progrès potentielles dans tous les systèmes. »

Grâce à la base de données Res’alim, une analyse a pu être menée pendant cinq ans sur 11 750 exploitations laitières spécialisées disposant de constats d’alimentation réguliers et de toutes les données nécessaires pour calculer un ratio d’autonomie : MAT produite/MAT totale. 

Dans l'étude, les rations fourragères annuelles des vaches laitières ont été passées au crible, sans prendre en compte les génisses. Trois grands leviers démarquent les élevages les plus autonomes en protéines. À commencer par la bonne valorisation de l’herbe. En effet, plus la part d’herbe augmente, plus l’autonomie protéique augmente. « Valoriser l'herbe dès qu’on le peut est une stratégie gagnante dans tous les systèmes, confirme Etienne Doligez, de Littoral Normand. C’est un levier incontournable. » Les deux autres leviers tiennent à la composition de la ration. D’une part, son équilibre, et d’autre part, la gestion du concentré qui englobe à la fois sa nature et sa quantité.

Focus sur les systèmes maïs ensilage dominant

« Pour les systèmes maïs ensilage dominant (50 à 85 % de maïs dans la ration annuelle), les 20 % les plus autonomes sont ceux qui gaspillent le moins de protéines, illustre Julien Jurquet. Le rapport PDIE/UFL de la ration annuelle moyenne est de 97, contre 104 pour les 20 % moins autonomes du groupe. Cela correspond à un écart de 1 kg de tourteau de soja par vache et par jour, ou 1,5 kg de tourteau de colza. » Cela peut sembler peu, mais de petits écarts de rationnement au quotidien peuvent constituer une vraie source d’économie sur l’année. 

Le ratio d’équilibre microbien du rumen ((PDIN-PDIE)/UFL) de la ration hivernale, qui indique si la flore microbienne dispose d’une quantité suffisante d’énergie fermentescible et de matière azotée dégradable dans le rumen, s’avère aussi un critère discriminant entre les élevages les plus autonomes en protéines (-2,5) et les moins autonomes (2,5) en système maïs dominant. « L’objectif pour cet indicateur est de se situer entre -4 pour des vaches normalement productives et 0 pour des vaches plus productives », précise Etienne Doligez. Un ratio très positif traduit un gaspillage d'azote non valorisé, préjudiciable à la fois au niveau environnemental et économique.

Les plus autonomes sont aussi ceux qui distribuent le moins de concentrés par vache, à système et niveau de production équivalents. Ils recourent aussi davantage à des matières premières (type céréales ou tourteaux) ou des concentrés fermiers, et moins aux aliments du commerce.

L’analyse montre également que l’autonomie massique (autonomie en quantité de fourrages) est quasi équivalente quel que soit le système, et que les effectifs moyens de vaches laitières augmentent avec la part de maïs dans le régime. 

Classement des systèmes selon leur niveau d’autonomie protéique moyenne

 

 
L’autonomie protéique, un défi pour chaque système laitier

 

Caractéristiques de chaque système d’alimentation des vaches laitières :

100% herbe - ensilage : ration herbagère sans maïs ensilage ;

systèmes herbagers : moins de 15 % de maïs ensilage ;

100% herbe - foin : ration herbagère avec foin et sans ensilages (herbe et maïs) - systèmes AOP principalement ;

mixtes herbe et maïs : 15 à 50 % d’ensilage de maïs ;

maïs dominant : 50 à 85 % d’ensilage de maïs ;

maïs élevé : plus de 85 % d’ensilage de maïs.

En système maïs dominant, les élevages les plus autonomes en protéines utilisent moins de concentrés

 

 
L’autonomie protéique, un défi pour chaque système laitier

 

Chez les 20 % d’élevages les moins autonomes, les quantités de concentrés ramenées au kilo de lait produit sont multipliées par deux pour une différence de productivité négligeable (2 %).

À retenir

• Valoriser l’herbe est toujours gagnant

• Respecter les équilibres de rationnement

• Maîtriser les quantités de concentrés

• Autoconsommer ses céréales

Un observatoire de l'alimentation bovine laitière

Né de la volonté des entreprises de conseil en élevage de mutualiser les constats d’alimentation réalisés en élevage, Res’alim constitue l’une des références nationales sur l’alimentation des troupeaux laitiers. Des travaux conjoints avec le Cniel et Idele permettent de valoriser ces constats et notamment de comprendre comment se construisent les situations d’autonomie au cours de l’année et de mesurer l’impact sur les rations. Plus globalement, l'objectif est d'apporter des pistes d'adaptation et d'optimisation de l'alimentation des vaches laitières. Active depuis 2015, la base repose sur 25 500 exploitations et 705 000 constats d’alimentation.

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